Toyota Yaris, le piédestal

Publié le 19 février 2008 dans 2008 par Alain Morin

Toyota ne s’est jamais caché de vouloir devenir le constructeur automobile numéro un de la planète. Et il est en bonne voie d’y parvenir. Cependant, pour accéder à ce rang suprême, il lui faut le marché américain. Et la partie n’est pas gagnée. Les campagnes de rappel se succèdent, nuisant ainsi à l’image de la marque. De plus, le service à la clientèle de certains concessionnaires, aux É.-U. surtout, n’est pas de nature à encourager les ventes. Enfin, les immenses véhicules, autrefois si prisés en Amérique du Nord ont moins la cote. Toyota, soit dit en passant, vient de lancer un des plus gros pick-up de l’histoire… La Yaris, en attendant une Corolla qui tarde à venir, constitue une bouée de sauvetage.

La Yaris se présente en deux modèles, soit un mignon hatchback (je sais, ce n’est pas tout le monde qui sera d’accord avec l’adjectif choisi…) et une plus classique berline. La version hatchback, la première à avoir été dévoilée au public il y a désormais deux ans, est proposée en versions trois et cinq portes. À mon humble avis, les lignes de la livrée cinq portes sont plus harmonieuses et améliorent grandement l’accès aux places arrière. Pourtant, la longueur du véhicule demeure la même, c'est-à-dire courte ! Les designers de Toyota ont vraiment fait un boulot extraordinaire en réussissant à créer un habitacle suffisamment grand pour que les gens s’y installant ne se croient pas dans un aquarium... À cause de la hauteur du toit, le dégagement pour la tête s’avère plus que suffisant. Par contre, la largeur du véhicule laisse à désirer, surtout en hiver alors que les pelures s’accumulent sur les occupants. Frottage de bras garanti ! La position de conduite se trouve facilement et le confort des sièges, sans être phénoménal, se montre convenable malgré une assise pas assez profonde. À l’arrière, les sièges sont peu accueillants et la place centrale ne doit servir que pour faire suer un ami qui vous doit de l’argent. Ces dernières remarques s’appliquent aussi pour la berline qui, par contre, accorde un peu plus de dégagement pour les jambes.

Agrandir par l’intérieur

La Yaris berline, de facture plus classique, prône le même engagement envers le dégagement. En dotant la Yaris d’un coffre séparé de l’habitacle, les dimensions ont gagné en longueur (47,5 cm, ce qui n’est pas rien !) tandis que l’empattement fait 9 cm de plus. Ce sont les jambes, autant à l’avant qu’à l’arrière, qui profitent le plus de cet accroissement. Le fait d’avoir un coffre séparé de l’habitacle constitue un gros plus pour plusieurs personnes. Malgré ses 365 litres, il est toujours intéressant de savoir qu’on peut baisser les dossiers des sièges arrière pour augmenter l’espace de chargement. Dans la version hatchback, contre toute logique, quelques modèles n’offrent pas les dossiers rabattables 60/40. À ce moment, le dossier s’abaisse d’un morceau. Par contre, le hatchback propose un tableau de bord qui regorge de beaucoup plus d’espaces de rangement que celui de la berline, ce qui est un peu curieux, étant donné que les deux tableaux de bord se ressemblent beaucoup. Parmi les autres différences, mentionnons les commandes de chauffage et de climatisation, placées différemment et plus intuitives dans la version berline. Les deux planches de bord accueillent des jauges électroluminescentes situées en plein centre. Plusieurs personnes sont absolument incapables d’avoir « rien » devant le volant tandis que d’autres s’y habituent en un clin d’œil. En aucun cas, cependant, on ne trouve de jauge de température du moteur. Décevant. Et en aucun cas on ne peut vanter les mérites extraordinaires du système audio de base… Peu importe la configuration de la Yaris, la visibilité tout autour n’est jamais cauchemardesque. La finition fait preuve d’un professionnalisme dont plusieurs berlines de luxe seraient fières. De plus, la plupart des matériaux sont de qualité.

Essentiellement urbaine

Côté mécanique, la Yaris, autant berline que hatchback, fait appel à un V12 de 5,7 litres de 540 chevaux… Oups, je me mélange encore avec la Ferrari 612 Scaglietti ! La Yaris, donc, fait appel à un quatre cylindres de 1,5 litre de 106 chevaux et 103 livres-pied de couple. Une transmission manuelle à cinq rapports livre, d’office, la marchandise aux roues avant. Moyennant un supplément, on peut obtenir une automatique à quatre rapports. Les performances du moteur, entre vous et moi, n’ont rien pour vous briser les vertèbres mais, comme on dit chez les motards « ça fait la job ». Surtout en milieu urbain où il permet à la voiture de se faufiler dans le trafic comme un témoin devant le juge Gomery. Sur la grand-route, par contre, la Yaris se montre moins à l’aise puisque fort sensible aux vents latéraux. Mais n’ayez crainte, on n’a pas encore trouvé de Yaris couchée sur le côté ! La transmission manuelle montre un guidage précis même si la course est très longue. L’automatique, malgré un fonctionnement sans problèmes, ampute le plaisir de conduire ainsi que plusieurs chevaux du moteur… qui n’en a déjà pas de trop ! Si l’on achète une Yaris, c’est que la consommation d’essence s’avère un point crucial. Conduite avec modération, par temps chaud, avec une ou deux personnes à bord, la consommation est réjouissante. Par contre, dès qu’on sollicite un peu son moteur ou qu’on a la brillante idée d’amener trois copains dans Charlevoix, la Yaris requiert une bonne dose de carburant. 

Sur la route, le comportement de la Yaris ne surprend guère. Les accélérations et les reprises sont correctes pour la catégorie et bruit du moteur est bien contenu, sauf à haut régime. L’accélérateur électronique peut décontenancer au début, surtout avec la transmission manuelle alors qu’il faut moduler l’embrayage. Lancée sans retenue dans une courbe, la petite Toyota affiche un sous-virage prononcé, caractéristique des tractions (roues avant motrices). La direction n’est pas des plus vives ni des plus précises mais elle ne diffère pas tellement de ses compétitrices à ce chapitre. Les freins n’ont pas un mordant exceptionnel mais ils font correctement leur boulot.

Malgré son image de pimpante sous-compacte économique, la Yaris, autant hatchback que berline, demeure une aubaine à condition de ne pas se laisser tenter par les versions plus équipées. À ce moment, la Corolla, renouvelée incessamment, mériterait considération. De plus, il faut bien cerner ses habitudes de conduite ou son parcours quotidien car la consommation de la Yaris pourrait vous décevoir. Mais, en somme, il s’agit d’une excellente petite citadine.

Feu vert

Habitabilité surprenante, moteur généralement économique,
finition haut de gamme, valeur de revente,
citadine dans l'âme

Feu rouge

Moins à l'aise sur autoroute, consommation quelquefois
exagérée (voir texte), absence de jauge de température du moteur,
bruits de vent, direction légère

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