Toyota Corolla 2015: Elle courtise tout ce qui bouge
Soporifique, ennuyante, drabe, plate à mourir. Voilà autant de qualificatifs qui collent aux tôles de la Toyota Corolla depuis des lunes. Pourtant, cela ne l'empêche pas de connaître un succès qui fait l’envie de la concurrence. Sachez qu’il ne s’agit pas seulement de la voiture la plus répandue au Québec, mais aussi du véhicule le plus vendu dans le monde, davantage même que l'iconique Volkswagen Beetle, et ce, même en combinant l'ancienne Coccinelle et sa version rajeunie. Après plus de 40 millions d'exemplaires des 10 premières générations, la 11e compte bien gonfler encore ce palmarès… et se départir de sa réputation de voiture endormante.
Toyota parle d'un nouveau style « jeune, distinct, dynamique, etc. », et il faut bien admettre que cette Corolla est esthétiquement plus aguichante que sa devancière. Par contre, elle ne redéfinit pas la berline compacte non plus et n'est certainement pas la plus avant-gardiste de l'industrie. Il faut mettre les choses en perspective : pour ceux qui remplacent religieusement une Corolla par une autre, cette nouvelle génération peut paraître bien osée. Comme à l'époque où l'église qualifiait la musique d'Elvis de démoniaque. Sans ébranler les fidèles donc, la nouvelle Corolla est en mesure de courtiser des acheteurs qui ne la considéraient même pas auparavant.
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Recette éprouvée
Techniquement, la Corolla reprend certains éléments connus et utilisés dans le passé, mais non pas sans avoir été optimisés au passage. C’est le cas du moteur 4 cylindres de 1,8 litre que l’on dit amélioré et qui se décline en deux versions, soit avec une puissance de 132 ou 140 chevaux. Curieusement, la variante la mieux dotée est exclusive à la Corolla dite Eco. Cela s’explique par l’utilisation d’un système de commande des soupapes à variation continue nommé Valvematic qui accroît la puissance tout en améliorant l’efficacité énergétique. Combiné à des pneus à faible résistance au roulement (lire à faible adhérence) et à des carénages spécifiques sous la carrosserie afin de faciliter la pénétration dans l’air, Toyota annonce une réduction de la consommation de 0,2 litre en moyenne (ville et route) comparativement à une Corolla LE équivalente.
Ce qui mérite l’attention, c’est davantage la transmission à variation continue offerte sur les modèles LE, S et ECO. Cette dernière permet de tirer le plein potentiel d’une mécanique à la puissance plutôt juste. Détail intéressant, on a remplacé le train d’engrenages planétaires par une courroie métallique et fait en sorte de masquer l’impression d’embrayage qui glisse, souvent associé à ce type de transmissions. Le résultat est probant et plusieurs croiront être en présence d’une boîte automatique traditionnelle. D’ailleurs, il y en a bien une au programme, mais sa fréquentation est déconseillée... Proposée en option sur le modèle de base en substitution de la transmission manuelle, il s’agit de la vétuste boîte à 4 rapports qui était déjà considérée comme dépassée dans la génération précédente. Si vous ne voulez pas passer les rapports manuellement, c’est la CVT qu’il vous faut.
La jeunesse a parlé
Si la robe de la Corolla vous séduit, attendez de voir l’intérieur. C’est là que Toyota semble avoir mis le plus d’efforts pour briser le moule de la compacte ennuyante qui avait cours auparavant. Le tableau de bord arbore des lignes très horizontales, ainsi qu’un heureux mélange de finitions argentées satinées et de noir métallisé ultra lustré. Du coup, l’ancienne Corolla produite jusqu’en 2013 semble sortie tout droit des années 90. Fini les plastiques ternes et rigides : le dessus de la planche de bord et le centre du volant sont même recouverts d’une finition de similicuir avec coutures apparentes. Le soir venu, on remarque l’éclairage bleuté qui est également très réussi. On reconnait l’influence de la jeune branche Scion et c’est tant mieux. Il ne faut pas oublier aussi que l’espace intérieur est accru et que le dégagement aux places arrière est impressionnant.
Un pas dans la bonne direction
Grâce à un empattement allongé et à un châssis plus rigide, la onzième génération de la Corolla fait oublier ses devancières sur le plan du comportement routier. Si les virages se négocient avec un meilleur aplomb et que la direction communique plus clairement l’état de la chaussée, on ne peut quand même pas parler de conduite sportive. Le moteur n’est pas particulièrement en verve et proteste bruyamment s’il est poussé près de son régime maximal.
Pour autant que l’on respecte son mandat de moyen de transport fiable et économique, la Corolla ne déçoit pas. Du côté de l’agrément de conduite, même s’il y a encore un peu de chemin à faire, j’hésiterais à lui coller les adjectifs péjoratifs d’autrefois. Reste à voir si son image de « voiture de comptable » lui collera encore longtemps à la peau.