Match hivernal des compactes 2015 : Neige, glace & berlines compactes

Publié le 19 août 2015 dans Matchs comparatifs par Denis Duquet

- Tel que publié dans le Guide de l'auto 2015 - 

Les berlines compactes, jouissent d’une grande popularité sur notre marché. En fait, plusieurs d’entre elles dominent le palmarès des ventes. Il est donc normal que celles-ci soient testées de toutes les manières. Cela a inspiré l’équipe du Guide de l’auto à soumettre la douzaine de voitures compactes sur notre marché à un essai en hiver. Et de la neige, il y en a eu…  
Organiser un match comparatif hivernal ? Pourquoi pas ? Il sera alors possible de départager les voitures en lice autrement que sur du pavé sec et par une belle journée ensoleillée. Ça, c’était la théorie. En pratique, un tel test représente plusieurs difficultés, ce qui explique la rareté de ces matchs.Puisque les routes sont inégalement enneigées, comment s’assurer que toutes les voitures pourront rouler sur une même surface et surtout sur une surface d’une même qualité ? De plus en hiver, la traction est de première importance. Là encore, comment procéder ? Inutile de préciser que nous étions en terrain inconnu. Enfin, quel itinéraire d’essai conviendrait le mieux ?  

Après avoir analysé toutes sortes de solutions, nous avons opté pour le circuit ICAR parce que cet endroit nous permettrait de bénéficier de surfaces enneigées et glacées qui seraient d’égale qualité tout au longue notre essai. En effet, on y donne des cours de conduite de rallye et de conduite hivernale, ce qui oblige les administrateurs à maintenir les surfaces enneigées et glacées tout au long de l’hiver. D’ailleurs, chaque soir on procède à l’entretien de ces surfaces. Nous avons donc été en mesure d’organiser un slalom et un test d’efficacité de traction en plus de bénéficier d’un circuit routier enneigé. En outre, les routes environnantes ont facilité l’évaluation sur des voies dégagées en grande partie et, détail intéressant, un garage sur le site doté d’un système de lavage haute pression s’est révélé être un atout majeur pour nos capteurs d’images !  

Les dates choisies ont été les 13 et 14 mars. Ce choix fut tout d’abord basé sur le fait que nous étions à l’enseigne de l’heure avancée de l’Est. Cette heure d’ensoleillement supplémentaire a facilité la tâche notamment à notre photographe Jeremy Alan Glover, notre vidéaste Yohan Leduc et à l’équipe de tournage de l’émission Le Guide de l’auto de MAtv. De plus, au cours de cette semaine, il y avait encore quelques commissions scolaires qui étaient en relâche, ce qui devait théoriquement alléger le trafic pour nous permettre de nous rendre plus aisément à Mirabel, site du circuit ICAR, mais même les planifications les plus songées sont tributaires de dame Nature. Un printemps chaud et hâtif aurait signifié un test hivernal sur l’asphalte, rien de plus. Heureusement pour notre match, l’hiver a été interminable. Et comme si cela n’était pas suffisant, le jeudi 13, il est tombé entre 25 et 30 centimètres de neige ! Bref, nous avons été comblés pour notre match hivernal. À tel point que nous avons dû retarder le début de nos activités d’une heure et demie la première journée afin de permettre à tous nos participants de se rendre au circuit ICAR, souvent en suivant des équipes de déneigement ! Soulignons que les manufacturiers avaient monté des pneus d’hiver de marques populaires sur toutes nos voitures. En général, la première partie d’un match consiste en un examen statique de tous les véhicules, un exercice pas très intéressant en hiver. Le tout s’est bien déroulé malgré nos appréhensions. Nous étions protégés du vent par le bâtiment principal tandis que le soleil nous a pratiquement tenus au chaud. La neige étant tombée dans la nuit, le ciel bleu a été miraculeusement de la partie toute la journée, ce qui nous a permis d’effectuer le slalom et le test de traction sous des conditions stables. Ces deux exercices se sont déroulés sur une surface de neige durcie et partiellement glacée. Le slalom était un exercice aller-retour à basse vitesse effectué sur un parcours de 300 mètres dont les cônes étaient espacés de 30 mètres.  

