Mercedes-Benz Classe S, roues de fortune

Publié le 21 février 2008 dans 2008 par Alain Morin

La marque allemande Mercedes-Benz représente, pour plusieurs, le trophée ultime, la récompense d’une vie d’économies et de sueurs. Ceux-là ont bien mérité leur Mercedes Classe C ou, mieux, E. La Classe S, elle, n’est pas nécessairement un but ultime. Elle n’est que la suite logique d’une vie professionnellement bien remplie et vient généralement remplacer un modèle déjà inaccessible à la plupart des mortels. L’an dernier, Mercedes-Benz devait moderniser cette icône…

La toute dernière génération de la Classe S s’avère donc plus luxueuse, spacieuse et performante que sa devancière. Remarquez l’ordre des adjectifs… Extérieurement, les feux arrière empruntent sans vergogne à la très exclusive Maybach, tandis que les phares ont dicté ceux de la Classe CL, un coupé reprenant le châssis de la Classe S. Quant aux passages de roue très proéminents, ils auraient pu être caricaturaux mais les designers ne sont pas tombés dans le panneau de l’excès. Dans l’habitacle, les matériaux d’excellente qualité côtoient un design d’une facture sobre et de bon goût.

Quand le bas de l’échelle est au deuxième étage…

Le ticket d’entrée à la gamme S de Mercedes-Benz se trouve dans la 550. Pour un coût d’environ 120 000 $, sans les options que l’entreprise de Stuttgart ne manque pas de facturer à prix quelquefois indécents, la Classe S mise sur un V8 de 5,5 litres de 382 chevaux et 391 livres-pied de couple. L’énergie engendrée par ce moteur est canalisée par une transmission automatique à sept rapports puis dirigée vers les roues arrière. C’est ainsi que, malgré ses 2025 kilos, la Classe S offre des performances éblouissantes.

Les hivers québécois ne sont peut-être plus ce qu’ils étaient il y a plusieurs décennies, mais il n’en reste pas moins qu’une bonne traction au sol demeure primordiale quand la chaussée devient capricieuse. Moyennant à peine 2 000 $ de plus, la S550 se pare du rouage 4Matic. Cette transmission intégrale aussi sophistiquée qu’efficace permet à la grosse berline d’affronter des situations corsées sans défaillir. Prévoir environ un litre supplémentaire d’essence super par 100 kilomètres. Si ce dernier point vous fait hésiter, de grâce, tournez-vous vers une Lexus LS600h (hybride) ou vers une Hyundai Accent.

Deux autres versions de la Classe S sont proposées. Produites en quantités très limitées, les S600 et S65 AMG, avec leur V12 capable de faire pleurer Al Gore, distribuent le plaisir comme un croupier distribue des cartes. La S600 fait dans les 510 chevaux tandis que la AMG en compte 603. Franchement, de tels chiffres ne donnent leur pleine mesure que sur une piste de course et, sur les routes publiques, on peut s’amuser autant avec 510 chevaux qu’avec 603. Mais c’est sûr que les 228 000 $ demandés par la AMG paraissent bien mieux dans l’entrée de garage que les maigres 182 000 $ de la S600…

Dans tous les cas, le conducteur (la Classe S est peut-être quelquefois conduite par un chauffeur mais, dans la majorité des cas, elle sera pilotée par son propriétaire), le conducteur, donc, a droit à des performances de haut niveau. La direction des S550 et S550 4Matic n’est pas des plus enthousiastes mais cela change passablement quand on tombe dans la catégorie V12 ! Les suspensions font un travail formidable, rendant la Classe S aussi confortable qu’un tapis volant et assurant une tenue de route relevée même si la sportivité ne fait pas partie de ses gènes. Même sur chaussée dégradée, il est possible d’atteindre des vitesses quasiment supersoniques sans que la stabilité ne soit mise en cause. Dans les courbes, on dénote un roulis certain mais, s’il fallait que les choses se corsent, une panoplie de systèmes électroniques freinerait le véhicule avec autorité. Sur une version AMG, par contre, le système s’avère tout aussi imposant tout en étant plus permissif et, surtout, beaucoup plus progressif. Il est toutefois possible d’annuler le contrôle de la stabilité et de la traction et contrôler la voiture à l’accélérateur. Ben quoi, tous les propriétaires de Classe S font ça régulièrement… Lorsque la voiture sent que la soupe chaude, elle avise le système « Pre-Safe » qui tend les ceintures de sécurité, ferme les vitres et le toit ouvrant.

Bien assis dans l’échelle sociale

À l’intérieur, l’ambiance demeure feutrée, peu importe les conditions de la route. Le silence est d’or, gracieuseté de glaces ultraépaisses et, la nuit venue, une lumière orange tamise l’habitacle. Superbe. Inutile de mentionner que tous les sièges font preuve d’un confort à toute épreuve. Par contre, il faut opter pour un ensemble de près de 2 500 $ pour les avoir chauffants ! Au chapitre de l’électronique, ça pourrait être pire. Le Command Controller, une sorte de souris de console, équivalent du diabolique i-Drive de BMW, nous est apparu infiniment moins complexe dans la Mercedes-Benz. L’appuie-poignet cache un clavier téléphonique. Bravo, mais je persiste à croire que pour changer de station de radio, un bouton, facile à trouver, devrait suffire… Le coffre arrière est grand mais pas de type à y perdre une maison. Malheureusement, le dossier des sièges arrière ne s’abaisse pas et on n’y retrouve même pas de passage pour les skis !

Plus confortable mais moins sportive qu’une BMW Série 7 ou une Audi A8, moins charmeuse tout en étant beaucoup plus fiable qu’une Jaguar XJ8 et moins aseptisée que la nouvelle Lexus LS460, la Mercedes-Benz Classe S réussit, encore une fois, à marquer le pas dans la catégorie des voitures de prestige.

Feu vert

Prestige confirmé, moteurs expressifs,
traction intégrale, confort de première classe,
versions AMG prisées

Feu rouge

Prix démentiels (AMG), options dispendieuses,
électronique complexe, système GPS plutôt sommaire,
direction aseptisée

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