Le match des compactes de luxe: Les allemandes... et les autres!
- Tel que publié dans le Guide de l'auto 2015 -
Nous n’apprendrons à personne que pour rejoindre le plus d’acheteurs potentiels, les manufacturiers doivent élargir leur offre. Par exemple, ceux qui ont fait leur réputation dans le bas de gamme vendent maintenant des véhicules de plus de 70 000 $ (Hyundai avec sa Equus, pour ne nommer que celui-ci), tandis que ceux qui ont toujours été reconnus pour faire dans le huppé tâtent allègrement le marché de la petite voiture. Attention… petite voiture ne veut pas dire cheap. Oh que non!
Toujours est-il que ces dernières années, le créneau des compactes de luxe a littéralement explosé, les gens préférant souvent une petite voiture « full au bouchon » à une plus grande mais moins équipée. Il est possible aujourd’hui de se promener dans une Audi ou une Mercedes-Benz à peine plus grosse qu’une Honda Civic! Évidemment, le prix fait davantage Audi ou Mercedes-Benz que Honda, et les manufacturiers ont su transposer dans leurs petites bagnoles les caractéristiques qui leur ont permis de se démarquer depuis des décennies. Ce qui, semble-t-il, les autorise à demander assez cher…
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Cette année seulement, deux nouvelles venues tentent d’imposer leur loi. Un match comparatif entre ces bagnoles était donc plus que justifié, question d’y voir clair. Dans cette catégorie fort populaire, on retrouve, en ordre alphabétique : l’Acura ILX , la nouvelle Audi A3, la toute aussi nouvelle BMW Série 2, la Buick Verano, la Chevrolet Volt, la Lexus CT 200h et la récente Mercedes-Benz CLA. Quoi, une Volt parmi ces voitures? Ben oui, une Volt! De par son prix, sa sophistication technique et ses dimensions, elle « fitte» parfaitement dans cette catégorie.
De ces autos, seule la Verano n’a pu se présenter à notre match, General Motors du Canada n’ayant pas réussi à nous en dénicher une. Et une s’est pointée… en retard! En effet, nous avons dû faire notre match sans l’Audi A3, retenue au port d’Halifax. Comme nous ne pouvions pas réaliser un tel comparatif sans cette voiture tant attendue, nous avons dû user d’imagination. Il était hors de question de déplacer les dates du match qui s’est déroulé au début du mois juin. Nous avons reçu « notre » A3 à la fin de juin. Tout en sachant que ce n’était vraiment pas l’idéal, nous avons répété avec la A3 les exercices que nous avions déjà effectués avec les autres. C’est-à-dire que nous sommes retournés à Sanair, sur la même piste (triovale), nous lui avons fait subir les mêmes tests – slalom de 8 cônes distants de 80 pieds (24,4 mètres) pour une distance chronométrée de 170 mètres et piste d’environ 450 mètres parsemée de 9 virages – avec le même pilote, Costa Mouzouris (on avait apporté les mêmes cônes!). Ensuite, chaque personne qui avait participé au match a parcouru le même circuit routier et a passé la même période de temps pour faire l’analyse statique de la voiture. Évidemment, la température n’était pas la même (25 degrés et piste sèche pour tout le groupe, 20 degrés et piste humide pour la A3). Mais, comme m’a appris ma mère, dans la vie, on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut.
Au final, six voitures passablement différentes, faisant néanmoins partie de la même catégorie!
1re: AUDI A3
Pointage: 360 points
Prix de la version essayée:47 600$
On peut arriver en retard mais avec panache…
Et du panache, la Audi A3 en a à revendre! Est-ce que notre gagnante aurait été avantagée par le fait qu’elle n’a pas été testée en même temps que les autres? Difficile de répondre oui à 100 % ou non à 100 %. Une chose est certaine, elle a tellement survolé les autres qu’elle aurait gagné de toute façon. Et même si son prix était le plus élevé, ce qui lui a valu la plus forte pénalité lors de la pondération pour les prix, elle est demeurée en tête. Tous, ou presque, ont apprécié son style, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le fait qu’elle ressemble à une diminutive A4 aurait pu lui nuire mais il n’en n’est rien, la A4 jouissant d’une très belle popularité. Audi est reconnu depuis plusieurs années pour la qualité et le design de ses tableaux de bord et la petite A3 ne fait pas exception à cette règle. Sur la piste et sur la route, la A3 ne déçoit pas non plus. Si sa direction n’est pas aussi vive que celle de la BMW 228i et de la Mercedes CLA250, elle se reprend de belle façon par une tenue de route extraordinairement sûre, gracieuseté d’un rouage intégral quattro au point et de suspensions composant parfaitement avec le confort et la sportivité. La A3 a remporté cinq des sept catégories, dont la prestigieuse «Choix des essayeurs », perdant de peu celle de la sécurité au profit de la BMW 228i et celle des performances mesurées aux mains de la… Chevrolet Volt! Pourquoi? L’explication est donnée dans la partie consacrée à la Chevrolet.
