Tesla Model S 2014: La voiture du 21e siècle
C’est LA voiture électrique qui change la donne. Conçue avec une approche plus typique de Silicon Valley que de Detroit, la Model S de Tesla déboulonne la notion selon laquelle une voiture électrique ne pourra jamais remplacer une voiture à moteur thermique. Oui, son prix est très élevé, sa diffusion est limitée et son autonomie exige que l’on planifie avec soin les déplacements sur de longues distances, mais quelle voiture! Compte-rendu d’une découverte aussi électrisante qu’édifiante.
Contrairement à la Tesla Roadster qui était une Lotus Elise à laquelle on avait greffé une motorisation électrique, la Model S est un pur produit de Tesla qui ne manque pas de faire tourner les têtes avec un style qui est à la fois classique et sobre. Et aussi particulièrement efficace pour ce qui est de l’aérodynamisme, comme en témoigne un Cx incroyablement bas de 0,24 rendu possible par sa calandre pleine et son fond plat, entre autres. La Model S est très réussie côté style et la qualité d’assemblage est impressionnante. Cet aspect mérite d’être souligné, car il ne faut pas perdre de vue le fait que Tesla en est à ses tout débuts en tant que constructeur et ne possède pas l’expérience des marques conventionnelles dont certaines sont aujourd’hui centenaires. À l’approche de la voiture avec la clé intelligente en poche, les poignées encastrées des portières « sortent » de leurs niches pour en permettre l’ouverture, ce qui ne manque jamais d’épater la galerie. La Model S est pourvue de deux coffres, un à l’avant et l’autre à l’arrière, ce qui permet d’embarquer jusqu’à 895 litres de bagages et représente un net avantage par rapport aux autres berlines de luxe.
Une interface de haute technologie
Un écran tactile de 17 pouces placé à la verticale au centre de la planche de bord remplace tous les boutons de commandes que l’on retrouve dans une voiture conventionnelle et son utilisation est d’une simplicité désarmante puisqu’il s’agit presque d’un iPad surdimensionné. Tous les systèmes de la voiture, de la chaine audio à la climatisation en passant par la connectivité Internet (la Model S est dotée d’une puce 3G), la fermeté de la direction, la puissance du freinage régénératif, la caméra de recul et j’en passe, sont contrôlés par cet écran tactile. Un bémol cependant, la Model S ne dispose pas assez de compartiments de rangement dans l’habitacle, ce à quoi Tesla devrait remédier prochainement en proposant une unité de rangement que l’on pourra fixer entre les deux sièges avant.
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De la puissance et de l’autonomie
À l’instar d’une voiture de luxe livrable avec plusieurs moteurs, la Model S est disponible avec un choix de batteries de 60 kWh ou de 85 kWh ainsi qu’un ensemble Performance qui n’est livrable qu’avec la batterie de 85kWh. Au volant d’une Model S équipée de la plus grosse batterie, mais qui ne comportait pas l’ensemble Performance, nous avons chronométré un sprint de 0 à 100 kilomètres/heure en 6,0 secondes et une reprise de 80 à 120 kilomètres/heure en 3,0 secondes, ce qui fait de la Model S une voiture très performante malgré son poids élevé. Dans la circulation, on n’éprouve aucune difficulté à se frayer un chemin en raison du couple abondant et toujours disponible du moteur électrique. La Model S est non seulement rapide, elle est aussi très silencieuse. On entend un peu le moteur électrique, mais c’est plutôt le bruit de roulement des pneus sur la chaussée qui est plus présent et, lors de l’accélération franche, on attend un changement de rapport qui ne viendra jamais, la livrée du couple aux roues arrière passant par une boite directe.
Pour ce qui est du comportement routier, la Model S impressionne par son confort souverain et sa tenue de route qui demeure cependant limitée par sa monte pneumatique. Son poids élevé est un autre facteur à prendre en considération, quoique la localisation du bloc de piles sous le plancher de la voiture aide à assurer un centre de gravité très bas. Avec la batterie de 85kWh, Tesla annonce une autonomie de 480 kilomètres à une vitesse moyenne de 88 kilomètres/heure. Bien que nous n’ayons pas conduit la voiture jusqu’à l’épuisement complet de l’énergie stockée dans sa batterie, une autonomie de plus de 400 kilomètres nous apparait envisageable en conduite de tous les jours. Ce qui fait de la Model S une voiture électrique qui peut remplacer une voiture à moteur thermique en faisant un minimum de compromis. Pour en savoir plus, consultez le compte-rendu de notre match comparatif au cours duquel nous l’avons opposée à l’Audi S7.
