Magma par Genesis : un défi d'image
Marseille, France — Le GV60. Premier véhicule électrique de la marque de luxe de Hyundai. Un produit bien de son temps. Efficace, audacieux, mais qui a rapidement été relégué aux oubliettes. Au point où chez Genesis, on ne lui accordait pratiquement plus d’importance. Il faut souligner que ce rival technique des Audi Q4 e-Tron, Cadillac Optiq et Volvo EX40 (pour ne nommer que ceux-là) a toujours ce désavantage de ne pas être admissible aux subventions. Un impact aujourd’hui plus modéré, mais qui faisait toute la différence alors qu’on pouvait obtenir jusqu’à 13 000 $ de rabais par le mariage des subventions provinciales et fédérales. Ainsi, non admissible, parce que son prix de départ était de 71 000 $, alors que celui de ses rivaux (souvent vendus plus cher par l’ajout de groupes d’option) affichait des prix inférieurs au seuil d’admissibilité. En l’occurrence, inférieur à 64 999 $, expliquant ainsi le succès démesurément plus élevé de la compétition.
C’est donc par exemple 4 205 unités du Q4 e-Tron qu’Audi réussissait à écouler pendant que Genesis ne vendait que 254 unités du GV60. Un véhicule pourtant aussi efficace et offrant l’avantage d’une meilleure couverture, mais qui avouons-le, arbore une robe grenouille plus polarisante. Depuis, Genesis a lancé la G80 électrifiée (qui n’est déjà plus offerte), de même que le GV70 électrifié, plus ou moins populaire. Les ambitions de Genesis voulant que chaque nouveauté future soit électrique ne sont aujourd’hui plus, et le constructeur doit complètement revoir sa stratégie de produits et de mise en marché.
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Soulignons également que cette division fête cette année ses dix ans. Une marque qui a certainement pris du gallon, qui a prouvé tout son sérieux et qui ne rougit pas devant les sacro-saintes Allemandes. Néanmoins, une marque qui n’est ironiquement pas reconnue par le grand public et qui doit absolument réussir à relever la barre au chapitre de la notoriété pour ne pas croupir à la façon d’Infiniti. C’est d’ailleurs en ce sens que Genesis a présenté plusieurs véhicules concepts exceptionnels. Le splendide X Gran Coupe, qui n’est pas sans rappeler la défunte Bentley Arnage, ou encore la Magma GT, tantôt inspirée de McLaren ou de Ferrari. Et que dire du X Gran Equator, audacieux et tout en muscle, qui pourrait par exemple donner la réplique à certains grands véhicules Land Rover.
Perception
L’image de marque est donc clairement au cœur de l’émancipation de Genesis, qui a profité de cet événement médiatique du côté de Marseille pour présenter moult concepts, surprises et nouveautés futures. La version de production du GV60 Magma sur laquelle nous reviendrons, mais surtout, la G90 Wingback. Une splendide familiale sport à la sauce Audi RS6 Avant, dont la ligne est à couper le souffle. Une voiture timidement identifiée Magma, peinte d’un vert foncé très riche, et qui a toutes les allures d’une voiture de production. Un fantasme automobile signé Luke Donckerwolke que nous avons contesté sur la faisabilité réelle de sa commercialisation future. Ce à quoi il a clairement répondu qu’il serait relativement simple de la produire, puisqu’elle repose sur des bases connues. Or, il mentionnait aussi que Genesis préférait pour l’heure demeurer plus conservateur en proposant des modèles plus traditionnels et, pour reprendre ses mots, plus « mainstream ».
Voilà qui nous a fait bien rire, considérant qu’une berline G90 ne s’est vendue l’an dernier qu’à 22 unités au pays, contre 193 copies de la G80. Alors oui, nous osons croire qu’en commercialisant la G90 Wingback, même à plus de 100 000 $, on serait assurément en mesure de battre ces chiffres. Parce que les amateurs de familiales de performances grandissent et parce que l’originalité de cette dernière ferait assurément craquer plusieurs d’entre eux. Même, en conservant la motorisation de la G90, produisant à peine plus de 400 chevaux. Cela dit, cette aguichante automobile permettrait aussi de faire rayonner la marque, qui doit faire mieux que d’offrir de jolis VUS se fondant au paysage. Ça prend de l’audace, de l’innovation, de l’originalité, des ingrédients nécessaires à l’essor de Genesis et de sa nouvelle division, Magma.
