Volvo S60 Polestar 2015: au diable la subtilité

La Volvo S60 est une berline luxueuse qui se veut une alternative aux Mercedes-Benz Classe C, BMW Série 3, Cadillac ATS et Audi A4 de ce monde. Elle est confortable, ses lignes sont agréables, elle est silencieuse sur la route et peut être équipée d’une large sélection de moteurs, passant d’un économique quatre cylindres de 2 litres à un puissant six cylindres en ligne turbocompressé. Elle peut aussi recevoir un rouage intégral, assurant à son propriétaire une conduite stable même dans les pires tempêtes.

Jusqu’à tout récemment, il lui manquait ce petit quelque chose que toutes ses rivales avaient : une version sport. En effet, les modèles les plus performants (qu’on parle de la C63 AMG, de la M3 ou de la ATS-V, pour ne nommer que ceux-là) sont non seulement de bons vendeurs, mais ils ajoutent également une aura de désirabilité sur la gamme; plusieurs clients entrent chez BMW pour y acheter une M3, et repartent au volant d’une 320i avec un ensemble de badges M… À l’opposé, il n’y avait pas grand-chose dans les concessions Volvo pour qu’on s’y arrête faire du lèche-vitrine.

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Le bleu à la rescousse

Polestar, c’est en quelque sorte le bras armé de Volvo; ayant débuté comme préparateur pour la firme suédoise en 1996, cette compagnie produit des pièces performance pour les Volvo turbocompressées ainsi que des véhicules optimisés pour la course automobile. Elle opère d’ailleurs l’écurie Polestar Racing, qui a quelques voitures dans diverses séries à travers le monde. Polestar vend aussi des améliorations pour à peu près tous les véhicules de Volvo, de la petite C30 au gros VUS XC90.

La S60 Polestar est son premier effort à développer une voiture pour la route. En se basant sur le châssis de la S60 ordinaire, la firme a changé toute la suspension pour des amortisseurs Öhlins, a ajouté des barres stabilisatrices ainsi que des ressorts 80 % plus fermes que ceux d’origine et des freins Brembo à six pistons assortis de disques de 371 mm. Pour donner à la voiture un peu plus de puissance que la S60 R-Design, le moteur six cylindres de 3 litres est muni d’un nouveau turbocompresseur Borg Warner et d’un échappement à haut débit de 2,5 pouces de diamètre. Ainsi équipé, le moulin engendre 350 chevaux, soit 25 de plus que la S60 ordinaire. Cette cavalerie est relayée au rouage intégral – qui est lui aussi optimisé par Polestar — par l’entremise d’une boîte automatique à six rapports qu’on peut contrôler via les palettes montées sur le volant. Finalement, pour que l’on voie qu’il s’agit d’un modèle unique, la S60 Polestar reçoit des ajouts cosmétiques comme ses roues uniques, ses pare-chocs ainsi que son béquet arrière. Eh bien évidemment, la carrosserie est peinte en bleu Rebel (il est possible de commander sa Polestar en noir saphir, mais vous vous priveriez d’un des attraits principaux de ce modèle!).

Les petits détails

Prendre le volant d’une S60 Polestar n’est pas radicalement différent d’une R-Design de série; ce sont les petits détails qui changent tout. L’alcantara remplace les cuirs à divers endroits (comme sur ledit volant, sur les sièges, dans les doublures de porte…), les surpiqures bleues attirent le regard, le pommeau est décoré du logo Polestar et l’échappement émet une sonorité bien distincte dès qu’on appuie sur le bouton de démarrage; ce six cylindres en ligne vous rappelle qu’il est toujours prêt à vous propulser en avant, même lorsqu’il tourne au ralenti. Certaines choses ne changent pas, cependant : l’interface du système d’infodivertissement est facile à utiliser (quoiqu’un peu déroutante au début), le volant à assistance électrique ajustable permet de bien contrôler la voiture et les excellents sièges de Volvo sont encore et toujours la référence dans l’industrie, à mon humble avis.

Une fois la voiture lancée sur la route, on remarque immédiatement que la suspension Öhlins est ferme; son boulot n’est pas de vous dorloter, mais bien de garder les roues au sol quoi qu’il arrive. Le manufacturier mentionne qu’elle est manuellement ajustable en 10 positions; je n’ai pas pu déterminer dans laquelle mon modèle d’essai était, mais elle aurait pu être plus conciliante envers les nids-de-poule montréalais... Par contre, les chemins tortueux étaient un véritable plaisir à dévaler; peu importe la situation, la voiture reste neutre en virage, le châssis ne plie pas d’un iota, la boîte automatique rétrograde avec rapidité et l’échappement est carrément guttural si l’on prend la peine d’enclencher le mode Sport. 350 chevaux peuvent sembler peu dans le marché d’aujourd’hui, mais la Polestar accomplit un travail merveilleux avec ce qu’elle a sous le capot. D’ailleurs, grâce au mode Départ-canon, la berline passe de 0 à 100 km/h en 4,9 secondes, soit aussi rapidement qu’une Porsche 911 Carrera.

Un goût acquis

Volvo est pleinement conscient que la S60 Polestar n’est pas pour tout le monde; avec un prix de presque 70 000 $, elle est en lice contre des voitures beaucoup plus puissantes avec un pedigree autrement plus garni. En revanche, si vous lui donnez une chance de se démarquer, cette suédoise vous prouvera qu’elle a été conçue pour le plaisir de conduire à l’état pur, tout en offrant les avantages d’une berline. Avec une production totale limitée à 750 unités à travers le monde, elle sera aussi très rare au cours des prochaines années.

Et si vous voulez plus d’espace, il y a toujours la familiale V60 Polestar…