Ford GT, ma voiture de rêve

Publié le 18 février 2006 dans 2006 par Bertrand Godin

Je me retiens, fortement, pour ne pas me précipiter chez le concessionnaire Ford le plus proche et commander immédiatement ma Ford GT édition spéciale 40e anniversaire. C’est un effort intense de volonté, et un simple calcul comptable quand on regarde le prix d’achat, qui m’empêchent d’acheter ce supercar qui, depuis toujours, est ma véritable voiture de rêve. Non seulement en raison de ses performances exceptionnelles, mais aussi pour tout ce qu’elle représente dans l’histoire de la course automobile.

Cette parcelle d’histoire automobile fera son entrée officiellement au Canada en 2006, après plusieurs mois de tergiversations. Mais plus que la voiture, c’est le symbole qu’elle est qui la rend aussi exceptionnelle.

Ford 3, Ferrari 0

L’histoire de la GT commence il y a 40 ans cette année, alors que le géant américain Ford avait ourdi une petite vengeance à l’égard de Enzo Ferrari. Le père de la marque italienne avait en effet utilisé des négociations bidon avec Ford pour faire monter les prix de son entreprise, qu’il a finalement vendue à Fiat. Soucieux de préserver l’image de sa compagnie, et de montrer aux Italiens qu’il savait aussi construire des automobiles de performance, Henri Ford II a commandé une voiture exceptionnelle, capable de battre les Ferrari lors de la plus célèbre course d’endurance au monde, les 24 heures du Mans. La grande histoire de la course retiendra ainsi l’arrivée de la GT40 (le 40 étant ici une unité de mesure puisqu’il décrit la hauteur totale du véhicule) sur le circuit. Et par la grande porte, puisque la voiture américaine a littéralement volé la victoire trois années consécutives avant de se retirer en pleine gloire. C’est cette page d’histoire que Ford a voulu faire renaître l’année dernière en lançant la Ford GT qui prendra d’assaut le marché canadien cette année.

Concrètement, la nouvelle version de la GT et son modèle des années 60 n’ont de commun que le nom, du moins en partie, et la philosophie qui a présidé à sa conception. Avec le retour de la GT, Ford a choisi de revenir au moteur central V8, solidement relié à un châssis ultraléger. Et quel moteur ! La GT est propulsée par un moteur de 550 chevaux, développant 500 livres-pied de couple, et capable de réaliser le 0-100 km à l’heure en 4,2 secondes, soit l’équivalent de la Dodge Viper, de la Lamborghini Gallardo et de la Ferrari 612.

Au moment d’appuyer sur l’accélérateur, on ressent véritablement la poussée, un peu comme on le fait dans une voiture d’accélération. Le couple monstrueux lance la voiture avec un rugissement retentissant et les pneus de performance mordent la chaussée. Comme l’autre sportive américaine, la Viper, la GT est totalement dépourvue d’aide au pilotage électronique. Exit l'antipatinage, dehors les contrôles de traction, bienvenue dans le monde du vrai pilotage automobile. Les virages se prennent avec assurance, et même si la voiture cherche parfois à reprendre son autonomie (lire à changer de trajectoire), elle est facile à ramener dans le droit chemin, merci notamment à la répartition des masses qui permet une conduite beaucoup plus précise. On sentira avec vivacité le transfert de poids lorsque les courbes seront trop accentuées, mais pour le reste, la GT est une voiture prévisible et facile à dompter. Disons simplement qu’elle risque moins de mordre que ses proches rivales.

Pour atteindre des vitesses maximales, on peut aussi compter sur une transmission manuelle docile comme ce n’est pas possible. Les rapports sont courts, bien étagés, et la course même du levier est courte et précise. Bref, un jeu d’enfant qui nous permet de nous concentrer uniquement sur la conduite qui, à vitesse maximale, demande toute l’attention.

La routière

Mais la vie étant ce qu’elle est, pas question d’utiliser la Ford GT uniquement sur les circuits, à moins d’être un heureux millionnaire. La GT est aussi une voiture de route diablement efficace, contrairement à bon nombre d’autres super voitures. Étrangement, la suspension, pourtant d’une rigidité machiavélique sur le circuit, n’est pas ferme sur la route, et sa capacité sportive ne pénalise pas inutilement le conducteur. Et la transmission Ricardo si précise sur circuit répond avec douceur sur la route. Même la pédale d’embrayage est plus légère que celles de la Mustang GT.

Pour le reste, la GT regroupe ce que Ford fait de mieux en matière de finition intérieure. Les options sont nulles, il n’existe qu’une seule version, on s’est donc assuré de fournir tout ce dont les conducteurs avaient besoin, allant de la colonne de direction inclinable et télescopique au système de son Macintosh haut de gamme. Défaut majeur cependant, le son du moteur à bas régime est nettement moins intéressant que celui de ses principaux compétiteurs, surtout de la Ferrari souvent citée en exemple dans ce domaine. Autre détail non négligeable, s’asseoir dans une GT devient un véritable supplice si vous n’avez pas les dimensions d’un jockey. L’accès est difficile, la sortie encore plus puisque vous êtres littéralement enfoncé dans le siège, par ailleurs d’un grand confort.

Malgré tout, la GT est une de ces voitures qui ont marqué l’histoire et qui mérite bien de survivre encore longtemps. Bonne sur piste, agréable sur la route. La voiture de rêve je vous dis !

Feu vert

Design inspiré
Moteur racé
Tenue de route impeccable
Équipement complet

Feu rouge

Prix d’achat
Accès difficile aux sièges
Son du moteur peu inspirant
Disponible au compte-goutte

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