« L’intérieur ne déborde pas d’espaces de rangement », Jean-Charles Lajeunesse.
« Ce n’est pas vraiment une voiture familiale. J’ai eu beaucoup de difficultés à détacher le banc d’appoint de ma fille », Marie-France Rock.
Le mot de Costa, notre pilote : « Étonnamment agile! À la limite, on sent du sous-virage mais il est très facile à contrôler à l’accélérateur ».
2e: MERCEDES-BENZ CLASSE CLA
Pointage: 336,6 points
Prix de la version essayée: 38 550$
Quand Mercedes parle aux jeunes…
Même si tous les regards sont braqués sur la sportive version AMG, on ne peut pas dire que la variante de base, la CLA250 soit mal née! En fait, c’est son équilibre général qui lui a valu cette deuxième place. Elle est arrivée deuxième dans le choix des essayeurs qui lui ont pardonné ses places arrière peu invitantes (mais plus que celles de la BMW 228i et de la Volt) et ses bruits de roulement prononcés. Certains ont aimé la sobriété de son tableau de bord, d’autres l’ont décriée. L’écran central non tactile, qui semble avoir été ajouté là à la dernière seconde, a été sévèrement critiqué. Nos trois essayeurs de moins de 30 ans ne sont pas encore revenus de ce manque à l’éthique technologique. D’ailleurs, notre essayeuse de 5 pieds 2 pouces n’a vraiment pas apprécié l’emplacement de la molette servant à contrôler les divers paramètres. Puisqu’elle doit conduire très près du volant, elle avait peine à y accéder. D’aucuns ont trouvé la suspension plutôt ferme et certains ont vertement pesté contre le foutu levier du régulateur de vitesse, une tare que traine Mercedes depuis des lunes... Mais tout le monde a été ravi par le confort des sièges avant et leur maintien ainsi que par la direction, la meilleure du groupe. Pour sa plus petite voiture, la marque à l’étoile n’a pas hésité à donner dans la sportivité, même pour la variante de base qu’est la 250. Certains abonnés à Mercedes depuis des décennies risquent de ne pas apprécier… mais il serait très surprenant qu’ils se retrouvent derrière le volant de la CLA!
« Conduite terriblement agréable », Marie-France Rock.
« Angles morts importants », Frédérick Boucher-Gaulin.
Le mot de Costa, notre pilote : « Ma surprise du match. Même s’il s’agit d’une voiture d’entrée de gamme pour Mercedes, c’est celle qui avait la meilleure plate-forme, la suspension la plus ferme et les meilleurs freins ».
3e: BMW 228I
Pointage: 321,6 points
Prix de la version essayée: 47 045$
L’indispensable gamme Sport M…
Nouvelle venue cette année, la BMW Série 2 a terminé au troisième rang. Son style extérieur et extérieur lui on fait mal. La 228i s’est payé la dernière place pour la catégorie Carrosserie, alors que la finition et l’aspect bon marché des matériaux ont été impitoyablement contestés par nos essayeurs. À cet effet, on ne peut passer sous silence une moulure de « chrome » boursoufflée sur le dessus d’un des naseaux de la grille avant, comme si la feuille de chrome avait été mal collée... Par contre, quand vient le temps de conduire la 228i, elle se reprend, sans toutefois ce petit quelque chose qui nous a fait craquer pour la A3 et la CLA. S’il y a un point qui nous a déçus de la 228i, c’est son freinage. Sauf pour la Lexus, ce fut le pire de la journée. On a même fait un freinage supplémentaire après avoir attendu que les freins soient bien refroidis et pour être sûrs que notre appareil de mesure, un Racelogic PerformanceBox, ne nous avait pas joué un vilain tour. Mais non! La troisième place de la 228i n’est pas déshonorante, toutefois, on s’attend à tellement plus d’une BMW! Si notre exemplaire avait été doté de la gamme Sport M à 2 000 $, les choses se seraient peut-être passées différemment.
