Mercedes-Benz Sprinter 4x4 2015: Prêt pour le sale boulot

Parmi les véhicules de tourisme vendus au Canada, ceux qui triment le plus dur sont sans contredit les camionnettes de type pickup. On les retrouve d’un bout à l’autre du pays avec des chargements de terre, des motos, des outils de terrassement et une foule d’autres articles utiles pour le travail ou les loisirs. Pour transporter des objets qui doivent être protégés des intempéries, il y a les vénérables fourgons. Moins populaires que les camionnettes, ils offrent cependant plus de polyvalence parce qu’ils permettent de transporter soit des marchandises, soit des passagers, et parfois les deux à la fois. Pour s’aventurer hors des routes pavées, par contre, les camionnettes ont l’avantage, principalement parce qu’elles sont disponibles avec traction aux quatre roues, contrairement aux fourgons.

Mais la situation pourrait changer avec l’arrivée du Sprinter 4x4 de Mercedes-Benz. Lancé sur le marché canadien en 2003 (sous la bannière Dodge), le Sprinter n’est pas un véhicule de loisirs, c’est un véritable fourgon de travail. Et les gens de Stuttgart ont décidé qu’il était temps qu’il aille travailler un peu dans la boue et la poussière.

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Plus polyvalent

La meilleure façon de rendre le Sprinter plus polyvalent, c’était de l’offrir avec deux roues motrices de plus. Pour ce faire, Mercedes a simplement ajouté une boîte de transfert et un différentiel à l’avant à la plateforme existante. À la base, le Sprinter demeure un véhicule à propulsion arrière, tant qu’on ne sélectionne pas la fonction quatre roues motrices. Cela permet d’améliorer la consommation d’essence, surtout que la plupart des Sprinter 4x4 risquent tout de même de passer le plus clair de leur temps sur des routes pavées.

Le système à quatre roues motrices n’est pas à répartition variable; quand on l’engage, il livre en permanence 65 % du couple à l’arrière, et 35 % à l’avant. On peut également ajouter en option une gamme de vitesses courtes avec démultiplication finale haussée de 42 %, ce qui permet au Sprinter de grimper plus facilement les pentes à pic même quand l’adhérence est réduite. L’ensemble du système ajoute seulement environ 120 kg au véhicule. La capacité de charge maximale et la capacité de remorquage sont donc peu affectées. Elles sont respectivement de 2370 kg (2490 kg pour le modèle à 2RM) et de 3400 kg (3400 kg pour le modèle à 2RM).

La sélection du mode quatre roues motrices est commandée électriquement, en appuyant sur un bouton au tableau de bord tout en roulant à moins de 10 km/h. On peut également le faire à l’arrêt, mais il faudra alors peut-être avancer un peu pour que le système s’engage (sinon vous verrez clignoter, puis s’éteindre, le témoin lumineux 4x4).

Pour rehausser encore davantage les aptitudes hors-route du Sprinter, le châssis a été élevé de 10 cm à l’avant, et de 7,5 cm à l’arrière. Il en résulte une meilleure garde au sol (et un look plus sérieux pour sortir des sentiers battus). 

Un seul groupe motopropulseur est offert : un V6 diésel BlueTEC de 3,0 litres, jumelé à une transmission automatique à cinq rapports. Le moteur produit 188 chevaux et un couple maximal de 325 lb-pi.

Bâti pour travailler fort

Même si Mercedes propose moins de déclinaisons du Sprinter en version quatre roues motrices (9) qu’en version classique (14), le choix demeure abondant. Le 4x4 est offert avec empattement de 144 ou 170 pouces, toit normal ou surélevé (toit « super surélevé » disponible uniquement avec les versions 2RM), et configuration cargo ou passagers (jusqu’à 12 places). Il y a même une version à six places avec espace de chargement beaucoup plus grand que dans la version passagers. La déclinaison châssis-cabine n’est pas offerte avec les modèles 4x4.

Si vous recherchez un aménagement intérieur luxueux, vous devriez plutôt regarder du côté de la classe S... Même si la documentation de Mercedes parle d’un intérieur nettement amélioré, vous trouverez peu de caractéristiques axées sur le confort, et le choix d’options est limité. Par contre, l’habitacle est conçu pour résister à une bonne dose d’usage abusif. Les panneaux intérieurs sont faits de plastique dur et les tapis sont en caoutchouc. Si vous renversez votre café géant aromatisé au caramel en remplissant un bon de livraison, vous n’aurez qu’à passer un chiffon pour réparer les dégâts. Et si le plancher est tout sali parce que vous entrez et sortez avec vos bottes de construction boueuses, vous pourrez le nettoyer au boyau d’arrosage.

