Ford Taurus X, peut-on refaire le passé ?

Publié le 18 février 2008 dans 2008 par Alain Morin

Les décisions prises récemment par Ford peuvent laisser perplexe. Alors que le multisegment Freestyle a toujours peiné à trouver preneur malgré ses grandes qualités, Ford propose au public le Edge, de facture beaucoup plus moderne et bien mieux accueilli. Plutôt que de se concentrer sur son Edge, Ford en remet en annonçant la deuxième génération du Freestyle, appelé pour l’occasion Taurus X. Il faut dire qu’aux États-Unis le marché des multisegments est en forte croissance et Ford peut très bien se permettre d’offrir deux véhicules dans le même créneau. De toute façon, le Edge et le Taurus X sont fort différents, le dernier ayant une troisième rangée de sièges.

Au dernier Salon de l’auto de Chicago, en février dernier, Ford avait réservé toute une surprise aux journalistes. Alors qu’elle présentait ses modèles Five-Hundred et Freestyle remaniés, elle dévoilait aussi leur nouveau nom… La première allait désormais s’appeler Taurus et la seconde Taurus X. Le choix de Chicago pour cette annonce n’était pas le fruit du hasard puisque cette ville avait accueilli, par le passé, une usine d’assemblage de la populaire Ford Taurus, la première du nom. Après plusieurs millions de dollars en investissement, l’usine de Chicago produit maintenant des… Taurus et son pendant multisegment, le Taurus X. Nous pourrions nous interroger longuement sur les raisons, plus ou moins valables, qui ont conduit les dirigeants de Ford à choisir un nom qui appartient au passé. Mais, contrairement à Ford, nous ne tenterons pas de refaire le passé et nous acceptons le choix de Taurus et Taurus X… à défaut de le comprendre ! Au moins, Ford a abandonné l’idée farfelue de nommer ses véhicules en commençant par la lettre F. Un peu plus et on se serait retrouvé avec une Fustang ou un Fedge !

Allure de famille

Les lignes du Taurus X ne diffèrent pas beaucoup de celles du Freestyle. Et c’est tant mieux puisqu’il s’agit d’un véhicule bien proportionné qui n’a pas encore l’air démodé, même après trois années sur le marché. En plus, il semble plus gros qu’il ne l’est en réalité. Pour marquer le début de cette nouvelle génération, le Taurus X se pare d’une calandre qui reprend la récente signature de Ford, soit les trois grosses barres chromées horizontales. Certains n’apprécient pas, mais il faut admettre que cela donne du caractère à l’ensemble. À l’arrière, les changements s’avèrent beaucoup plus subtils. Seuls les feux semblent avoir été modifiés et ressemblent un peu à ceux du Edge. Dans l’habitacle, le tableau de bord est demeuré le même et l’espace disponible est aussi vaste que précédemment, les dimensions extérieures du Taurus X n’ayant pas varié. 

Si, esthétiquement, le Taurus X n’a pas beaucoup changé par rapport au Freestyle qu’il remplace, il en va autrement de la mécanique qui copie celle du Edge. Le moteur de 3,0 litres fait désormais place à un doux V6 3,5 litres beaucoup plus moderne. Ce moteur de 263 chevaux et 249 livres-pied de couple semble aimer son travail puisque les accélérations et reprises sont convaincantes. Sa consommation d’essence devrait se situer aux alentours de celle du Edge, soit environ 12,8 litres aux cent kilomètres, une nette amélioration comparativement au moteur précédent qui paraissait toujours peiner à la tâche. Une des critiques adressées au Freestyle concernait sa transmission à rapports continuellement variables (CVT). Ford a compris le message puisque cette année, on retrouve une automatique à six rapports, s.v.p., dont le fonctionnement ne s’attire aucun commentaire négatif sauf, peut-être, quelques à-coups au passage des rapports inférieurs. Cette transmission augmente d’autant le plaisir de conduire même si elle ne propose pas de passage manuel des rapports, une mode que Ford ne semble pas vouloir suivre. Personnellement, je préfère avoir six rapports qui permettent une meilleure économie d’essence plutôt que quatre équipés d’un mode manuel qui ne servira pas 95 % du temps.

Le Taurus X se veut tout d’abord une traction (roues avant motrices) mais il est possible d’opter pour un rouage intégral. Ce dernier ajoute quelque 80 kilos au véhicule, mais augmente le niveau de sécurité sur surfaces à faible coefficient d’adhérence (en admettant qu’il soit équipé de bons pneus d’hiver, bien entendu !). Pour cette nouvelle génération du Freestyle, pardon du Taurus X, les ingénieurs ont retenu une intégrale fabriquée par Dana. Ce système fonctionne de connivence avec l’AdvanceTrac (le contrôle de la stabilité latérale) et le système de contrôle de la traction pour offrir la meilleure traction possible. Les suspensions de la génération précédente ont été gardées mais leurs réglages ont été revus. Ce n’est pas pour rien que le Taurus X tient mieux la route tout en ayant conservé son niveau de confort. La direction, cependant, ne semble pas avoir été améliorée et se montre toujours aussi précise malgré une légèreté condamnable. S’il est un point où le Taurus X mériterait plus d’attention, c’est au niveau des freins. Sur notre véhicule d’essai, la pédale était spongieuse à souhait et, lors d’un freinage d’urgence, descendait quasiment jusqu’au plancher... Inutile de vous dire que les distances d’arrêt ne sont pas des plus courtes. De plus, après un seul arrêt, les freins sentaient le chauffé !

Les ingénieurs n’ont pas ménagé leurs efforts pour que l’habitacle du Taurus X soit des plus silencieux. Par exemple, le climatiseur se révèle 50 % plus silencieux que celui du Freestyle. Le plancher a été recouvert d’une sorte de mastic et le design des joints de caoutchouc des portes a été optimisé, encore pour diminuer les bruits de vent et de roulement. Et ça fonctionne, à en juger par le silence de roulement de notre voiture d’essai, plus perturbé par le bruit de roulement des pneus. Malgré des commandes déjà vues sur plusieurs autres modèles Ford, l’ensemble ne fait pas trop générique. La qualité des matériaux et de la finition est à la hauteur de la concurrence, mais le confort des sièges avant pourrait ne pas plaire à tous. On retrouve aussi une troisième banquette qui, curieusement, n’est pas trop pénible à atteindre. Et le hayon de notre voiture d’essai était à commande électrique, un gadget certes, mais un gadget auquel on s’habitue vite !

Le Freestyle de regrettée mémoire n’avait que quelques vilains défauts. Le Taurus X qui le remplace les a presque tous éliminés. En fait, il lui reste un gros problème, difficile à régler : son nom. Par les temps qui courent, plusieurs personnes aimeraient rouler en vélo que de se promener avec un Ford. C’est peut-être meilleur pour la santé mais ils se privent tout de même d’un bon véhicule.

Feu vert

Lignes modernes, habitacle silencieux,
transmission CVT abandonnée,
moteur performant

Feu rouge

Nouveau nom,
direction légère, freinage pénible,
valeur de revente à confirmer

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