Votre voiture vous connaît mieux que votre conjoint : les constructeurs collectent vos données intimes
Les voitures modernes ne se contentent plus de nous transporter du point A au point B, elles collectent nos données de conduite, notre localisation, nos habitudes et les transmettent aux constructeurs sans notre vrai consentement.
« On veut que les gens soient conscients du problème », explique Maxime Dorais, de l’Union des consommateurs. L’organisme vient de produire un rapport de 200 pages sur le sujet.
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L’industrie automobile estime entre 1 $ et 16 $ de l’heure la valeur des données récoltées à partir d’une voiture connectée. Stellantis prévoit 20 milliards $US de revenus d’ici 2030 grâce aux services connectés, McKinsey évalue le potentiel mondial à 750 milliards $US.
La liste des informations captées dépasse la mécanique. Nissan et Kia mentionnent explicitement récolter des données sur la « vie sexuelle » ou l’« activité sexuelle » pendant que Tesla, Hyundai et les autres accumulent vitesse, trajets, localisation GPS, musique écoutée, poids et nombre de passagers.
Le consentement des automobilistes? Enfoui dans des clauses de licence utilisateur finales que personne ne lit.
« Soit vous signez lors de l’achat ou vous cliquez oui sur l’écran de bord », précise Maxime Dorais au sujet de ce consentement éclair.
« On est des cobayes, des vaches à lait qui payons nos propres trayeuses à roues », dénonce-t-il. En gros, on achète un véhicule à 50 000 $, mais pas le logiciel qui le fait fonctionner.
General Motors a ainsi vendu des données de conduite à LexisNexis, qui les a revendues aux assureurs. Résultat: un conducteur de Chevrolet Bolt mentionné dans le rapport a vu sa prime d’assurance exploser de 20% sans comprendre pourquoi.
Une voiture peut générer jusqu’à 25 Go de données par heure. D’ici 2030, 95% des nouvelles voitures vendues dans le monde seront connectées.
Vos recours existentPour limiter l’hémorragie, l’État doit agir, plaide l’Union des consommateurs. Un encadrement réglementaire est exigé de Québec et d’Ottawa.
L’organisme recommande d’interdire la revente de données sans consentement explicite et d’imposer un contrôle granulaire par fonction. Au Québec, la loi 25 sur la protection des renseignements personnels impose déjà des amendes salées aux entreprises récalcitrantes.
« Les constructeurs prétendent que cette collecte massive sert à améliorer la sécurité et les réparations », explique M. Dorais, qui n’y croit pas une seconde.
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