Chevrolet SSR, histoire de jouets

Publié le 25 février 2006 dans 2006 par Gabriel Gélinas

L’histoire débute au Salon de l’auto de Détroit en janvier 2000. À cette occasion, la haute direction de General Motors présentait une pléiade de véhicules concept comme à chaque année, et le SSR faisait alors partie de la gamme des véhicules dévoilés. La réaction face à ce pick-up haute-performance de la part du public a été très vive, et le SSR a obtenu ses 15 minutes de gloire lorsque Chevrolet décida d’en faire un véhicule de série. Voilà pour l’idée de base mais malheureusement pour le SSR, plusieurs éléments du véhicule concept n’ont pas fait la transition vers le modèle de série, notamment l’élément le plus important pour un hommage à un hot-rod, soit le moteur…

En effet, le véhicule concept SSR était animé par un V8 de 6,0 litres, alors que le modèle de série ne recevait qu’un V8 de 5,3 litres développant 300 chevaux, jumelé à une transmission automatique à quatre rapports. À cause du poids élevé du SSR, les performances n’étaient pas vraiment au rendez-vous et le succès commercial escompté ne s’est tout simplement pas matérialisé, puisque le SSR avait l’allure d’un véhicule de performance mais n’était pas en mesure de livrer la marchandise. Et pour ce qui est justement de transporter de la marchandise, il fallait carrément oublier ça en raison du faible volume de chargement de la boîte. Tous ces manquements ont été rapidement relevés par la presse spécialisée et ce qui devait arriver arriva, les ventes du SSR étant alors décevantes, et ce, même si sa vocation était celle d’un véhicule de niche à faible diffusion.

L’an dernier, la direction de Chevrolet apportait une correction de tir pour raviver l’engouement envers le SSR en le dotant finalement du moteur V8 de 6,0 litres dont la puissance est passée de 390 à 400 chevaux pour cette année. Il s’agit donc du même moteur que l’on retrouve sous le capot de la Corvette, qui est par ailleurs jumelé aux mêmes boîtes de vitesse que celles de la Corvette, soit la manuelle Tremec à six vitesses ou encore l’automatique qui ne compte toujours que quatre rapports. Avec ce changement de moteur et l’ajout de la boîte manuelle, les performances en accélération sont maintenant à la hauteur des attentes crées par le style hot-rod de la carrosserie, avec un temps de 5,29 secondes pour le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure, ce qui corrige le point faible le plus évident du modèle précédent. Le SSR est donc désormais capable d’en découdre avec certaines sportives animées par des moteurs V6 en accélération franche, mais pas vraiment en tenue de route.

Pour ce qui est du comportement routier, il faut préciser que l’on a vraiment affaire à un camion. En effet, le centre de gravité est élevé ce qui lui confère un sérieux handicap en tenue de route, malgré la relative fermeté des suspensions. Tant et aussi longtemps que la route est belle et que l’on n’aborde pas les virages trop rapidement, tout va bien. Malheureusement, sur les routes dégradées et parfois presque « tiers-mondesques » du Québec, on ressent fortement les vibrations qui sont transmises jusqu’à l’habitacle, sans parler des craquements que l’on perçoit facilement surtout lorsque le toit est replié, le SSR faisant montre d’un certain manque de rigidité structurelle. Ma suggestion pour les ingénieurs de Chevrolet est la suivante : remplacer le toit rétractable par un toit fixe, ce qui aurait un effet direct sur le comportement routier du SSR en rigidifiant la structure, en allégeant le véhicule et en abaissant son centre de gravité. En plus d’avoir une conséquence sur le prix, un toit fixe étant nettement moins coûteux que le toit rétractable à commande électrique qui l’équipe présentement. Et puisqu’il est justement question du toit, précisons que le mécanisme d’ouverture et de fermeture fonctionne très bien, mais que les bruits de vent sont très présents lorsque le toit est en place, ce qui laisse entrevoir certains problèmes d’ajustement des pièces.

Conduire le SSR, c’est dire adieu à l’anonymat tellement ce véhicule attire les regards partout où l’on roule. Avec son look unique de style rétro et le choix de couleurs très vives de sa carrosserie, c’est véritablement comme conduire une auto miniature qui aurait consommé des stéroïdes. Le rétro est aussi à l’honneur pour ce qui est de l’habitacle, la couleur de la carrosserie étant reprise pour décorer certains éléments, alors qu’une bande d’aluminium brossé traverse la planche de bord d’un côté à l’autre. Toutefois, la disposition des principales commandes et indicateurs respecte les exigences de l’ergonomie et l’équipement de série du SSR est très complet.

En guise de conclusion, les changements apportés au SSR lui ont été salutaires, mais je suis d’avis que le succès de ce véhicule aurait été plus soutenu s’il avait bénéficié dès le départ des éléments que l’on a ajoutés par la suite. Aussi, lorsqu’on parle d’un véhicule de niche à l’allure rétro, il est important de comprendre que le phénomène d’engouement n’est souvent que passager, et il faut être en mesure de battre le fer pendant qu’il est chaud, ce que Chevrolet n’a pas réussi à faire. Le SSR est-il appelé à disparaître éventuellement comme la Prowler de Chrysler ? L’histoire nous l’apprendra, mais je suis d’avis que les jours du SSR sont peut-être comptés en raison du fait que plusieurs voitures offrent des performances comparables à un coût inférieur. Au prix demandé pour le SSR, c’est payer cher pour s’assurer une certaine exclusivité.

Feu vert

Design unique
Toit rétractable efficace
Moteur de 400 chevaux
Boîte manuelle à six vitesses

Feu rouge

Coût élevé
Faible volume de chargement
Bruits de vent
Craquements dans l’habitacle
Transmission automatique à 4 rapports

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