Le Toyota FJ Cruiser 2010: camion robuste ou jouet Tonka?

Publié le 30 septembre 2010 dans Essais par Dan Fritter

Il y a encore dans ce pays des gens qui mésestiment l’aspect pratique des VUS modernes. Mettant en évidence leur taille apparemment non nécessaire et leur consommation d’essence relativement exorbitante, ces pieux adeptes de la Prius tournent facilement le nez devant un véhicule possédant une stature élevée et des pneus hors route. Et ils ont raison. Pour les citoyens des étendues urbaines où la majorité des canadiens vivent, tout véhicule pourvu d’une boîte de transfert est vu comme totalement inutile. Envoyer la puissance à plus de deux roues peut être vu comme un procédé tout à fait superflu dans les rues pavées et bien entretenues par les équipes municipales d’entretien. Mais cette dialectique passe sous silence le fait que notre nation puisse se vanter de la densité de population la plus faible au monde.

Sortez des limites de votre ville et vous découvrirez que les endroits les plus convoités au Canada sont ceux qui sont difficiles d’accès. Et voilà que se présente le VUS. À partir des premiers instants des véhicules Willys CJ éprouvés au combat jusqu’à la tradition d’exploration définie par les premiers modèles offerts du Land Rover et aussi jusqu’à l’attitude indomptable personnifiée par le Toyota Land Cruiser, les 4x4 ont eu un bien meilleur effet sur la planète que les pieux propriétaires de Prius pourraient jamais espérer pouvoir contribuer à bord de leurs véhicules de prédilection. Les camions tels que le Land Rover Series/Defender et le Toyota Land Cruiser ont littéralement ouvert le monde à l’humanité en explorant, en cartographiant, en permettant d’avoir accès et d’inspecter des endroits précédemment inaccessibles aux humains. Pendant que ce sont les canots et les chevaux qui ont contribué la civilisation à notre pays, ce sont les 4x4 qui ont emmené notre pays à la civilisation.

Et voila que nous sommes privés de ce que la majorité des gens considèrent être la crème de la crème des véhicules utilitaires à quatre roues motrices, j’ai nommé le Toyota Land Cruiser 70. Le père du FJ40 d’âge indéterminé, le Land Cruiser 70, peut se targuer d’être équipé d’essieux porteurs familiers à l’avant et à l’arrière, d’un châssis robuste et d’un minimum d’accoutrements complexes à bord. À la place de ce véhicule, on nous donne le FJ Cruiser. Inspiré du style de ce 4x4 issu du Land Cruiser 70 d’outre-mer, le FJ Cruiser a véritablement une allure fantastique. Ce véhicule est un icône en son genre, grâce à sa calandre familière et à son profil trapu de forme carrée. Muni d’une fausse admission d’air sur le rebord avant du capot et d’ailerons de plastique noirs évasés, imitant le profil à plat des ailes d’acier du FJ40, le FJ Cruiser a emprunté les éléments de style les plus mémorables au FJ40 sans verser dans la banalité ou l’artificialité.

Bien que ce modèle n’ait pas été amélioré en 2010, il est quand même offert dans une nouvelle teinte Army Green (vert forces armées) qui s’ajoute à la teinte Sandstorm (tempête de sable), venant de la palette de couleurs du vieux FJ40. Mon véhicule de test jumelait cette nouvelle teinte non métallique avec la garniture traditionnelle argentée. Pour ceux qui le désirent, il est toujours possible de se procurer des calandres de couleur noire matte, des roues, des recouvrements de rétroviseurs et des poignées de porte auprès du concessionnaire Toyota local, ce qui contribuerait à donner une allure plus robuste à ce FJ Cruiser.

