Maserati Quattroporte 2015: Le tapis rouge

Publié le 1er janvier 2015 dans 2015 par Jacques Duval

Sans autre forme de préambule, je dois dire que je me suis senti un brin nostalgique en prenant le volant de la Maserati Ghibli. Une foison de souvenirs a rapidement fait surface, et cela même s’il y a un monde de différence entre la Ghibli d’aujourd’hui et celle que j’avais eu le grand bonheur d’essayer il y a de cela 47 ans. (Voir couverture du Guide de l’auto 1969). Je me suis surtout souvenu que j’avais été accueilli à la fabrique de Maserati, à Modène en Italie, avec des égards habituellement réservés à des sommités. Je n’ai d’ailleurs jamais vraiment su pourquoi on avait ainsi déroulé le tapis rouge en ma présence!

Toujours est-il qu’à mon arrivée à l’usine, le directeur des relations publiques m’avait demandé d’attendre une dizaine de minutes, car une voiture toute neuve couleur bronze allait sortir de la chaine d’assemblage. Et c’est avec cette resplendissante Maserati Ghibli qu’un ami et moi quittâmes la ville de Modena pour aller jouer les playboys sur la Côte d’Azur. « Gardez-là autant que vous voudrez et laissez-la à l’hôtel au moment de votre départ » furent les dernières paroles de notre hôte. Il faut savoir que la Ghibli du temps était une exotique pleine saveur dont l’unique concurrence émanait du village voisin à Maranello.
Par rapport à son ancêtre devenue voiture de collection, le modèle actuel est une berline 4 ou 5 places plutôt qu’un coupé grand tourisme comme sa devancière. De toute évidence, Maserati veut en faire une concurrente des berlines de luxe de format moyen, une catégorie peuplée par les Mercedes de Classe E, l’Audi A6, la Jaguar XF, la BMW de série 5 et quelques autres. Relativement à ces dernières, je dirais toutefois que la Ghibli s’inscrit dans un créneau très particulier, au-dessus des modèles précités, mais juste en dessous de leurs versions plus musclées telles les Mercedes AMG, les Audi S6, etc.

Un délice à conduire

Des deux modèles à l’affiche, c’est le mieux équipé que j’ai essayé, soit la S Q4 dont la traction intégrale en fait le choix le plus logique pour le Québec. Cette variante hérite aussi d’une version plus poussée du V6 de 3,0 litres dont les deux turbocompresseurs haussent la puissance du moteur de base de 345 à 404 chevaux. La surprime est d’environ 12 000 $, mais dans le cas présent, c’est une somme sagement investie.

Cette Ghibli, on le devine, a été mise au point pour une clientèle nord-américaine, ce qui explique son caractère plus civilisé que d’autres exercices du genre. Même en mode Sport, la suspension ne rue jamais dans les brancards et seules les anfractuosités du revêtement tendent à faire dévier la voiture de sa trajectoire de temps à autre. Chapeau aussi aux responsables du châssis qui ont su régler les éléments de la suspension au quart de tour dans la constante poursuite du meilleur compromis confort/tenue de route. La Ghibli est parfaitement à l’aise en virage et devient un délice à conduire sur de petites routes tortueuses. La caisse accuse un certain roulis, mais la voiture demeure clouée au bitume. Parions qu’elle pourrait se mesurer à bien des sportives aguerries.

En conduite sportive, il est possible de poser l’extrémité des doigts sur les palettes de la transmission à 8 rapports tout en tenant le volant avec la paume de la main. Ce bel exemple d’ergonomie est toutefois terni par un levier de vitesses dont la gâchette est déroutante au point d’exiger une période d’adaptation. Le freinage aussi demande à être apprivoisé en ville en raison de sa soudaineté. En milieu urbain, la direction est d’une aide précieuse en plus de rendre la conduite reposante grâce à un excellent diamètre de braquage. Toutes ces qualités sont optimisées par un moteur qui parait un peu mou en attaque, mais dont les meilleures prestations sont obtenues avec le mode manuel de la transmission. On peut même en choisir le niveau de sonorité!

Un bref inventaire de l’intérieur nous fait apprécier le confort des sièges, une visibilité meilleure que la moyenne et un tableau de bord dont le revêtement gagnerait à être plus soigné. S’il y a un domaine où cette Maserati ne semble pas à la hauteur de ses origines, c’est celui de l’esthétique. Ses lignes sont d’une trop grande sobriété et, vue de profil, la Ghibli ne sort pas des sentiers battus en matière de design. Heureusement que le trident en plein centre de la calandre vient sauver la mise!

La Quattroporte pour finir en beauté
Si jamais la Ghibli vous paraissait trop étriquée, Maserati propose une grande berline au nom évocateur, la Quattroporte. Surdimensionnée par rapport à sa jeune sœur, elle mesure une trentaine de centimètres de plus avec un poids accru d'environ 200kg, ce qui lui confère un habitacle légèrement plus spacieux. La motorisation est la même que la Q4 tout comme le rouage intégral. Le prix lui aussi accuse une hausse marquée.     

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