Pour déterminer l’efficacité de la traction et des aides électroniques à la conduite, chaque essayeur immobilisait sa voiture sur la ligne de départ et accélérait à fond en ligne droite sur une distance de 300 mètres. Les voitures offrant une meilleure traction sont celles qui ont enregistré le temps le plus court. Par la suite, nos participants ont circulé sur des routes secondaires dont le revêtement alternait entre l’asphalte et des sections enneigées. Le lendemain, journée grise et glaciale de la photo de groupe et de vidéographie, les essayeurs se sont amusés sur la piste, évaluant ainsi le comportement hivernal des 12 voitures. Les résultats ont été compilés, analysés, la fiche technique révisée et voici ce que ça donne.  

1ère : Mazda3 

Pointage: 381,5 points
Prix de la: version essayée: 28 855 $ 

Surdouée 

Peu importe que le mode de compilation soit brut ou pondéré, la Mazda3 a totalement dominé ce match, remportant 14 catégories sur 27. À titre de référence sa plus proche rivale, la VW Jetta, n’a devancé toutes ses concurrentes qu’à sept reprises. Cette fois encore, la Mazda3 a eu le dessus sur sa rivale germanique. Cette domination peut s’expliquer de plusieurs façons, la plus simple étant le fait que notre lauréate était le modèle le plus récent en lice. En fait, à part des places arrière plus étroites, une visibilité perfectible ainsi qu’un classement moyen dans l’évaluation de l’efficacité du système de traction, cette Nippone a survolé le match. L’esthétique tant intérieure qu’extérieure a décrochée la première position. Son tableau de bord original avec l’ingénieux affichage tête haute a également mérité une première place. D’ailleurs, son habitacle a été nommé parmi les 10 meilleurs par la prestigieuse revue américaine Ward’s. Un seul essayeur sur 12 l’a pris en grippe puisqu’il n’y avait pas suffisamment de place pour ses bottes Sorel. Notre essayeur a même noté que seule la Mazda3 présentait cette particularité. Sa mécanique, son comportement routier et son agrément de conduite lui ont valu de devancer les onze autres voitures de ce match. Et sa tenue de route n’est pas obtenue au détriment du confort. 

La Mazda3 se classe en milieu de peloton lors du test de traction alors que le système antidérapage est trop sensible, mais elle a largement compensé dans le slalom alors qu’elle a terminé avec brio. Ce résultat s’explique en bonne partie par son équilibre général qui lui a permis de dompter le parcours enneigé parsemé de cônes. 

En conclusion, son équilibre général associé à un moteur de 2,5 litres performant et son équipement complet et sophistiqué ont convaincu nos essayeurs. Force est d’admettre qu’il s’agit de la berline compacte la plus polyvalente sur le marché offrant en plus un agrément de conduite très relevé.  

2e: Volkswagen Jetta 

Pointage:367,7 points
Prix de la version essayée: 25 490$ 

Améliorée mais...

Lors de la confrontation des berlines compactes organisée dans l’édition 2013 du Guide de l’auto, la Jetta l’avait emporté. Cependant, cette fois, malgré ses nombreuses qualités, elle n’a pu avoir le dessus sur la Mazda3, un modèle plus récent qui a davantage à offrir. Cela ne fait pas de cette allemande une mauvaise voiture, car elle a devancé tout le lot au chapitre de la finition et de la qualité des matériaux. Son moteur et sa transmission ont également été plébiscités en première place. Et à bien d’autres égards, elle a suivi de près la Mazda3 au classement. 

Ce que les gens ont le plus apprécié, c’est l’impression de solidité qui se dégage de la Jetta tandis que sa suspension, calibrée avec justesse et maintenant indépendante à l’arrière, assure une tenue de route relevée tout en offrant un bon niveau de confort. Sur le sec comme sur les surfaces enneigées, la voiture est demeurée facile à contrôler. Cependant, une pédale de frein trop molle est en désaccord avec les performances du groupe propulseur. 

Ce moteur 1,8 litre TSI lancé récemment offre un bon rendement avec des accélérations initiales franches. Toutefois, cette fougue initiale explique sans doute le piètre classement de la Jetta au chapitre de la traction alors que le système ralentit la voiture de façon énergique. 