« Difficile de rouler dans les zones de 50 km/h sans dépasser la limite. Ça roule tout seul, ce char-là! », Karine Phaneuf.
« Les places arrière sont difficilement accessibles et c’est encore pire pour s’en extirper! », Jean-Charles Lajeunesse.
Le mot de Costa, notre pilote : « Elle doit son temps rapide dans le slalom (NDLR 2e derrière la A3) bien plus à sa puissance qu’à la qualité de son châssis ».
4e: CHEVROLET VOLT
Pointage: 302,1 points
Prix de la version essayée: 41 091$
On aura tout vu!
À première vue, inclure la Volt dans ce groupe sélect peut paraitre inopportun… Pourtant, elle s’est permis de remporter une catégorie, et non la moindre, celle des performances mesurées. Un coup d’oeil au tableau des pointages montre cependant que n’eût été la sous-catégorie Consommation où elle a littéralement planté toutes les autres, elle aurait terminé en avant-dernière position, ex aequo avec l’Acura ILX . Pour soigner l’aérodynamique, les ingénieurs ont dû installer des becquets ici et là sous la voiture et l’abaisser le plus possible. Nos esclaves, pardons essayeurs, ont aimé le système d’infodivertissement facile à programmer et à utiliser et, surtout, le fait qu’on pouvait rouler plus de 60 km par jour sans une seule goutte d’essence. À ce sujet, mentionnons que la consommation d’essence sur piste a été de… 1,3 litre/100 km! Lorsque la voiture est arrivée à Sanair, sa batterie était pratiquement chargée à bloc et ce n’est que vers la fin de nos essais que le moteur à essence s’est mis de la partie. Si je n’ai pas noté le kilométrage total effectué sur la piste, je sais par contre qu’il ne dépassait pas les cinq kilomètres… mais quels cinq kilomètres pour une voiture électrique! Les exercices du slalom et de la piste ont fait ressortir une des lacunes propres à une voiture électrique, soit un poids élevé qui entrainait un roulis et un sous-virage certains.
« Le seuil du coffre est très élevé. Aller y chercher un sac lourd peut être problématique », Karine Phaneuf.
« Le temps de charge indiqué est véridique : 10 hr à 110V », Jean-Charles Lajeunesse.
Le mot de Costa, notre pilote : « L’absence de transmission n’enlève rien au plaisir de conduire cette voiture ».
5e: LEXUS CT200H
Pointage: 294,9 points
Prix de la version essayée: 39 483$
De belles manières ne veut pas dire de bonnes manières
La CT 200h joue à fond la carte du luxe et du prestige rattaché au logo qui orne sa jolie calandre, elle semble oublier les bonnes manières dès qu’on veut avoir le moindrement de plaisir à son volant! Dans la colonne des éléments positifs, on peut inscrire sa finition très bien réalisée et la grande qualité de ses matériaux. Elle s’est aussi très bien débrouillée dans la catégorie du confort et de l’ergonomie, mais elle a perdu énormément de points au chapitre de la conduite et, curieusement, à celui de la sécurité. Pourtant, dans les commentaires, personne n’a exprimé de dédain majeur face à la mauvaise visibilité de cette voiture alors qu’elle est arrivée avant-dernière dans la feuille de pointage. Comme quoi les perceptions et la réalité chiffrée peuvent être deux choses bien différentes. Bien peu ont apprécié la transmission CVT. Parmi les notes des gens-qui-se-fontpayer- la-pizza-pour-se-promener-dansdes- voitures-qu’ils-n’ont-pas-à-payer, on apprend que cette boite est soit bruyante, soit anémique, soit plutôt transparente. Ce dernier point est une qualité. Tous ont trouvé le coffre trop petit. D’ailleurs, même si la fiche technique dit le contraire, c’était le plus petit coffre du groupe. Bref, une voiture pour ceux qui désirent confort, luxe et qui ont plus le coeur à l’environnement qu’au plaisir.
« La CT200h manque de puissance », Marie-France Rock.
