Jeep Cherokee Trailhawk 2014 VS Ford Escape: ville ou campagne?

Publié le 12 novembre 2014 dans Matchs comparatifs par Frédérick Boucher-Gaulin

À moins de savoir exactement dans quoi il s'embarque, l'acheteur moyen qui magasine un petit VUS risque d'avoir une mauvaise surprise en évaluant le nombre de véhicules qui s'offrent à lui. Il s'agit d'une catégorie assez floue : entre VUS compact, multisegment et familiale, il n'y a souvent qu'un pas à faire.

Prenez par exemple les deux opposants de notre match d'aujourd'hui, le Jeep Cherokee Trailhawk et le Ford Escape Titanium. En apparence, ces deux VUS semblent très différents : le Jeep affiche une allure de guerrier des bois; l'Escape donne plus l'impression d'être une luxueuse familiale. Le Cherokee a l’air de vouloir attirer toute l'attention (avez-vous vu ses crochets de remorquage?!); le Ford est content de se fondre dans la masse avec une discrète élégance. Le Trailhawk fait confiance à un V6, tandis que le Titanium a droit à un moteur 4 cylindres turbocompressé.

Par contre, en creusant un peu, on se rend compte que nos deux protagonistes partagent plusieurs points communs : tous deux se vendent à un prix similaire (31 595 $ pour le Cherokee Trailhawk contre 33 749 $ pour l'Escape Titanium), ils ont sensiblement la même taille, le même empattement et les mêmes dimensions intérieures, par contre chacun utilise des technologies bien différentes pour tenter d'économiser du carburant. C'est donc sur la route (et dans les sentiers!) qu'il faudra départager nos concurrents.

Ford Escape, si c'est assez bon pour l'Europe...

Il est indéniable que le Ford Escape (spécialement le modèle Titanium dans sa livrée rouge métallique) est agréable à regarder. Son style européen (rappelons que le véhicule nous vient de l'autre côté de l'océan, où il est connu sous le nom de Kuga) camoufle bien sa taille, et on a l'impression d'être en face d'une familiale haute sur pattes. La hauteur est idéale pour entrer dans l'habitacle, mais il faut faire attention de ne pas se heurter la tête sur le pilier A. À l’intérieur, plusieurs détails sautent aux yeux, notamment le volant et la console centrale qui affichent une énorme ressemblance avec ceux qu'on retrouve dans la Ford Focus.

Mon modèle d'essai venait avec le système d'infodivertissement Sync; une fois qu'on s'y adapte, celui-ci fonctionne bien, à défaut d'être instinctif. La qualité des matériaux est moyenne : si certaines surfaces comme les sièges et le volant sont de très bonne facture, d'autres sont tapissées de plastique bon marché. La visibilité est excellente, autant à l'avant que sur les côtés. Le toit panoramique ajoute une touche de clarté à l'habitacle, qui est déjà très spacieux; le dégagement pour la tête est généreux.

Dès les premiers tours de roue, l'Escape affiche ses couleurs : il s'agit d'un utilitaire urbain, pas d'un camion. Les suspensions absorbent bien les bosses, l'assistance électrique du volant le rend léger et on oublie que l’on conduit un véhicule de cet acabit, ce qui est rare dans le segment. La boite automatique à six rapports est douce et accomplit sa tâche discrètement. Quant au moteur Ecoboost, il nous fait oublier l'ancien V6 Duratec : il offre beaucoup de couple à bas régime et affiche une courbe de puissance linéaire pour un engin turbocompressé. Comme le rouage intégral est toujours disponible, la puissance (240 chevaux) est facilement maitrisable. Par contre, la consommation de carburant peut surprendre : en conduite mixte, il m'était difficile de descendre sous la barre des 12,5 litres aux 100 km...

Cherokee Trailhawk : Rubicon Trail, me voici!

