Un peu de lumière pour Acura ?
Parmi les marques qui tentent de se sortir la tête hors de l’eau se trouve Acura. Une division en bien meilleure posture qu’Infiniti, mais qui représente tout de même un défi pour le constructeur Honda, n’ayant d’autre choix que de changer ses plans. Il faut dire qu’à l’instar de Genesis, Acura devait progressivement éliminer tous ses modèles à essence pour n’offrir que des véhicules électriques. Un défi colossal vu le sérieux retard du manufacturier en la matière, et la fidélité d’une clientèle n’étant pas nécessairement en quête d’une telle technologie.
Naturellement, la dégringolade des ventes et de l’intérêt du public pour les VÉ auront forcé Honda à revoir sa stratégie. Ce constructeur est d’ailleurs réputé pour sa prudence, ses décisions réfléchies et, disons-le, son manque d’audace. Et puisqu’Acura est exclusivement nord-américain, les stratégies allaient devoir être encore plus conservatrices. Nous savions que le retour du ZDX développé à partir des bases du Cadillac Lyriq n’était qu’une solution temporaire. Un VUS électrifié vendu au-delà de 80 000 $ et qui ne constituait qu’un véhicule de conformité.
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Or, nous serions-nous attendus à ce qu’il soit abandonné après 18 mois de commercialisation? Imaginez, à peine plus de 300 unités ont été vendues au Canada, faisant de lui une véritable rareté! Cet abandon allait coïncider avec celui de la TLX. Le plus vieux modèle de la marque, si l’on considère ses débuts sous le nom de Vigor, puis TL, et finalement TLX. Une berline exceptionnelle, mais impopulaire, et avec laquelle la division canadienne peinait à tirer profit.

Pour 2026, il ne reste donc que l’Integra - très peu populaire chez nous et qui cible surtout le marché américain - et les trois VUS ADX, RDX et MDX. Des véhicules traditionnels qui se démarquent difficilement et qui ne semblent plus séduire comme Acura pouvait le faire il y a une décennie. Un problème qui dépasse les qualités intrinsèques des produits et qui se situe selon moi plutôt au chapitre de l’image de marque, dont on a trop peu pris soin. En effet, il fut une époque où le prestige associé à Acura égalait celui de Lexus, alors qu’aujourd’hui, il en va autrement.
Soyons francs, les stratèges américains d’Acura ont surestimé le pouvoir de l’emblème. Ils ont certes développé des produits compétitifs et de qualité, mais n’ont pas pris soin d’entretenir leur prestige. De ce fait, la clientèle a fini par voir les produits Acura comme étant plus pragmatiques dans un monde de luxe omniprésent, ce qui ne les rend pas particulièrement désirables ou passionnants. Et pourtant, le dernier MDX a de la gueule. Il adopte une conduite remarquable et propose un haut niveau de qualité, surtout avec la version Type-S, fort sous-estimée.

Plans bousillés
Chez Acura, on pensait sans doute que cette période creuse allait se régler en passant à l’électrification, apportant de ce fait plusieurs nouveautés et un vent de fraîcheur. Or, Honda n’avait certainement pas anticipé la baisse de popularité des VÉ, combinée au recul des objectifs gouvernementaux relatifs à leur vente. La marque qui devait prochainement abandonner le RDX et le MDX au profit de modèles électriques doit donc aujourd’hui se retrousser les manches et corriger le tir, alors qu’elle accuse déjà un grand retard.

Pour l’heure, nous savons qu’Acura étirera la sauce avec les modèles actuels en leur apportant quelques changements d’importance, probablement pour l’an prochain. Les rumeurs veulent aussi que l’on mette l’accent sur l’ADX, qui pourrait peut-être (pure spéculation de ma part) recevoir une technologie hybride. Cela dit, la présence du concept RSX au dernier Salon de la mobilité de Tokyo a révélé l’intention du constructeur de faire rayonner la marque en dehors de l’Amérique du Nord, lui donnant ainsi un nouveau souffle. Une division qui vise à commercialiser que des véhicules électriques d’abord au Japon, puis en Europe et en Australie. Le RSX, premier VÉ à adopter une technologie maison, sera fabriqué aux États-Unis et fera appel à des batteries provenant de chez LG. Il a belle allure et, si l’on se fie aux essais réalisés l’an dernier, il devrait se distinguer en matière de poids et de conduite.

Comme toujours, le prix aura un impact significatif sur le succès de ce modèle, qui sera vendu en parallèle du RDX, qui selon toute vraisemblance, sera complètement remodelé d’ici quelques années. Pour Hayato Mori, vice-président adjoint de Honda Canada, l’électrification constitue assurément un défi. D’autant que les plans de développement de l’usine d’Alliston en Ontario, qui devait accueillir une ligne de fabrication de batteries, ont été mis sur pause pour une durée indéterminée. Toutefois, il illustre cette course comme un marathon et non comme un sprint. Une façon de souligner que si les résultats à court terme peuvent parfois être décevants, on cible surtout chez Acura une relance à long terme. Avec fort probablement une gamme de produits plus compétitive et répondant davantage aux désirs de la clientèle, mais aussi avec un prestige et un luxe à la hausse, permettant donc de mieux se démarquer face à certains produits Honda. Parce qu’entre vous et moi, si l’ADX n’est pas vilain, il trahit clairement ses origines.

Pour 2025, Acura anticipe ainsi des hausses de ventes équivalentes à celles du marché. L’arrivée de l’ADX aura contribué à maintenir une stabilité des ventes, cependant, il est clair que sa profitabilité n’égale pas celle du MDX, qui perd des plumes. L’arrivée du RSX en cours d’année 2026 devrait aussi contribuer à une relance, dans la mesure où l’on assiste à un retour de l’équilibre pour les ventes de VUS électrifiés. N’oublions pas que dans ce créneau, la concurrence est féroce et prête à faire d’importantes concessions pour liquider des stocks vieillissants. Et puis, il faudra qu’Acura (et Honda) fasse la preuve de l’efficacité et de la fiabilité de cette nouvelle technologie, initiée par le RSX, mais qui se retrouvera aussi dans deux nouveautés vendues par Honda, d’ici environ 12 à 15 mois.
Chose certaine, les visées internationales d’Acura donnent espoir à l’industrie automobile américaine, qui les assemblera à 100%. Espoir partagé avec le réseau de concessionnaires découragé, surtout en constatant le vieillissement de la gamme et le manque de stratégie des dernières années.