Cela dit, l’habitacle est tout de même relativement silencieux sur la route et le bruit de vent est atténué à un niveau très raisonnable dans les modèles munis de panneaux d’isolation. Si vous choisissez un Sprinter avec espace de chargement non fini, n’hésitez pas à ajouter les garnitures optionnelles (environ 500 $); vos oreilles vous en remercieront.

Soulignons enfin qu’à cause de la hauteur supplémentaire de la version 4x4, il est plus difficile d’entrer et de sortir du Sprinter. Même si je suis plutôt grand (six pieds), je devais prendre garde à chaque fois.

Dans la boue!

Une bonne partie de notre essai a eu lieu à Mica Creek, en Colombie-Britannique, sur des petites routes forestières. Les conditions étaient peu agréables pour les humains (ciel couvert, moins de 10 °C, pluie et neige occasionnelles rendant les chemins boueux), mais idéales pour tester le Sprinter 4x4.

Nous avons notamment grimpé un petit chemin étroit jusqu’à une élévation de 1000 mètres. Au début de la montée, le Sprinter s’est facilement acquitté de sa tâche grâce au mode 4x4. En approchant du sommet, par contre, les conditions sont devenues de plus en plus difficiles. À mesure que la boue devenait plus glissante et plus profonde, le gros véhicule était moins à son aise, mais personne n’est resté pris.

Le Sprinter est doté du système de contrôle électronique de la traction de Mercedes appelé 4ETS. Il applique automatiquement les freins sur les roues qui commencent à patiner, ce qui permet de transférer la puissance à celles qui offrent une meilleure traction. Sur des chemins très glissants, ce système est le talon d’Achille du Sprinter. Pour franchir les sections les plus boueuses, on nous a suggéré de désactiver le système afin de permettre aux roues de patiner, ce qui permet de garder plus facilement la vitesse acquise pour traverser les sections glissantes. En pratique, toutefois, si on faisait patiner les roues trop vite, le système recommençait à intervenir de lui-même et, éventuellement, il se remettait entièrement en fonction (sa position par défaut). Le Sprinter n’est jamais resté coincé pour de bon, mais il a parfois fallu reculer, désactiver le système à nouveau, et reprendre la montée pour arriver à bon port. Bref, le système 4ETS est conçu pour vous aider à sortir facilement d’un banc de neige, plutôt que pour aller s’enfoncer dans la boue jusqu’aux essieux...

Seul de sa classe

Le Sprinter 4x4 est un fourgon utilitaire spécialisé qui intéressera certainement les propriétaires de stations de ski, les entreprises de rafting, les compagnies de construction et toutes sortes d’autres entreprises appelées à travailler dans des régions éloignées. Il est doté de différents dispositifs de sécurité : aide à la prévention des collisions, avertisseur de changement de voie et avertisseur d’angles morts. Il y a même un dispositif de stabilisation par vents latéraux (non disponible sur les modèles 3500). Mercedes affirme que ces véhicules ont un faible coût de revient à long terme, et l’intervalle entre les entretiens a été haussé à 30 000 km pour 2015.

Il est difficile de faire des comparaisons directes parce que le Sprinter 4x4 est le seul fourgon pour marchandises ou passagers offert avec quatre roues motrices au Canada. L’échelle de prix démarre à 49 900 $. Cela peut sembler élevé à première vue, mais il s’agit d’un prix concurrentiel quand on le compare à celui de certains de ses rivaux munis de leur moteur diésel optionnel. Par exemple, un Ford Transit diésel avec équipement comparable coûte 42 700 $. Comptez 47 700 $ pour un Chevrolet Express diésel et 44 300 $ pour un Dodge Promaster 2500 diésel. Et aucun de ces trois modèles n’est offert avec traction aux quatre roues.

Répétons-le, ce véhicule n’est pas conçu pour la conduite hors-route intensive. Si vos amis propriétaires de Jeep Wrangler Rubicon vous demandent d’aller explorer des sentiers perdus en Sprinter avec eux, refusez... Par contre, le Sprinter 4x4 est tout à fait à l’aise en conduite hors-route légère, et il pourrait certainement vous emmener beaucoup plus loin en forêt que n’importe quel véhicule à deux roues motrices.