Honda CR-V, une petite douée
Tous les VUS ne sont pas égaux. Tandis que certains sont handicapés par des dimensions hors-norme, un gros moteur gourmand ou encore une tenue de route passablement aléatoire, le CR-V inciterait certains embrasseurs d’arbres fortement opposés aux VUS de tout acabit à réviser leurs positions. Il est vrai que sa conception et sa mécanique ne vous permettraient pas d’aller jouer les aventuriers dans la forêt amazonienne, mais puisque plus de 90 pour cent des acheteurs de ce type de véhicule ne roulent qu’en ville, cet argument n’a pas tellement de poids.
En fait, c’est l’équilibre général de cette Honda qui la rend si attachante. Elle n’est pas exempte de défauts et nombreuses seront les personnes qui pesteront contre cette portière arrière qui s’ouvre vers la droite et qui n’est pas la trouvaille du siècle lorsqu’on est stationné dans une rue. Par contre, je dois vous avouer que cette configuration convient fort bien à l’aménagement de mon entrée puisque nous accédons à l’arrière par la gauche. Et il faut également souligner que la lunette arrière peut être ouverte indépendamment de la portière. Une caractéristique qui est appréciée de plusieurs lorsqu’on a un petit colis à déposer. Toujours au sujet de la soute à bagages, le plancher est plus bas de quelques centimètres par rapport au seuil de chargement. Ce qui peut être délicat quand on a un colis lourd à extirper du véhicule. Il est impossible de le glisser vers l’extérieur, il faut d’abord le soulever avant de le sortir. En outre, une fois la soute à bagages dégagée de tout objet, il est bon de savoir que le plancher peut être converti en table à pique-nique. Il recouvre également un espace de rangement assez profond. Et avant que vous ne croyiez que je fais une fixation sur la soute à bagages, la banquette arrière coulissante de type 60/40 permet de mieux aménager l’habitacle en fonction des passagers ou des objets à transporter.
Passons maintenant au département des plaintes. Honda n’a pas encore trouvé le moyen d’offrir plus d’espace pour les pieds au passager avant. Une personne de taille moyenne peut difficilement se croiser les jambes. Sur une autre note négative, l’insonorisation est très moyenne, tandis que les pneus Bridgestone Dueller qui équipaient notre véhicule d’essai ne venaient pas arranger la situation, bien au contraire !
Ces éléments négatifs ne réussissent pas à ternir le bilan global de cette nippone tout usage. Comme il se doit sur un véhicule Honda, la finition est impeccable, les matériaux de qualité et l’équipement relativement complet. L’habitacle n’est pas nécessairement spacieux, mais il est facile de monter à bord et les sièges seront jugés confortables par la majorité des occupants. Il est également simple de trouver une bonne position de conduite tandis que les rétroviseurs extérieurs sont efficaces. Ce qui est une bonne nouvelle puisque la visibilité arrière n’est pas fantastique. Soulignons au passage que ces rétroviseurs sont chauffants.
Le tableau de bord se démarque par ses trois gros boutons servant à régler la climatisation, tandis que le levier du frein d’urgence est constitué par le montant gauche de la console centrale de la planche de bord. C’est inédit et pratique. Le levier de vitesse des modèles à boîte automatique est placé juste à la droite de la nacelle des instruments, en plein sur la paroi du tableau de bord. C’est vraiment à la portée de la main et cet emplacement permet de dégager le passage entre les deux sièges avant, le choix de l’industrie pour y loger le levier de vitesse. Il est alors possible de se déplacer d’avant vers l’arrière sans quitter le véhicule. Une tablette amovible placée entre les sièges avant sert de console centrale lorsqu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’arrière ou d’en revenir. Enfin, depuis l’an dernier, les commandes du régulateur de croisière et de la radio sont montées en périphérie du moyeu du volant.
Pas de V6 ?
Pour plusieurs, un véhicule utilitaire sport qui n’offre pas un moteur V6, tout au moins en option, n’est pas digne de ce nom. Ces personnes n’ont certainement pas piloté un CR-V pour affirmer une telle ânerie. Non seulement cette Honda ne propose qu’un seul moteur quatre cylindres de 2,4 litres, mais ce dernier n’est offert qu’en une seule version. Ici pas de compresseur, pas de turbo, mais 160 chevaux obtenus par la simple entrée d’air dans le collecteur d’admission. Et il est important de souligner que l’appétit en hydrocarbure de ce « petit quatre » est très impressionnant puisque la consommation moyenne enregistrée cette année a été de 11,7 litres aux 100 km. Ce qui est une pitance par rapport aux gros VUS à moteur V8 qui enregistrent une consommation moyenne qui est parfois presque du double.
Et sans nous offrir des performances à couper le souffle, ce petit moteur est d’un bon rendement et nous avons toujours l’impression de rouler vite ou du moins de ne pas nous traîner sur la route. Ajoutez à cette équation une direction dont l’assistance est presque dosée à la perfection, et une suspension indépendante aux quatre roues qui avale les trous et les bosses pour nous retrouver au volant d’un véhicule très agréable à piloter. Et son court diamètre de braquage est un atout de plus. Il est vrai que son rouage intégral « Real Time » pourrait avoir un temps de réaction plus rapide. Mais nous ne parlons que de quelques millièmes de seconde et je n’ai jamais ressenti le besoin qu’il soit plus rapide.
S’il est vrai que les versions les plus huppées du CR-V sont de prix élevé, les autres modèles sont la preuve que l’utile et l’agréable peuvent se retrouver dans un même véhicule tout en consommant raisonnablement le carburant de plus en plus cher.
Feu vert
Suspension confortable
Moteur nerveux
Conduite agile
Fiabilité assurée
Conception équilibrée
Feu rouge
Pneumatiques moyens
Insonorisation perfectible
Portière arrière controversée
Visibilité arrière très moyenne
Peu d’espace à l’avant