Ford Taurus, un dernier adieu
La Ford Taurus a jadis été la voiture la plus vendue en Amérique. Mieux encore, elle a permis à la compagnie Ford de reprendre le chemin de la rentabilité au milieu des années quatre-vingt. Et il ne faut pas ignorer le fait que la Taurus a été la première berline nord-américaine à offrir une direction moins assistée, une suspension quasiment ferme pour la catégorie et un comportement routier pratiquement européen , en plus de sa silhouette aérodynamique bien sûr. Je me souviens comme si c’était hier du lancement de la première Taurus en janvier 1985 à Hollywood, dans le même studio ou avait été tourné « Autant en emporte le vent ». C’était grandiose !
Une fois les premiers succès passés, les ingénieurs de la compagnie se sont attaqué à la seconde génération qui a été présentée dix années plus tard. Cette fois, on a voulu jouer aux fins finauds en voulant miser un peu trop sur les symboles Ford, alors que l’espace réservé à la radio était ovale, tout comme la lunette arrière et plusieurs autres éléments de la carrosserie. C’était peut-être songé, mais la voiture elle-même avait une habitabilité inférieure à la première tout en étant plus lourde et moins performante. De plus, la pompe d’assistance de la servodirection avait un débit insuffisant, ce qui nous donnait l’impression de conduire une voiture sans direction assistée dans certains virages. Des problèmes de suspension arrière et de freins sont venus affecter celle qui devait permettre à la compagnie Ford de demeurer à l’avant-plan.
Si cette berline était en avant de la concurrence au milieu des années quatre-vingt, elle a été progressivement distancée aussi bien en fait de comportement routier que de confort et de performance. En 1999, la mécanique a été revue assez sérieusement en même temps que la silhouette qui est celle que nous connaissons présentement. De plus, les freins ont été améliorés et la direction rendue plus précise et d’une assistance mieux dosée.
Trop tard !
Mais c’était trop peu, trop tard. Malgré une troisième génération, la Taurus d’aujourd’hui ressemble encore d’assez près à celle de la première génération. À titre de comparaison, examinons la Honda Accord actuelle, la Chrysler 300 ainsi que la Nissan Maxima pour constater à quel point la Taurus a l’air vieillotte. De nos jours, le marché est tellement compétitif qu’il faut pratiquement offrir une silhouette entièrement redessinée tous les six ans au maximum. Chez Ford, on l’a pour ainsi dire clonée en 1995 et en 1999 avec les résultats qu’on connaît.
Au fur et à mesure que la concurrence était plus moderne, et plus sophistiquée, la Taurus était retouchée de peu. Et la seule fois où on a procédé à une révision majeure en 1995, ce fut raté. Il ne faut pas non plus limiter nos critiques à l’esthétique. Les deux moteurs V6 3,0 litres ne sont plus à la hauteur de la tâche, notamment le moteur Vulcan de 153 chevaux qui est plus poussif qu’autre chose. Son économie de carburant n’impressionne pas non plus, car elle est pratiquement identique à celle du moteur Duratec V6 3,0 litres de 200 chevaux. En fait, ce moteur est le seul choix logique puisqu’il est en outre plus performant.
Les deux sont associés à une boîte automatique à quatre rapports qui était bonne il y a 20 ans, correcte en 2000 et dépassée de nos jours avec ses passages de vitesses parfois saccadés et souvent lents. Bref, il semble que Ford ait lancé la serviette à propos de la Taurus, il y a déjà quelques années… Les responsables du modèle ont apporté les modifications imposées par la loi et ajouté quelques éléments ici et là pour répondre aux demandes des principaux acheteurs ; les parcs automobiles et les compagnies de location.
Tant et si bien que cet essai routier est le dernier de la Taurus dans cet ouvrage, attendu qu’elle sera progressivement abandonnée en 2006, au profit de la 500 qui est déjà commercialisée depuis un an.
Éloge funèbre…
Puisque ce texte est davantage un éloge funèbre qu’un essai routier, attardons-nous donc à trouver des éléments positifs à écrire à son sujet ! En tout premier lieu, même si la voiture avait de plus en plus de difficulté à suivre la parade des nouveautés, son comportement routier était sain, mais elle manquait d’agilité dans les virages serrés. Par contre, il faut souligner sa bonne habitabilité, sa facilité d’accès à bord et une position de conduite correcte. Sur le plan mécanique, les freins sont moyennement performants mais s’échauffent peu, tandis que la direction est adéquate sans plus. Mais si les freins résistent à la surchauffe, les distances de freinage sont très longues. Il faut également ajouter que les employés affectés à son assemblage semblent avoir jeté l’éponge eux aussi, car la qualité d’assemblage laissait voir plusieurs pièces mal installées. Par contre, sur une note plus positive, dans un certain sens du moins, cette voiture a connu de bons résultats lors des tests d’impacts gérés par le gouvernement américain.
En cours d’année, en raison de sa disparition du marché, la Taurus sera écoulée à prix d’aubaine et elle devrait intéresser les personnes à la recherche d’une voiture relativement fiable, confortable et offrant beaucoup d’espace. De plus, la version familiale est non seulement plus élégante que la berline, mais elle possède un équipement plus complet, tandis que son type de carrosserie procure une polyvalence qui ne peut être offerte avec la version quatre portes. Et tant pis si vos voisins vous demandent pourquoi vous roulez avec une voiture quasiment réservée aux parcs automobiles ! Une aubaine, c’est une aubaine…
Feu vert
Aubaines à prévoir
Habitacle confortable
Moteur Duratec
Version familiale
Comportement routier
Feu rouge
Fin de carrière
Moteur V6 Vulcan
Finition approximative
Silhouette terne
Freins ABS en option