En ouvrant l’énorme portière avant du FJ, un habitacle de même style que l’extérieur du véhicule vous accueille. Tous les interrupteurs et boutons de l’habitacle ont pris des dimensions gargantuesques rappelant les bandes dessinées, étalant un nombre minimal de contrôles. Les boutons de contrôle du système de chauffage, de ventilation et de climatisation s’actionnent facilement et procurent une bonne réaction. Les sièges de bonne taille recouverts de tissu sont très confortables. Abritant une transmission et une boîte de transfert de tailles importantes, la console centrale est, comme il faut s’y attendre, grande, mais cet espace est bien utilisé car on y trouve deux porte-gobelets qui peuvent tout tenir, à partir d’une bouteille de Gatorade jusqu’à un café extra large double-double de chez Tim Horton (score officiel de gains réalisés dans le concours « Déroulez le rebord pour gagner » après 21 cafés achetés : deux beignes, un café).

Ouvrez les portières arrière de style suicidaire, cependant, et toute illusion quant à l’espace disponible disparaît aussitôt. Dans un véhicule qui requiert un espace de stationnement relativement important, le positionnement vers l’avant de l’essieu arrière diminue grandement l’espace de mouvement de la tête, des jambes et des coudes pour la personne assise à l’arrière. Étant un individu de taille normale, ma position de conduite ne laissait que peu d’espace entre le dossier du siège du conducteur et le siège arrière. De plus, la paire de petites fenêtres teintées sur les portières arrière ne laissent entrer que très peu de lumière, ce qui contribue un élément de claustrophobie dont on aurait pu se passer. Cependant, s’il vous arrive de transporter plus de marchandises que de passagers, le grand espace réservé au chargement et le siège arrière repliable seront plus qu’adéquats et s’ils ne le sont pas, le porte-bagages du toit, venant de série sur les modèles Off Road et Adventure, pourra se charger du reste du cargo à transporter.

Ce qui nous mène à la conduite. Monté sur une version écourtée du châssis supportant les modèles Tacoma, 4Runner, et Lexus GX460 (connu outre-mer comme le Land Cruiser Prado), la conduite et la maniabilité du FJ Cruiser seront familières à tous ceux connaissant ses compagnons d’écurie chez Toyota. Le système de suspension indépendante à l’avant offre une sensation de la route et un comportement excellents, procurant une grande précision et une douceur de conduite inégalées. L’essieu arrière, du genre solide, est quelque peu moins indulgent mais il améliore la tenue de route du Tacoma à cause du poids additionnel qu’il supporte. Bien sûr, tout ce poids entraîne des effets négatifs et le FJ Cruiser tangue et roule dans les virages avec un aplomb téméraire pendant que les amortisseurs Bilstein luttent pour cajoler vers la coopération les 1 948 kilos (4 295 livres) d’acier japonais assemblé par Hino Motors.

Le vénérable moteur V6 de 4,0 litres produit une bande son de bonne qualité et il est évident que les ingénieurs de Toyota ont consacré un grand effort au réglage acoustique du moteur afin de procurer aux occupants la meilleure sonorité possible. Cependant le poids des années se fait sentir pour ce moteur 1GR-FE, membre de la famille de moteurs GR, installé en 2002 sous le capot du FJ. Tel quel, ce moteur démontre un diagramme de puissance relativement paresseux, caractéristique ayant affecté tant de moteurs de cette époque et sa consommation d’essence le place en milieu de peloton au mieux.

Mais la plus grande surprise a été celle de la performance hors route du FJ Cruiser. Compromettant sa performance sur la route, la suspension molle et les pneus A/T spongieux seraient une bénédiction une fois rendu sur le sol terreux, pensais-je et je ne fus pas déçu en traversant des chemins de terre rudes et défoncés à bonne vitesse. Grâce aux larges plages de contact des pneus avec le sol et à la suspension molle, ce véhicule flottait par-dessus les irrégularités avec la plus grande facilité avec seulement quelques tiraillements provenant des programmes de contrôle de la traction et de la stabilité un peu trop zélés. Une fois ces contrôles interrompus, le camion se comportait d’une façon beaucoup plus progressive et sérieuse mais le fait de faire ainsi aura tendance à exagérer l’attitude lourde du haut quelque peu, exposant le véhicule à un survirage accélérant délicieux (à condition de s’y attendre) dans les virages à vitesse modérée et plus rapide.

