Nissan GT-R NISMO 2016: Bousculer l’aristocratie

Publié le 17 juillet 2014 dans Premiers contacts par Sylvain Raymond

La Nissan GT-R a bouleversé le royaume des supervoitures lors de son introduction en 2009. L’aristocratie en a pris pour son rhume en voyant débarquer un bolide aussi performant, sans véritable noblesse et proposé à un prix de loin inférieur à celui de plusieurs modèles prestigieux. La GT-R démontre le meilleur de Nissan et renverse les conventions établies. Voilà pourquoi elle obtient l’admiration de plusieurs, surtout des plus jeunes qui ne sont jamais contre un peu d’anarchie.

Le cœur du succès de la GT-R est non seulement son style imitant celui d’une voiture de circuit, mais surtout son V6 turbocompressé de 3,8 litres, entièrement assemblé à la main, qui développe 545 chevaux pour un couple de 463 lb-pi. C’est une cavalerie supérieure à plusieurs modèles équipés de V8, notamment l'Audi R8 et la Ferrari California. Même la Porsche 911 Turbo avec son six cylindres doit se contenter de chiffres moins éloquents.

Nissan a récemment convié la presse spécialisée dans la région de Nashville au Tennessee afin de présenter sa gamme de modèles 2015. Le concept est assez simple : après quelques explications techniques, une flotte complète de véhicules est mise à notre disposition, il suffit de s’assoir dans le véhicule désiré et de démarrer. C’est en effectuant un tour d’horizon que l’on aperçoit du coin de l’œil une brochette de GT-R. En s’approchant, on repère rapidement la version de base Premium, toute peinte en grise. Voilà qui nous met l’eau à la bouche... Juste à côté, la version Black Edition se distingue notamment par son aileron en fibre de carbone, ses jantes RAYS noires de 20 pouces et ses sièges Recaro noir et rouge. De mieux en mieux!

Un mirage ou une chance en or?

Quelle ne fut pas notre stupéfaction d’apercevoir juste un peu plus loin la GT-R des GT-R, la NISMO, une voiture comportant plusieurs composantes inspirées des modèles de course de Nissan et qui sera proposée au Canada en 2016. Était-ce un mirage ou une chance en or? Elle était bien là, les clés sur le tableau de bord... Nous ne pouvions pas laisser passer notre chance de découvrir cette bête.

À l’extérieur, la GT-R NISMO reçoit un traitement aérodynamique distinct améliorant la circulation d’air et lui permettant de coller un peu plus à la route à grande vitesse. Son parechoc avant élargi laisse entrevoir des prises d’air supplémentaires peintes en rouge alors qu’à l’arrière, l’aileron en fibre de carbone contribue à augmenter l’appui aérodynamique. On obtient ainsi 220 lb d’appui supplémentaire à 300 km/h par rapport à la GT-R ordinaire. Ce que l’on ne voit pas : un châssis renforci et une légèreté accrue grâce à ses composantes en carbone. Outre l’aspect fonctionnel de tous ces éléments, la GT-R NISMO est simplement magnifique, surtout de l’arrière avec son large diffuseur d’air, ses feux tout en rondeur et son échappement quadruple. Tout un bolide!

Un bolide de 600 chevaux

Les ingénieurs de NISMO ont aussi apporté un peu de leur magie sous le capot : cette GT-R est gonflée aux stéroïdes avec ses 600 chevaux et 481 lb-pi de couple par rapport à 545 et 463 pour la version « de base ». Ce gain appréciable a été obtenu principalement grâce à la transplantation de turbos plus imposants, tirés du programme GT3 de course. On a également optimisé le contrôle d’allumage et ajouté une pompe à essence à plus grand débit pour rehausser la combustion interne. Afin de bien maitriser ces 55 chevaux supplémentaires, on a révisé la suspension en incluant des ressorts et amortisseurs réduisant davantage le roulis. Une seule transmission équipe toutes les GT-R, une automatique à double embrayage. Pas de boite mécanique, seuls des palonniers situés derrière le volant permettent de contrôler manuellement les rapports. On aimerait bien disposer d’une pédale d’embrayage supplémentaire!

À bord, l’exclusivité du NISMO est moins apparente puisque son habitacle est similaire à celui de la Black Edition avec ses sièges Recaro rouges. On apprécie l'allure sport, le pédalier métallisé et surtout le volant en alcantara. Étrange tout de même de retrouver sur ce dernier tous les contrôles du système audio et du régulateur de vitesse, ça atténue un peu l’effet bolide. On se serait attendu à une réduction de poids maximale et un habitacle beaucoup plus dénudé pour cette édition exclusive axée sur les performances. Heureusement, il y a les trois commandes de réglage de la suspension, du contrôle de la traction et de la transmission pour nous rappeler que l’on n'est pas assis dans une Sentra. Certes l’habitacle de la GT-R est confortable à souhait – on a voulu la civiliser un peu –, mais on s’attendait à davantage d’exotisme ou de distinction, ne serait-ce que pour mieux rivaliser avec les bolides auxquels elle s’attaque.

Un moteur trop sobre

Nous avons eu la chance de rouler quelques dizaines de kilomètres au volant de la GT-R NISMO. Bien entendu, ce n’est pas sur la route que l’on peut apprécier toutes ses qualités mais bien sur une piste. Malgré ses prétentions et son record au Circuit de Nürburgring, elle est agréable en conduite normale. Il est possible de parcourir de grandes distances sans souffrir, un bon point pour la GT-R.

Lorsque l’on pousse la bête, le couple et la puissance surprennent à tout coup : la voiture se plante dans le bitume et le rouage intégral transmet efficacement tous ces chevaux à la route. Il y a peu de délai dans le temps de réponse des turbos et la puissance est livrée beaucoup plus linéairement, moins brutalement qu’avec une Corvette ou une Viper. On demeure toutefois étonné de la grande sobriété sonore du moteur. On aimerait l’entendre hurler l’exclusivité de la GT-R NISMO comme c’est le cas des autres bolides du genre. Chez Nissan, on nous mentionne que l’on a voulu préserver la civilité du modèle, mais on aurait pu moduler la sonorité du moteur avec des réglages, comme c’est le cas chez Porsche et Audi. La sonorité mécanique est souvent le cœur même d’une voiture sport et dans le cas de la GT-R NISMO, on reste sur notre appétit.

Du reste, la voiture est dotée d’un équilibre parfait et d’une tenue de route impeccable. La direction est ultraprécise et on a peu de reproches à faire à la transmission à double embrayage.

Bref, la GT-R NISMO n’a peut-être pas tout le panache et l’exotisme de certaines rivales européennes, mais elle leur donne certainement la réplique côté performances.

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