Même si sa silhouette a été jugée très sobre par la majorité des essayeurs, tous ont aimé l’équilibre des formes. Par contre, la disposition de certaines commandes au tableau de bord explique un classement à peine au-dessus de la moyenne du match à ce chapitre. La générosité des places arrière est digne de mention, et ce caractère pratique se traduit également par un coffre de très grandes dimensions. Enfin, le désembuage du pare-brise et des vitres latérales s’est révélé fort efficace. 

Ces résultats font taire les nombreuses critiques qui ont ciblé la plus récente édition de la Jetta, attaquant les modifications apportées afin de la rendre plus compétitive.  

3e : Ford Focus 

Pointage: 357,4 points
Prix de la version essayée: 25 664 $ 

Compétitive 

Si vous êtes un tantinet observateur, vous avez remarqué que la Focus inscrite à notre match hivernal était un modèle à hayon et non pas une berline comme l’étaient les onze autres voitures. Mais comme la berline et le modèle à hayon possèdent le même équipement et un comportement routier similaire, il n’y a pas raison de s’alarmer. En contrepartie, cette configuration explique pourquoi la lunette arrière se salit plus rapidement, ce qui est désagréable en conduite hivernale. Soulignons au passage que le tableau de bord a mérité de bonnes notes pour sa présentation et il semble que les commandes vocales n’aient pas tellement indisposé nos essayeurs. Il se peut que le caractère concentré du match ne leur ait pas donné le temps de découvrir les qualités et défauts du controversé système SYNC avec MyFord Touch ! La silhouette a été appréciée au second rang et puisque celle du modèle hatchback est similaire à celle de la berline, elle n’a pas été avantagée par la présence d’un hayon. 

Le quatre cylindres 2,0 litres de 160 chevaux livre des performances dans la bonne moyenne. Toutefois, sa transmission automatique à double embrayage n’a pas mérité de très bonnes notes, notamment en raison de passages des rapports secs en rétrogradation. 

Toujours au sujet de la conduite, nos essayeurs ont apprécié la précision de la direction. La Focus figure également parmi le premier tiers du peloton au chapitre de la tenue de route. En revanche, lors du test visant à évaluer la traction pure, elle a été rétrogradée dans le bas du classement. Il lui a fallu 2,67 secondes de plus pour effectuer ce test par rapport à la Subaru Impreza qui a réalisé le temps le plus rapide. 

La troisième place de la Focus s’explique en partie par un certain manque d’homogénéité avec de très bons éléments et quelques lacunes qui détonnent. D’ailleurs, elle se classe en milieu de peloton en ce qui concerne le choix des essayeurs.  

4e : Kia Forte 

Pointage : 352,7 points
Prix de la version essayée: 27 930$ 

Remontée spectaculaire 

La génération précédente de la Forte se serait sûrement classée dans le dernier tiers du classement. Mais c’est une tout autre affaire avec cette mouture qui a été dévoilée en 2014. Comme la majorité des autres nouveaux modèles Kia, la silhouette est élégante et classique. Ce design a cependant un côté négatif alors qu’il faut se pencher plus que la moyenne pour prendre place sur la banquette arrière. La planche de bord est également réussie sur le plan esthétique bien que sa couleur « noir intégral » en ait déçu plusieurs. En contrepartie, les essayeurs ont accordé de bonnes notes à son ergonomie. 

Bien que mécaniquement jumelle de la Hyundai Elantra, elle devance celle-ci de très peu. Si l’on parcourt le tableau des résultats, c’est un chassé-croisé entre ces deux Coréennes. Curieusement, la Forte s’incline dans le slalom, mais sa tenue de route lui permet de devancer l’Elantra sous ce rapport. Le différentiel de pointage entre les deux pour le slalom s’explique par la méthode de pointage utilisée privilégiant les trois premiers (15-14-13 points) pour ensuite donner 10 points au quatrième et en donnant une note décroissante d’un point par rang par la suite. Par contre, lors de la conduite sur un circuit glacé et enneigé, les commentaires ont été partagés. Certains vantaient la facilité à contrôler la voiture en jouant de l’accélérateur, mais les dérapages ont été fréquents et plus impressionnants qu’avec les autres voitures en lice, le système antidérapage ayant semblé être pris au dépourvu par la surface enneigée de la piste, et en particulier par les plaques de glace. Lors du slalom, la direction a été l’une des plus appréciées bien que le temps enregistré soit moyen mais une fois de plus, les aides électroniques au pilotage ne l’ont pas aidée. Par ailleurs, sur la route, la direction n’a pas particulièrement brillé, et ce, malgré les réglages proposés par le système Flex que Kia ne semble pas maîtriser correctement. 

