Honda Pilot, incognito

Publié le 22 février 2008 dans 2008 par Denis Duquet

À moins que vous ne soyez vous-même propriétaire d’une Honda Pilot, les chances sont faibles pour que vous vous souveniez d’en avoir croisé une sur la route. Pourtant, ce VUS intermédiaire est tout de même relativement populaire. La raison de cette absence de souvenir est simple : sa silhouette semble avoir été dessinée pour qu’on ne la remarque pas, absolument pas. C’est comme si les stylistes avaient voulu dessiner le véhicule incognito.

Et si vous êtes friands des théories de complot de tout acabit, vous serez sans doute l’un de ceux qui croient que la discrétion visuelle du Pilot est volontaire afin de laisser les coudées franches à l’Acura MDX qui bénéficie d’ailleurs depuis l’an dernier d’une calandre qui en met plein la vue. Donc, s’il fallait se fier aux apparences, le Pilot serait voué à l’extinction. Heureusement, il ne faut jamais juger un livre par sa couverture, et cette Honda tout usage a des arguments pour convaincre. Encore faut-il conclure à propos de sa silhouette qu’elle est discrète, mais pas nécessairement laide.

2+3+2=8

Comme le veut la tendance actuelle du marché dans cette catégorie, il est quasiment impératif d’avoir une troisième banquette, même si elle est réservée à des enfants. Personne ne veut être vu au volant d’une fourgonnette tandis que les VUS intermédiaires ont encore la cote. Mais comme ceux-ci remplacent la fourgonnette, ils doivent offrir une capacité similaire. C’est ridicule, mais les lois du marketing ne sont pas toujours logiques...

Ceci dit, il est intéressant de constater que la présentation de l’habitacle est moins terne que celle de la carrosserie. Le tableau de bord est sobre, mais l’agencement des composantes est simple et efficace. Comme sur presque tous les véhicules Honda, le volant est doté d’un moyeu bordé en sa périphérie d'une bande de couleur platine accueillant les commandes du régulateur de vitesse. Trois cadrans indicateurs font face au conducteur, abrités dans une nacelle les protégeant des rayons du soleil. L’indicateur de vitesse au centre est le plus important en dimensions et sa consultation est facile avec chiffres blancs sur fond noir. Par contre, le compte-tour n’est pas d’une grande utilité. Si vous aimez les sièges au profil galbé, vous serez déçu car les sièges baquets avant du Pilot sont relativement plats. La qualité de la finition et des matériaux est très bonne, en harmonie avec les autres véhicules de ce constructeur. D’autre part, la présence de nombreux plastiques durs surprend. Et si les sièges de la troisième rangée ne sont pas pour les grandes personnes, une fois rabattus, ils dégagent une immense soute à bagages. Abaissez les deux rangées de sièges arrière et vous obtenez 2557 litres pour transporter plein de choses.

En douceur

Si les stylistes maison manquent parfois de créativité, les ingénieurs sont toujours fidèles à leur réputation et le moteur V6 de 3,5 litres du Pilot ne fait pas mentir la réputation de Honda en la matière. Il est non seulement doux et silencieux, mais son rendement est excellent à toutes les plages d’utilisation. Certains autres moteurs plafonnent rapidement, d’autres s’essoufflent ou connaissent un passage à vide à certains régimes, ce n’est pas le cas de ce moteur V6. Il travaille en parfaite harmonie avec la boîte automatique à cinq rapports. En revanche, celle-ci est parfois prise au dépourvu, ce qui se traduit par des hésitations en certaines circonstances.

L’insonorisation est certainement perfectible, mais le confort de la suspension est digne de mention. Avec une suspension avant à jambes de force et des liens multiples à l’arrière, les trous et les bosses sont bien filtrés tandis que l’assiette est relativement neutre dans les virages. D’un autre côté, la direction à assistance électrique pourrait être plus rapide. Comme la plupart de ces mécanismes, il semble y avoir un court délai entre l’impulsion du conducteur et le changement de direction des roues.
Si la version de base à traction avant permet d’épargner quelques milliers de dollars, il paraît plus logique d’opter pour le modèle intermédiaire dont le rouage intégral ajoute énormément à la polyvalence de ce multifonction. Son comportement intéressant sur l’autoroute pourrait nous permettre de conclure que ses prestations en hors route sont décevantes. S’il est vrai que le Pilot n’a pas été conçu pour un usage abusif, il est capable de franchir bien des obstacles qui rebuteraient plusieurs autres véhicules du même genre. Et lorsque les choses se corsent, le système VTM-4 peut être utilisé en verrouillant les deux demi-arbres de couche arrière, et ce, jusqu’à une vitesse de 25 km/h avant de se désengager automatiquement.

À la veille d’être complètement redessiné, le Pilot demeure une valeur sûre tant en raison de sa grande habitabilité que de son comportement routier correct. Le moteur V6 est bien adapté et il permet même de tracter une remorque de 3 500 lbs, mais sa consommation de carburant est passablement élevée... Heureusement, il s’abreuve avec du carburant ordinaire ! Un véhicule à considérer si la silhouette anonyme ne vous empêche pas d’apprécier ses nombreuses qualités.

Feu vert

Moteur performant, rouage intégral ingénieux,
excellente visibilité, habitabilité garantie,
finition sérieuse

Feu rouge

Silhouette anonyme, direction engourdie,
3e rangée peu utile, moteur gourmand,
dans l'ombre de l'Acura MDX

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