Cadillac STS, la lueur d'espoir

Publié le 26 février 2006 dans 2006 par Jacques Duval

À travers la grisaille qui recouvre actuellement le grand empire de General Motors, une petite éclaircie se dessine à l’horizon. Cette embellie s’appelle Cadillac et même si elle ne risque pas d’avoir une influence énorme sur le climat qui règne en ce moment chez le premier constructeur automobile mondial, il s’agit néanmoins d’un rayon de soleil encourageant. Ce coin de ciel bleu s’est d’abord manifesté avec l’apparition du modèle d’entrée de gamme, la CTS, et se poursuit maintenant avec l’ancienne Seville qui emprunte le vocable de STS pour nous rappeler qu’elle suit le même chemin que sa sœur cadette tant par son style que par son comportement.

Au milieu de 2005, la STS, qui n’était initialement proposée qu’avec le V8 Northstar de 320 chevaux, s’est vue offrir une version plus tempérée s’accommodant du V6 3,6 litres de 255 chevaux qui siège aussi sous le capot de la CTS. Jusque là, seul le V8 pouvait être greffé à la transmission intégrale optionnelle. Bonne nouvelle toutefois pour 2006 puisque l’on peut dorénavant bénéficier, avec le V6 aussi, de la tranquillité d’esprit que procure quatre roues motrices en hiver.

DES COURS D’ALLEMAND

General Motors insiste beaucoup depuis deux ans sur le fait que les derniers modèles Cadillac sont allés à la bonne école en effectuant leurs premiers tours de roue sur le légendaire circuit du Nurburgring en Allemagne au beau milieu de la Forêt-Noire. Avec la STS, on est donc encore une fois en présence d’une américaine qui a suivi des cours d’allemand. A-t-elle obtenu son diplôme ? C’est ce que nos essais allaient démontrer.

J’ai conduit une première STS à moteur V8 à l’automne de 2004 sur les petites routes de l’arrière-pays provençal près du circuit du Castellet. Il n’y a pas de meilleur endroit pour vérifier si une voiture possède les atouts nécessaires lui permettant d’entreprendre une carrière européenne. Or, malgré une direction peu loquace quant au coefficient d’adhérence, la Cadillac a fait preuve d’un comportement routier très solide avec un roulis bien contrôlé par une suspension dite « magnétique à commande électronique ». L’amortissement est sans doute assez ferme mais plus rassurant que désagréable, comme dans les voitures allemandes. Pour tout dire, la STS n’a jamais eu à céder la route à ses concurrentes européennes sur les petites routes en lacets empruntées pour l’occasion. Accordons une partie du mérite à l’option permettant d’équiper la voiture de roues en alliage de 18 pouces. Même le freinage ne nous a pas fait faux bond au cours de ce périple expéditif entre Fayence et Le Castellet.

Conduite au Québec deux mois plus tard, une seconde STS est venue confirmer les impressions initiales. Ainsi, son groupe propulseur est à l’abri de tout reproche : moteur et transmission automatique fonctionnent avec une grande transparence, une souplesse étonnante et une discrétion digne de mention. Le V8 Northstar de Cadillac est de toute évidence l’un des meilleurs moteurs du monde. Ses 320 chevaux emportent la STS de 0 à 100 km/h en seulement 7,4 secondes et autorisent des dépassements sûrs grâce à un chrono de 5,9 secondes entre 80 et 120 km/h, une mesure identique à celle d’une Mercedes-Benz S500. Finissons-en avec les chiffres en ajoutant que l’on peut s’attendre à une consommation de 11,4 litres aux 100 km sur autoroute, qui se soldera par une moyenne générale d’environ 13,4 litres aux 100 km.

UN V6 SOBRE

Puisqu’il est question de moteur, ajoutons que la STS V6 essayée plus tard se débrouille plutôt bien malgré son déficit de 65 chevaux. Elle ne concède que 1,2 seconde à la version V8 sur le 0-100 et 0,8 seconde au test des reprises. Pour sa part, la consommation diminue de près de 2 litres aux 100 km, ce qui est remarquable. À part les écarts du chrono, la seule différence notable entre les deux versions est que le V6 a une sonorité à la fois plus rauque et sportive que le V8. Pour le reste, je me contenterais aisément d’une STS à moteur V6.

Bien sûr, tout n’est pas parfait et si les places arrière sont très convenables, le coffre à bagages ne regorge pas d’espace avec un volume (390 litres) inférieur à celui d’une Pontiac G6 ou une Chevrolet Malibu. Même le coffre à gants ne peut recevoir un simple étui à verres fumés tellement il est étroit ! Tant de côté que de arrière, la visibilité est aussi assez médiocre. Et si l’on s’attarde aux moindres détails, on sera étonné qu’une Cadillac se contente d’un bouchon de réservoir à essence en vulgaire plastique que l’on a du mal à visser. Enfin, si je vous parle de la litanie de noms d’objets sacrés que l’on articule en voulant programmer les multiples réglages de la voiture, on aura à peu près fait le tour du chapitre des frustrations.

Je serai plus indulgent, sinon flatteur, à l’endroit d’une présentation intérieure de bon goût, d’un élégant volant mi-cuir, mi-bois, de sièges en cuir confortables et d’un tableau de bord bien réussi avec ses instruments parfaitement alignés. Je me suis même habitué à consulter l’affichage tête haute : il ne vous oblige pas à quitter la route des yeux pour lire votre vitesse. J’ai apprécié aussi le système de radar qui, une fois le pilote automatique enclenché, adapte la vitesse à l’environnement. Ainsi, si vous vous approchez d’une voiture circulant plus lentement, la STS réduira sa vitesse automatiquement.

Si la STS n’a pas encore parfaitement assimilé la langue allemande, elle en a au moins acquis les rudiments. C’est ce qui fait qu’elle arrive à très bien se débrouiller sur le vieux continent tout en offrant aux Nord-Américains une expérience de conduite qui tranche carrément avec ce que l’on associait jusqu’ici à Cadillac.

Feu vert

Excellent tandem moteur/transmission
Bonne insonorisation
Freinage endurant
Traction intégrale optionnelle

Feu rouge

Direction gommée
Faible volume du coffre
Visibilité arrière précaire
Réglages sataniques

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