Expérience unique- J'ai conduit l'Audi R8 électrique

Publié le 24 décembre 2010 dans Premiers contacts par Denis Duquet

Les plus pointilleux d'entre vous ont déjà observé qu’il il y a une erreur dans le titre. En effet, l’Audi R8 à propulsion électrique porte le nom de R8 e-tron… Je le sais, mais pour ne pas froisser certaines personnes, j'ai choisi un titre un peu plus neutre que celui impliquant les résultats de nos efforts gastriques. Mais vous avez raison, j'aurais dû écrire : « J'ai piloté l'Audi R8 e-tron ».

Trêve de sémantique et passons aux choses sérieuses. Tout d'abord, cet essai providentiel s'est déroulé dans le cadre d’un séminaire tenu par Audi afin de nous informer des futurs véhicules à vocation plus écologique qui seront commercialisés dans un prochain avenir. Chez Audi on désire que le nom de la marque soit automatiquement associé à des véhicules électriques tout comme le terme quattro l’est présentement avec le rouage intégral.

L'antre de la bête

Pour que nous puissions en savoir davantage sur cette spectaculaire voiture, Audi nous a amené dans un centre d'information spécialement construit pour ce séminaire. On a érigé une structure toute blanche et au design très moderne juste à côté du stade de football de la ville d'Ingolstadt, en Allemagne bien entendu. Et vous l’avez deviné, c'est Audi qui est le principal et sans doute unique commanditaire de cette équipe sportive. Pour les sportifs qui me lisent, on m'a laissé entendre que cette équipe de seconde division n'était pas terrible et qu'elle risquait la relégation cette année.

La R8 électrique était logée dans un garage adjacent à la salle servant à exhiber les maquettes grandeur nature des véhicules impliqués dans le cadre de cette présentation. Ils étaient au nombre de trois :  la A1 à propulsion électrique et avec moteur thermique d’appoint, la Q5 à moteur hybride conventionnel si l'on peut utiliser ce terme et enfin la fabuleuse R8 e-tron qui est, soit dit en passant, à propulsion exclusivement électrique.

Chacun des journalistes participant avait le droit d'effectuer une boucle de quelques kilomètres au volant de cette voiture. De la salle principale,  on accédait à un garage attenant à la structure principale par une porte coulissante qui servait de sas en quelque sorte. Une fois dans cette pièce, la spectaculaire voiture nous attendait. Bien entendu les techniciens bourdonnaient autour de la chose tandis que des terminaux de recharge avaient été montés le long des murs. Sans doute pour mettre un peu d’ambiance dans cette pièce aux murs blancs et sans aucune décoration.

Un habitacle sportif

Lorsque mon tour est venu, un assistant m’a ouvert la portière et m'a aidé à m'asseoir dans le siège du conducteur tandis que le copilote, un ingénieur cela va de soi, m'accueillait et regardait sourire en coin comment j'allais m'installer dans ce siège. En effet, il s'agit d'un siège quasiment pour voiture de course et les rebords sont particulièrement élevés. Il faut donc être passablement agile pour pouvoir s'y glisser sans se couvrir de ridicule. En dépit de ma silhouette de sexagénaire et d'une souplesse disparue, il me semble que je ne me suis pas trop mal débrouillé en prenant place dans ce siège. Une fois bien calé dans ce siège, j’ai constaté que son support latéral était super, aussi bien pour le dossier que l’assise du siège. On sent qu'on a affaire à une voiture de performances.

D'ailleurs, tout dans cette auto respire le sport. Le volant se prend bien permet et il est typique des volants sport de la marque avec sa partie inférieure carrée afin d'offrir un meilleur dégagement pour les cuisses. Et c'est la position de conduite qui est l'élément le plus marquant tant au niveau du pédalier que de la tenue du volant. Pour ce qui est de la position du levier de vitesses, ce n'est pas important car son rôle se limite au minimum. Cette voiture ne possédant qu'une seule vitesse avant et une marche arrière, ce levier est quasiment un vestige du passé.