Cependant, le FJ Cruiser a montré rapidement quelques faiblesses lorsque le temps est venu d’engager la basse vitesse. Ici dans le Nord-Ouest du Pacifique, deux éléments sont toujours présents lorsque vous quittez les sentiers battus : les lieux exigus et la boue. Moins que désireux de décorer les flancs du FJ des rayures du drapeau de la Colombie Britannique, j’ai trouvé la visibilité à bord un peu meilleure qu’atroce. Avec un capot qui s’incline presque immédiatement et un long pare-chocs qui le précède, je pouvais difficilement voir l’avant du FJ. Encore plus irritante était cette fente à boîte aux lettres que Toyota tente de faire passer pour un pare-brise. Installé à environ quatre pieds de mon visage, il ne me permettait pas de voir plus loin que quatre pieds devant le capot, ce qui, dans les pentes descendantes abruptes, restreint grandement la vision aux quatre pieds carrés de poussière que vous vous apprêtez à mettre dans le nez du FJ, étant donné que vous ne pouvez dire où se situe le m… pare-chocs.

De plus, même si le verrou de différentiel arrière peut être un petit truc chouette, je l’échangerais volontiers pour quelques pouces de plus de débattement de suspension et des pneus aux rainures légèrement plus agressives, puisque les pneus Off Road BFGoodrich A/T se remplissaient rapidement de boue et ne contribuaient presque rien en contrôle directionnel efficace sur toutes surfaces à part les plus sèches. Enfin, de même que pour tout train avant à suspension indépendante, on ne peut s’attendre à de la durabilité et de nombreux exemples sont rapportés de cas de bris d’arbres de roues motrices après seulement quelques milliers de kilomètres d’utilisation rude. À mon retour à la maison pour donner un bon nettoyage au camion, j’ai fait la découverte d’une paire de poches dans les passages de roues arrière retenant environ 1,8 kilos (4 livres) de boue qu’il était nécessaire de retirer à la main. Cette région de la carrosserie sera très sujette à la rouille dans le futur.

Également, les cages de roues sont protégées par un revêtement appliqué au pistolet, lequel a déjà commencé à disparaître après seulement 8 000 kilomètres, exposant le métal. Ceci me force à conclure que le FJ Cruiser perpétuera la fière tradition de corrosion des 4x4 de Toyota.

Comparer le FJ Cruiser aux rudes modèles Rubicon de Jeep ne rend justice à aucun des deux véhicules. Avec ses essieux robustes à l’avant et à l’arrière, ses quatre portes et ses capacités hors route nettement supérieures, il n’y a aucun doute que le Jeep profite aux amateurs (et amatrices) de plein air de ce pays d’une façon dont le FJ Cruiser de peut que rêver. À l’opposé, avec sa souplesse de roulement, son allure assurément plus attrayante et son habitacle comparativement plus luxueux, le style élégant du FJ plaira à ceux qui recherchent un véhicule sensiblement plus robuste qu’un véhicule ordinaire, mais qui refusent de renoncer au confort sur la route.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Toyota FJ Cruiser 2010
Version à l'essai Base
Fourchette de prix 31 900 $ – 38 510 $
Prix du modèle à l'essai 37 475 $
Garantie de base 3 ans/60 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 5 ans/100 000 km
Consommation (ville/route/observée) 12,5 / 9,5 / 14,2 L/100km
Options Ensemble hors route, transmission automatique
Modèles concurrents Jeep Wrangler, Nissan Xterra, Hummer H3
Points forts
  • Espace intérieur et confort
  • Douceur de roulement
  • Habitacle silencieux
  • Style
Points faibles
  • Performance sur route
Fiche d'appréciation
Consommation 3.0/5
Valeur subjective 3.0/5
Esthétique 5.0/5
Confort 4.5/5
Performances 3.5/5
Appréciation générale 3.5/5
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