Cette berline est bien équilibrée malgré une direction décevante et des aides électroniques à la conduite manquant de constance. En contrepartie, elle nous donne l’impression de conduire une voiture beaucoup plus luxueuse. 

5e: Hyundai Elantra

Pointage: 352,1 points
Prix de la version essayée: 25 649$ 

Élégante et efficace 

La Kia Forte et la Hyundai Elantra se partagent la même plateforme et le même groupe propulseur. Il n’est donc pas surprenant qu’elles obtiennent des notes similaires. En fait, seulement quelques poussières de point les départagent. À part du slalom où la Hyundai a devancé la Kia, cette dernière a un mince avantage à presque tous les points d’évaluation. La différence est généralement très faible, mais l’Elantra doit quand même s’incliner. 

La silhouette tout comme la planche de bord n’ont rien à envier à la concurrence. D’ailleurs, cette élégance associée à un équipement complet en plus d’une garantie rassurante explique pourquoi l’Elantra est l’un des modèles les plus vendus au Québec. En revanche, cette silhouette élégante rend l’accès aux places arrière plus difficile. Bref, les deux Coréennes se partagent les mêmes points forts et points faibles. 

Le moteur 2,0 litres de 173 chevaux produit une puissance intéressante sur papier, mais ses performances ne sont pas aussi incisives que les chiffres permettent de croire. La direction n’est pas la plus précise malgré la possibilité de régler l’assistance avec le système DSSM (Driver Selectable Steering Mode). Celui-ci ne fait que rendre l’assistance plus ou moins ferme, mais rien pour gérer la précision. Le système de traction et de stabilité est vraiment très sensible, ce qui risque de surprendre certains conducteurs sur une chaussée à faible adhérence. Ajoutez une direction perfectible et vous comprendrez que cela laisse à désirer en conduite hivernale… 

Parmi les notes positives, il faut souligner le confort des sièges avant, une bonne position de conduite et un système de navigation facile. Et bien que la température ambiante fût assez clémente la première journée du match, le chauffage pour les pieds a été jugé moyen. Très populaire sur notre marché, la Hyundai Elantra souffre malgré tout d’un certain manque d’homogénéité du point de vue de la conduite hivernale.  

6e : Mitsubishi Lancer 

Pointage : 349,9 points
Prix de la version essayée : 27 998$ 

La Surprise 

La surprise de ce match est sans contredit la Lancer. Ce modèle est demeuré inchangé depuis des années et il était permis de se demander s’il allait faire bonne figure. En premier lieu, sa silhouette équarrie était en net contraste avec les silhouettes arrondies des autres concurrentes. On peut aimer ou pas cette forme, mais elle a pour avantage d’offrir une excellente visibilité et un bon dégagement pour la tête aux places arrière. Par contre, l’aileron placé sur le couvercle du coffre à bagages alourdit ce dernier et réduit la visibilité. Ce caractère quasiment rétro propose également des commandes traditionnelles qui sont de maniement facile, surtout avec des gants, un fait apprécié de nos essayeurs. 

Avec la Subaru Impreza, la Lancer était la seule à posséder la traction intégrale. Mieux encore, son système de gestion permet de régler le rouage en mode deux roues motrices, quatre roues motrices et en mode 4X4 verrouillé, contrairement au système de Subaru qui n’offre aucune possibilité de réglage. Malgré cet avantage, la Lancer a terminé un peu en retrait de l’Impreza dans notre exercice d’efficacité de traction. Cela s’explique sans doute par des pneumatiques différents. Curieusement, la Mitsubishi a terminé le slalom devant la Subaru. 