TESLA S P85
Par Jacques Duval
Motor Trend l’a élue « Voiture de l’année » et Consumer’s Report l’a portée aux nues. Personnellement, je me permets de l’élever au titre de voiture du siècle! La Tesla S est à ce point phénoménale, enivrante, passionnante, bref la récipiendaire de tout ce que le dictionnaire compte de superlatifs. D’accord, on a 86 ans pour faire mieux, mais comme nous ne serons pas là pour récapituler les grandes réalisations de ce centenaire, je prends de l’avance. Moi qui ai déjà écrit que la voiture électrique allait anéantir l’agrément de conduite, je retire mes paroles et je m’incline devant une telle réalisation.
La Tesla est en mesure d’anéantir tous les préjugés que l’on entretient sur la motorisation électrique. Car sa qualité ne se limite pas à rouler silencieusement et sans pétrole, mais à une quantité d’autres avantages qui ne pourront qu’accélérer son acceptation comme la voiture de demain. Seul un coût prohibitif peut ralentir sa prolifération et il est permis de croire que la demande accrue pourra faire diminuer considérablement les prix d’une voiture électrique moderne, performante et à la hauteur de toutes les attentes. Au-delà de ses frais d’utilisation parcimonieux, la Tesla possède un comportement routier spectaculaire , un entretien simplifié et des performances capables de faire plier toutes les exotiques de ce monde ou presque. À preuve, Stéphane, proprio de l’une des deux Tesla S mises à l’essai s’adonne, contre toute attente, à des courses d’accélération et fait régulièrement rougir la compétition, qu’elle soit au volant de Porsche, Ferrari, Mustang GT 500 ou autre méga sportive.
10 000 km presque gratuits.
Avec ses 416 chevaux et son couple explosif de 443 lb-pi, la Tesla S renvoie à la préhistoire à peu près tout ce qui existe de voitures dites rapides, qu’elles soient exotiques ou de hautes performances. Précisons que ces exploits sont ceux de la P85, soit la version la plus puissante et la plus chère des trois modèles offerts présentement par la firme californienne. C’est aussi celle qui propose la meilleure autonomie comme en témoigne l’expérience de notre cobaye qui a fait le trajet Laval-Magog-Laval en plein mois de mars avec 20 km en banque au retour à la maison. Bref, une distance de 400 km avant une recharge est facilement envisageable. Il estime aussi à 7 heures environ une recharge à partir d’une prise électrique 240 Volts. Et à plus de 10 000 km au compteur, notre homme n’a éprouvé absolument aucun pépin de quelque nature que ce soit. Sa dépense totale en électricité se chiffre à 200 $. Qui dit mieux?
Tesla travaille en ce moment à la mise au point d’un Superchargeur de seconde génération qui permettra de recharger complètement les plus de 7 000 cellules de la batterie lithium-ion en moins d’une heure (la demi charge se fait actuellement en 20 minutes).
Au volant, c’est immanquablement la promptitude des accélérations qui vous en met plein la vue en raison de l’instantanéité du couple. C’est à couper le souffle et cette sensation de vitesse se substitue aisément à l’absence des sonorités habituelles des sportives de haut rang. Avec son centre de gravité très bas, la Tesla continue de séduire par sa tenue de route et tous ses autres avantages, dont un écran de 17 pouces en lieu et place du tableau de bord.
Après avoir mené une carrière de 50 ans dans l’admiration des voitures capables de vous faire frissonner, je pourrai désormais quitter cette planète en sachant que mes descendants ne vont pas s’ennuyer au volant de voitures brimées privilégiant l’environnement à toute autre forme de plaisir. La Tesla et ses futures compagnes pourront entretenir la passion de l’automobile. J’allais oublier le boni : non satisfaite de toutes ces qualités, la Tesla est en plus belle à ravir.