On prend la route

Une fois bien installé et sanglé dans notre siège, le copilote appuie sur le bouton qui sert à mettre le moteur en circuit et me fait signe qu'on peut y aller. Naturellement, j’appuie sur l'accélérateur avec précautions, puisque cette bête de la route possède de la puissance et un couple vraiment impressionnants. L’énergie est fournie par une batterie ion-lithium d'un poids de 550 kilogrammes stockant 53 KWh, la capacité exploitable faisant 42,4 kWh. Elle assure une autonomie d'environ 250 kilomètres. Cette batterie a pour mission d’alimenter quatre moteurs électriques – deux sur l'essieu avant et deux sur l'essieu arrière. Ceux-ci font donc de l'Audi R8 e-tron une quattro. La transmission des forces sur les roues s'effectue au moyen d'une boîte à une vitesse et de petits arbres de couche.  La puissance de pointe est de 230 kW (313 chevaux) et le  couple maximal de 4500 Nm sur les roues, disponible dès le démarrage.

C’est donc avec précaution et à basse vitesse que je quitte ce garage provisoire. La direction est relativement lourde et très directe en plus d'être précise. Une longue ligne droite s'amorce devant nous et mon instructeur me fait signe d'accélérer, ce que je fais. En enfonçant l'accélérateur, le bolide bondit l'avant comme une bête en raison de son couple monumental. En effet, 4500 Nm, cela représente un couple de 3319 lb-pied !!! Impressionnant n’est pas le mot, ce n’est pas assez fort.

Je croyais au début que la voiture serait beaucoup plus silencieuse qu'elle ne l'est en réalité. En effet, des bruits d’engrenages et de moteurs viennent remplir l'habitacle. Cela est loin d'être une critique, car pour plusieurs le bruit mécanique dans une voiture de sport est un must.
La voiture est basse et large tandis que son poids quand même relativement élevé la fait coller à la route. Ce qui m'a impressionné le plus, ce n'est pas nécessairement la tenue de route qui est tout de même extraordinaire, mais la puissance instantanée qui est à notre disposition à la moindre sollicitation de l'accélérateur. Ici, avec une voiture électrique, on ne rétrograde pas, on ne passe pas les rapports. Avec un couple d'une telle puissance, on se contente d'appuyer sur le champignon ou de le lever le pied selon les circonstances. Dans les courbes, la voiture semble pivoter sur elle-même ce qui rend la conduite encore plus précise.

Simulant une faute d'attention, j'ai été en mesure d'effectuer un tour supplémentaire de ce circuit improvisé réalisé autour du stade de foot d'Ingolstadt. Et au fur et à mesure que je me sentais plus en confiance à son volant, cette voiture électrique gagnait en attrait. Il est vrai que son  rayon d'action est tout de même assez limité avec un maximum de 250 km, mais c'est supérieur à la moyenne des voitures électriques dévoilées jusqu'ici et qui sont généralement des sous-compactes. Et les performances sont impressionnantes car le 0- 100 km/h se boucle en 4,8 secondes.

Avec de telles performances, une telle tenue de route et un agrément de conduite relevé, cette Audi au nom qui fait sourire est la preuve que voiture électrique et conduite sportive peuvent s'unir dans la même phrase. Incidemment, la première voiture du professeur Ferdinand Porsche était justement une voiture électrique qu'il utilisait pour des compétitions de courses de côtes et c'était il y a plus de cent ans !

C'est avec regret que j'ai finalement regagné le garage temporaire de cette belle allemande, remerciant en mon for intérieur le département de relations publiques de ce constructeur de m'avoir donné l'occasion de piloter une voiture historique à plus d'un point de vue. Et si vous doutez des capacités sportives de la R8 e-tron, elle à remporté les quelques épreuves tenues à ce jour qui étaient réservées aux voitures à propulsion électrique.

Une fois la voiture immobilisée dans le garage, j’étais quelque peu perdu dans mes pensées.  Puis je vois quelqu'un ouvrir la portière et me demander de déboucler ma ceinture et de m'extirper de cette voiture. Croyez-moi, il est encore plus difficile de quitter ce siège conducteur que de s'y asseoir. C'est n’est pas  par manque de qualité athlétique, c’est tout simplement que je n'avais pas le désir de quitter la voiture mais de continuer à rouler.

Et en quittant Ingolstadt, je me suis mis à espérer de pouvoir conduire la R-8 e-tron dans un proche avenir.

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