Le groupe propulseur est fort convenable avec son 2,4 litres de 168 chevaux associés à une transmission CVT qui se défend assez bien. La tenue de route est l’un des autres points forts de cette voiture et elle se débrouille aussi bien sur pavé sec qu’enneigé, tandis que la direction est précise et son diamètre de braquage dans la moyenne. Soulignons qu’elle était la seule de toutes les voitures en lice à posséder une direction à assistance hydraulique alors que les autres sont à assistance électrique, ce qui lui assurait un meilleur feedback de la route. Cette sixième place est loin d’être usurpée. Si certains éléments sont un peu vieillots, la qualité du rouage d’entraînement, la tenue de route saine, l’habitabilité ainsi qu’une solide garantie sont à placer dans la colonne des plus. 

7e: Toyota Corolla 

Pointage: 346,9 points 

Prix de la version essayée: 24 860$ 

Il ne faut pas s’attarder au septième rang de la Corolla puisque seulement une poignée de points la sépare du quatrième rang. De plus, avec la Nissan Sentra, c’était la voiture la moins chère de notre groupe d’essai. Toyota a claironné avec vigueur la transformation de cette berline il y a plusieurs mois. La silhouette tout comme la planche de bord ont été changées tandis que la mécanique a été en bonne partie reconduite. Les changements esthétiques extérieurs ont été appréciés par nos essayeurs qui lui ont accordé de bonnes notes. C’est beaucoup moins drabe que précédemment, mais les stylistes se sont tout de même gardé une petite gêne en dessinant une carrosserie plutôt conservatrice. C’est cependant beaucoup mieux qu’avant. L’habitacle est spacieux tandis que les avis ont été partagés quant à la planche de bord que plusieurs ont trouvé trop rétro. 

Avec celui de la Nissan Sentra, le moteur de 1,8 litre de la Corolla est l’un des moins vigoureux de la catégorie. Associé à une transmission automatique CVT exemplaire, sa modeste puissance permet tout de même de compter sur des accélérations correctes bien qu’il soit bruyant. Même si cette nouvelle génération est beaucoup plus agréable à conduire que l’ancienne, il y a de la place pour de l’amélioration. En outre, plusieurs essayeurs n’ont pas tellement apprécié son comportement sur la neige alors que la voiture devient instable dans les virages. Le système de contrôle de la stabilité latérale semblait moins sophistiqué que sur plusieurs des autres voitures en lice. Faute d’adopter une conduite excitante et d’impressionner la galerie avec une silhouette attrayante, cette Toyota représente toujours une excellente valeur. Sa fiabilité est légendaire sa finition sérieuse et sa longévité remarquable. Sans oublier une habitabilité de bon aloi. Voiture sage et pratique, la Corolla a cependant de la difficulté à se démarquer face à des adversaires au style plus spectaculaire, dotés de moteurs plus puissants et offrant une conduite plus relevée. 

8e: Honda Civic 

Pointage: 364,4 points
Prix de la version essayée: 26 851$ 

Dans l’éternelle lutte à laquelle se livrent ces deux ténors nippons que sont la Toyota Corolla et la Honda Civic, cette dernière s’incline de cinq dixièmes de point par rapport à la Corolla. Chez Honda, on peut toujours se consoler avec la domination de la Civic au chapitre des ventes canadiennes depuis les 16 dernières années. Ce classement en retrait surprend alors que cette voiture a été jugée pendant longtemps comme étant la plus sportive et la plus agréable à conduire de sa catégorie. Il faut souligner que la refonte effectuée en 2013 avait pour but de corriger la transformation ratée l’année précédente. Ainsi, on a révisé la planche de bord et la silhouette en plus de modifier la suspension avant, entre autres. Depuis 2014 on fait dorénavant appel à une transmission de type CVT qui s’est classée dans le premier tiers du classement. Bref, plusieurs changements destinés à rendre la voiture meilleure, donc plus compétitive et ainsi ralentir la chute des ventes sur le marché américain. 