Depuis son dévoilement surprise, la G90 Wingback semble faire l’unanimité. Et les rumeurs s’intensifient quant à sa possible commercialisation, bien qu’on ne puisse pour l’heure confirmer quoi que ce soit. Toutefois, le GV60 Magma est bel et bien en approche. Un véhicule de haute performance à bord duquel nous avons pu réaliser quelques tours de piste. Comme si nous nous étions trempé l’orteil pour tester l’eau du bain, avant bien sûr de nous y glisser. Alors oui, le GV60 Magma en met plein la vue. Par sa couleur, bien sûr, mais aussi par ses prouesses en piste. Un véhicule techniquement poussé, produisant jusqu’à 641 chevaux et doté de voies larges, d’une suspension abaissée, même d’un mode « drift ». Sans surprise, un bolide de sensations fortes dérivant de l’Ioniq 5 N, mais qui permet d’obtenir plus de luxe, de raffinement et même, de confort. Parce que les suspensions ont aussi été conçues pour être plus dociles en conduite sur route.
Maintenant, si rares sont ceux qui ont fait l’acquisition d’un GV60 « régulier », à quel point réussira-t-on à nous vendre la version Magma, qui ne sera assurément pas offerte à moins de 90 000 $. Parce que si l’Ioniq 5 N affiche un prix de départ de 78 199 $, on ne peut s’attendre à moins du GV60 Magma. Un bolide qui, selon nous, restera au stade de la curiosité, et qui ne s’écoulera au mieux qu’à quelques dizaines d’unités au pays, considérant aussi ce réseau de 22 concessionnaires qui ne grandira que légèrement l’an prochain. N’oublions pas que le style polarisant du véhicule combiné à la conduite sportive (que ne cherchent pas toujours les acheteurs de VÉ) réduit considérablement le bassin d’acheteurs. Et l’autonomie? Genesis n’a toujours rien dévoilé, mais on l’estime au mieux à 350 kilomètres.
Magma-Style ?
Genesis tentera ainsi au cours des prochaines années de faire de Magma son AMG. Son M. Or, sachant que les constructeurs allemands excellent dans l’art de multiplier leurs versions à la sauce sportive, pourrait-on aussi chez Genesis céder à la tentation? C’est-à-dire, n’offrir que des ensembles esthétiques Magma (comme S-Line chez Audi), en mettant de côté les réelles améliorations reliées à la performance? L’hésitation prolongée en réponse à cette question nous laisse croire qu’il en sera ainsi, et plus rapidement qu’on pourrait le croire. Un GV80 « Magma Style » pourrait donc être commercialisé d’ici peu, ce qui permettrait justement à la marque de répliquer par exemple au succès des BMW X5 avec ensemble M.
Naturellement, il faudra aussi que Genesis place la barre avec de réels produits Magma. La G90 Wingback pourrait en faire partie, de même que la Magma GT, elle aussi bien mûre pour la production. Une voiture spectaculaire dotée d’un moteur V8 central, laquelle pourrait d’ailleurs se retrouver en piste pour donner la réplique à la Porsche 911 GT3 ou même, la nouvelle GR GT3. Et puis, Magma devra aussi passer par une offre conjointe de modèles à essence et électrifiés, alors qu’encore une fois, les plans initiaux ne comprenaient pas de modèles avec moteurs à combustion.
Beaucoup de défis devront être ainsi relevés par Genesis pour faire connaître sa division de performance. Mais encore une fois, le premier de tous est de relever l’image de marque. De la rendre encore plus prestigieuse, plus désirable. Et encore d’être en mesure de l’identifier sur le champ, comme c’est le cas avec Mercedes-Benz ou même, Cadillac.