Si le Ford Escape est un VUS qui se prend pour une voiture, le Cherokee choisit l'approche inverse : son architecture est la même que celle qu'on retrouve sous la Dodge Dart (et la Chrysler 200S), mais son allure, sa suspension et sa conduite ont été altérées pour être dignes du nom Jeep. Je dois admettre que lorsque le véhicule fut dévoilé, j'étais un de ses détracteurs les plus ardents. Cependant, équipé de l'ensemble Trailhawk, son style particulier m'apparait sous un nouveau jour, passant de grossier à juste assez tape-à-l'œil.

L'accès à bord est facile, mais il faut se hisser un peu plus haut que pour le Ford. Une fois bien installé (les sièges baquets offrent d'ailleurs un bon soutien latéral), on peut commencer à admirer le travail des stylistes de Chrysler. Il n'y a pas si longtemps, leurs habitacles finissaient bons derniers au chapitre du style, de la qualité d'assemblage et des matériaux utilisés. Maintenant, des cuirs doux côtoient des plastiques caoutchoutés et des accents argentés du plus bel effet. Il reste bien quelques commandes (notamment la molette du Select-Trac) qui bougent et craquent si l’on appuie un peu fort, mais dans l'ensemble, c'est une belle réussite.

Sur la route, on découvre aussi un véhicule diamétralement opposé à l’Escape : les amortisseurs du Jeep, sa direction plus lourde ainsi que ses gros pneus nous indiquent qu'il s'agit d'un Jeep. La conduite est cependant sans histoire, et les longs trajets ne vous laisseront pas fatigué et endolori (comme c'était le cas au volant des anciens Cherokee). La visibilité est bonne, mis à part pour l'arrière : pour stationner, il faut se fier à la caméra de recul, dont les images sont retransmises à travers l'énorme écran de 8,4 pouces Uconnect (ou encore au système de stationnement automatisé, optionnel).

Le moteur utilisé dans les versions Trailhawk est un V6 de 3,2 litres développant 271 chevaux. C'est suffisant pour effectuer un dépassement, et sa sonorité est agréablement surprenante. Par contre, je ne peux passer sous silence la boite de vitesse qui y est reliée : il s'agit d'une automatique ne possédant pas moins de 9 rapports. Il est vrai qu'elle engendre une bonne économie d'essence (à vitesse d'autoroute, le moteur ne tourne qu'à 2 000 tours/minute, soit une consommation d'environ 9,7 litres/100. En conduite mixte, on parle d'à peu près 11,7 L/100 km). Toutefois, son fonctionnement n'est pas sans faille : les premiers rapports donnent l'impression d'être trop courts, on sent distinctement le passage entre les 2 ou 3 premiers et le reste de la boite, et il faudrait dépasser allègrement la vitesse légale pour atteindre le neuvième rapport.

Si l’on a envie de s'aventurer hors des sentiers battus, le système Select-Trac offre une gamme basse, divers modes en fonction du terrain rencontré (boue, sable, neige...) et même un essieu arrière verrouillable électroniquement. Tous ces gadgets sont suffisants pour faire franchir au petit Jeep des obstacles que ses concurrents n'oseraient même pas regarder. Pas de doute, le Trailhawk a bien mérité le badge « Trail Rated » apposé sur ses ailes avant!

Tous les gouts sont dans la nature (ou en ville!)

Le gagnant de ce match dépendra évidemment de vos gouts et besoins personnels. Si vos habitudes de vie vous amènent la plupart du temps dans les centres urbains et que votre définition de conduite hors route se résume à sortir d'une entrée mal déneigée, le Ford Escape Titanium est un choix censé qui représente le meilleur des mondes entre la position de conduite surélevée d'un VUS et la maniabilité d'une voiture confortable. Par contre, si vous aimez vous salir un peu en passant par des chemins non balisés, vous trouverez dans le Jeep Cherokee Trailhawk un véhicule capable à la fois de vous emmener au bureau tous les matins et de suivre les VTT en forêt la fin de semaine!

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