Il faut également prendre en considération que la concurrence a été fort active depuis quelques années. Il suffit de conduire successivement une Mazda3 et une Civic pour se rendre compte de la différence. La Civic demeure toujours très intéressante, profitant d’une bonne habitabilité, propulsée par un moteur nerveux et possédant l’une des meilleures boîtes CVT sur le marché. Malheureusement, il lui manque ce punch qu’elle possédait auparavant et qui la faisait apprécier des conducteurs plus sportifs. Ce titre appartient dorénavant à la Mazda3. 

Plusieurs inconditionnels de la Civic vont nous accuser d’avoir un parti pris contre cette Honda. Pourtant, ses prestations dans le slalom, le test de traction et ses temps d’accélération ne mentent pas : plusieurs voitures lui sont supérieures. 

Toutefois, sa fiabilité, son équipement, son caractère pratique et une excellente valeur de revente continueront de mousser ses chiffres de vente. 

9e: Chevrolet Cruze 

Pointage: 345,3 points
Prix de la version essayée: 27 995$ 

Le neuvième rang de la Chevrolet Cruze doit être pris avec un grain de sel puisque seulement 4,6 points la séparent du sixième rang. En fait, cette voiture n’a aucune faiblesse majeure à part une silhouette anonyme qui commence à révéler son âge, ce qui lui a valu de se classer dans le dernier tiers des 12 voitures en lice à ce chapitre. Aussi, plusieurs ont été déçus par la planche de bord dont certaines commandes étaient déconcertantes. En outre, certains auraient apprécié des matériaux de meilleure qualité dans l’habitacle. Chevrolet a accompli de grands progrès à cet effet, mais il suffit de comparer l’habitacle de la C ruze avec celui de la Mazda3 pour se convaincre que Chevrolet a des croûtes à manger. 

Notre Chevrolet était propulsée par un moteur diesel 2,0 litres de 151 chevaux qui a impressionné tout le monde autant par sa souplesse que par son silence. La transmission automatique à six rapports ne s’est attiré aucun commentaire négatif, contrairement à la direction à assistance électrique qui manquait de feedback, ce qui explique sa très faible note sur ce plan. Dans l’ensemble, le comportement routier de cette Américaine, que ce soit sur le sec ou sur pavé enneigé, s’est révélé neutre et prévisible. La Cruze a terminé en milieu de peloton aussi bien dans le slalom que dans le test de traction. Il est permis de croire que le couple élevé à bas régime explique en partie ces résultats, l’impulsion initiale activant l’antipatinage et réduisant ainsi les temps d’accélérations et les reprises. 

Somme toute, la Cruze est une berline bien équilibrée qui a un bon niveau d’équipement et qui offre un moteur diesel à un prix très compétitif. Mais la révision annoncée pour 2015 s’impose car sa silhouette et son intérieur ont pratiquement complété leur cycle ; cela lui permettrait d’offrir une concurrence plus musclée face aux ténors de la catégorie.

10e: Subaru Impreza 

Pointage: 344,8 points
Prix de la version essayée: 26 895$ 

Il a déjà été écrit que si un match comparatif des compactes était disputé en hiver, l’Impreza terminerait facilement dans le peloton de tête. Ce n’est pas ce qui s’est produit. Pourtant, cette berline propose le rouage intégral de série, sa fabrication est soignée, son habitabilité supérieure à la moyenne et sa fiabilité sont réputées. Autant de raisons qui lui valent une excellente cote de la part de la revue Consumer Reports, la bible de la consommation chez nos voisins du Sud. 

La différence entre les deux évaluations est que la publication américaine juge les véhicules avec la raison sans tenir compte de l’émotion et de la passion. Pour paraphraser une chanson populaire, c’est également « une question de feeling », du moins en partie. Son intérieur dépouillé, une radio de piètre qualité sonore et un design banal ont influencé les gens dans leur jugement. 

Nous avions deux tractions intégrales dans ce match, la Mitsubishi Lancer et l’Impreza, et elles ont obtenu des résultats opposés dans le slalom et le test de traction. La Subaru a reçu la meilleure note en traction suivie de près par la Lancer, prouvant hors de tout doute l’avantage du rouage intégral en ligne droite. Par contre, la Lancer a facilement remporté le duel dans le slalom alors que l’Impreza a peiné à la tâche. Il faut conclure que l’aide électronique à la conduite est trop précoce tandis que la voiture sous-vire fortement. Le véritable talon d’Achille de l’Impreza est son malingre moteur 2,0 litres de 148 chevaux qui semble toujours forcer. Heureusement que la transmission CVT est l’une des meilleures de sa catégorie. 