« La “souris” n’est vraiment pas pratique. Changer de poste de radio en conduisant a été toute une aventure! », Karine Phaneuf.
Le mot de Costa, notre pilote : « Selon moi, c’est la voiture la moins inspirante du groupe. Elle parait plus sportive qu’elle ne l’est en réalité. Le pire freinage de la journée ».
6e: ACURA ILX
Pointage: 291 points
Prix de la version essayée: 31 990$
Ne lui en demandons pas trop
Décidément, ce n’était pas la journée de l’ILX . Tout d’abord, Acura devait nous remettre une version à moteur 2,4 litres (201 chevaux / 170 livres-pied de couple), mais c’est plutôt une version à 2,0 litres (150 chevaux / 140 livres-pied) à laquelle nous avons eu droit. Dans une catégorie aussi relevée, autant aller à la chasse au lion avec une balle de ping-pong! Même si ce n’est pas évident à première vue, l’ILX partage plusieurs de ses éléments avec la Honda Civic. Ce qui ne l’a pas empêchée de terminer deuxième dans les catégories carrosserie et confort/ergonomie. Mais pour le reste… Soyons réalistes. Il ne faut pas trop en demander à une voiture dont les origines sont modestes. Oh, elle n’est pas mauvaise, loin de là, surtout si l’on ne cherche pas la performance à tout prix. Pourtant, aux performances mesurées, elle n’a pas été la pire. Si l’on exclut la consommation, elle est arrivée à égalité avec la Volt et devant la pauvre CT 200h. Malheureusement, son petit moteur a consommé passablement. C’est que, voyez-vous, un petit moteur doit travailler très fort quand on le sollicite le moindrement. Et lors de notre virée à Sanair, le 2,0 litres a travaillé très fort! La finition extérieure a été décriée puisque les différents panneaux de notre voiture n’étaient pas toujours bien alignés. On a beau dire que la qualité Honda n’est plus ce qu’elle était, n’empêche que pour une Acura, c’était vraiment décevant. Tout comme la direction, vague.
« Look anonyme. Difficile à repérer dans un stationnement », Frédérick Boucher-Gaulin.
« Le siège arrière est assurément la référence du groupe », Jean-Charles Lajeunesse.
Le mot de Costa, notre pilote : « La plateforme présentait passablement de flexion, à l’opposé de celle, ultrarigide, de la CLA ».
Conclusion
Des six voitures que nous avions, deux groupes se sont formés. Les allemandes détiennent le haut du pavé grâce, surtout, à leurs qualités dynamiques. Audi est demeurée fidèle à ce qui a fait sa réputation : qualité, design intérieur, tenue de route superlative et confort soigné. Voilà pourquoi elle a gagné. Le deuxième groupe est plus disparate. Une électrique, une hybride et une à moteur à combustion. Une américaine, deux japonaises. Les trois préfèrent l’économie d’essence et l’environnement au dynamisme. Notez que si l’Acura ILX n’a pas tellement bien paru au niveau de la consommation, c’est que nous l’avons poussée dans ses derniers retranchements. En conduite de tous les jours, elle est très économique. Si nous avions eu la Buick Verano, où se serait-elle retrouvée? Il s’agit d’une voiture confortable, qui peut tenir son bout en termes de tenue de route et elle est bien motorisée. D’après nos essais hebdomadaires et notre expérience, nous la plaçons en plein centre, dépassée par les allemandes mais devançant le deuxième trio. Dans la guerre que se livrent les manufacturiers pour rejoindre le plus de monde possible, les voitures compactes de luxe sont devenues des incontournables. Tellement que cette tendance se retrouve maintenant chez les VUS compacts…
Consulter le tableau de pointage
Le Guide de l’auto tient à remercier les participants du match : Frédérick Boucher-Gaulin, Jean-Charles Lajeunesse, Costa Mouzouris (pilote), Karine Phaneuf et Marie-France Rock. Nous tenons aussi à remercier Christine Imbeau du Manoir Rouville-Campbell pour la séance de photos et Jacques Guertin du circuit Sanair.
Manoir Rouville-Campbell
125, chemin des Patriotes Sud
Mont-Saint-Hilaire QC J3H 3G5
Tél. : 450 446-6060 www.manoirrouvillecampbell.com
Sanair
669, le Bas du Petit Rang Saint-François
Saint-Pie QC J0H 1W0
450 772-6400 www.sanair.ca