Malgré quelques notes déficientes, l’Impreza est une voiture fort intéressante ne serait-ce pour la bonne visibilité qu’elle procure, son rouage intégral, la qualité de sa fabrication et une fiabilité de bon aloi. Une fois de plus, une concurrence plus affûtée et plus sophistiquée sous certains égards a relégué Subaru en queue de peloton d’un match du Guide de l’auto. 

11e: Nissan Sentra

Pointage: 337,4 points
Prix de la version essayée: 24 865$ 

La Sentra n’est pas dénuée de qualités. Sa silhouette, bien qu’un peu anonyme, est équilibrée et respecte la plupart des credo esthétiques du jour, tandis que son habitabilité est impressionnante pour la catégorie, sans oublier une finition soignée, une planche de bord bien agencée et un grand coffre. Ajoutez à cela un prix très compétitif et vous avez la recette du succès. Alors pourquoi, diantre, se classe-t-elle en avant-dernière place et plusieurs points derrière l’Impreza, au dixième rang ? 

Elle a été trahie en grande partie par sa transmission CVT qui a été jugée la moins bonne de la catégorie. Celle-ci ne fait pas bon ménage avec le moteur 1,8 litre de 130 chevaux. En forte accélération, ce tandem se traduit par un moulin qui beugle à qui mieux mieux. C’est un irritant majeur et on a l’impression que tout va sauter sous le capot. Ces performances en demi-teinte expliquent des résultats désarmants dans le slalom. Ce manque de puissance a cependant été un atout dans le test de traction alors que le système antipatinage a été moins intrusif. Cette petite berline sans prétention est un bon achat compte tenu de son prix et de son homogénéité. Bref, si vous faites partie des personnes qui se contentent de conduire sagement et se rendent à destination sans se préoccuper des performances et des sensations de conduite, la Sentra est un choix intéressant. Il faut également ajouter que la boîte manuelle de série devrait permettre de relever l’agrément de conduite. Pour beaucoup d’automobilistes qui utilisent leur voiture pour se rendre du point A au point B, la transmission CVT ne sera pas un irritant majeur. Sur la grande route, elle se fait presque oublier. 

Moins spectaculaire, moins puissante et certainement moins sportive, la Sentra n’en demeure pas moins une voiture pratique, économique à l’achat et qui offre en plus une bonne habitabilité. Malheureusement, toutes les autres concurrentes font mieux que ça. 

12e: Dodge Dart 

Pointage: 335,4 points
Prix de la version essayée: 29 335$ 

La Dodge Dart est une voiture énigmatique. Sa silhouette a plu à nos essayeurs tandis que la présentation de l’habitacle se méritait, au mieux, une note moyenne. En fait, sa grande faiblesse est son manque d’homogénéité. Et au tout début du match, nous avons eu la surprise de découvrir qu’elle était équipée d’une boîte manuelle, contrairement aux autres véhicules du match. Pour trouver une solution la plus juste possible, nous avons donné une note mitoyenne à l’évaluation de la transmission afin de ne pas avantager ou pénaliser la Dart. 

Dans les tests du slalom et de traction, c’est un euphémisme de dire qu’elle a déçue classant au huitième rang dans le premier et bonne dernière dans le second. Lors du test de traction, il se peut que l’essayeur assigné à cette tâche n’ait pas su tirer tout le potentiel de la boîte manuelle dont le point de friction était délicat, mais le principal coupable est un antipatinage trop sensible. Par contre, ses temps d’accélérations sont plus rassurants. Elle a par ailleurs obtenu la meilleure note au freinage en fait de distance. Toutefois, elle a perdu des points au chapitre de la modulation des freins et du « feeling » de la pédale de frein. Cette Dodge alterne entre le meilleur et le pire. Une fois qu’on est à l’intérieur, on découvre une planche de bord moderne et relativement bien dessinée. La qualité des matériaux est correcte tandis que l’écran d’affichage est de bonnes dimensions. À une exception près, tous ont apprécié la présentation affichée à l’écran qu’ils ont jugée simple à déchiffrer et à utiliser. Par ailleurs, son niveau d’équipement la place dans le premier tiers du classement. 

Pris individuellement, tous les éléments de la voiture sont intéressants. Pourtant, une fois réunis, ça manque nettement de cohésion. Malheureusement, cette Dodge ne semblait pas tellement apprécier le revêtement enneigé et encore moins la glace. Vive l’été pour la Dart ! 

Malgré la neige

Ce test hivernal tentait de démarquer les voitures les unes par rapport aux autres essentiellement en tenant compte de leur comportement sur des surfaces à faible coefficient d’adhérence et de leurs aptitudes à affronter l’hiver. Malgré la présence de deux voitures équipées de la traction intégrale, ces systèmes ne leur ont pas donné un avantage déterminant. Ils ont fait bonne figure dans les tests de traction et se sont assez bien débrouillés dans le slalom, mais ce facteur ne fut pas décisif. Tout simplement parce que les voitures modernes équipées de multiples systèmes d’aide électronique à la conduite associés à de très bons pneus d’hiver ont permis à notre dizaine de compactes à traction de bien paraître sur le circuit enneigé de la piste d’ICAR où s’est déroulé le match. Cela aurait été un tout autre résultat si l’on avait désactivé l’anti patinage, le système de stabilité latérale ou encore roulé sur des pneus quatre saisons. Mais ce ne fut pas le cas et les résultats ont été plus serrés que jamais. Une autre chose à souligner est le fait qu’en dépit de fortes précipitations de neige le premier jour et un froid glacial le lendemain, il nous a été permis de constater l’efficacité de toutes les voitures à désembuer les vitres tandis que le chauffage a été plus que généreux. Malheureusement, le temps nous a manqué pour déterminer si les occupants des places arrière bénéficiaient eux aussi d’un chauffage adéquat. 

Quant aux résultats de ce match, il n’y a vraiment pas de surprise en ce qui concerne le groupe de tête. La Mazda3 l’emporte presque avec aisance. Cette première place vient s’ajouter à une foule d’autres accessits que cette nouvelle édition de la berline a récoltée au cours des derniers mois, autant en Amérique du Nord qu’ailleurs, et souvent elle s’est retrouvée sur la courte liste de plusieurs titres de « Voiture de l’année », notamment aux États-Unis et au Canada. Élégante, performante et offrant un agrément de conduite relevé, elle a séduit nos essayeurs et les dures conditions hivernales ne l’ont pas inquiétée, pas plus que la Volkswagen Jetta qui a défendu chèrement son titre acquis lors du match comparatif de la catégorie, organisé par le Guide de l’auto dans l’édition 2013. Il aura fallu une voiture plus récente pour la déposséder du premier rang. Par la suite, les autres protagonistes se livrent une lutte serrée alors que six d’entre eux ne sont séparés que par une dizaine de points. 

Pour résumer, les différences de pointage entre les voitures engagées dans ce match s’expliquent par une plus grande homogénéité chez les leaders du groupe et celle-ci va en décroissant plus on descend au classement. Cet exercice hivernal nous permet de conclure que toutes les compactes sur le marché se tirent fort bien d’affaire face à de fortes chutes de neige et une conduite sur une surface glacée ou enneigée, preuve de l’amélioration en qualité et en sophistication mécanique et électronique des voitures de cette catégorie. À vous de trancher le débat en faveur du modèle qui répond le mieux à vos attentes et à vos goûts ! 

Merci à nos essayeurs : Daniel Beaulieu, Michel Brosseau, Daniel Duquet, Robert Gariepy, Frédérick Boucher-Gaulin, Jean-Charles Lajeunesse, André Lalanne, Gilles Olivier, François Rock, Marie-France Rock, Eric Sarrasin et Richard Stallini. 

Merci également au Circuit ICAR pour l’aide apportée dans la réalisation de ce match. 

Circuit ICAR 

12 800, Henri-Fabre 

Mirabel, Québec J7N 0A6 

Téléphone : 514 955-ICAR (4227) 

Web : www.circuiticar.com | Courriel : info@circuiticar.com   

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