Jaguar XK 2015: Adieu Rose!
Lancée en tant que modèle 1997 et entièrement revue pour 2006, la XK fait cette année son dernier tour de piste. L’arrivée de la F-Type, plus jeune et plus folle l’a poussée à la retraite. Elle en avait pourtant encore dans le corps, cette jolie XK, livrée, elle aussi, en versions coupé et cabriolet.
Lors de notre plus récente prise en main d’une XK, une version coupé, les nombreux regards envieux et les pouces levés prouvaient que les lignes étaient encore dans le coup. Après tout, le designer Ian Callum, disait, lors du lancement de la XK 2006, s’être inspiré des courbes de l’actrice Kate Winslet pour dessiner sa nouvelle création! Il ne partait pas de la Poune… Cependant, dix ans plus tard, quand on place la XK côte à côte avec une F-Type, force est d’admettre que cette dernière est infiniment plus moderne, moins en rondeurs, plus svelte et athlétique.
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On peut dire la même chose de l’habitacle. Celui de la XK est très bien fini, recouvert de matériaux nobles et de qualité. Le tableau de bord aussi est encore dans le coup même si certains boutons ou leviers rappellent le triste passage chez Ford (1990-2008) et qu’il faut s’attarder un peu à comprendre les différentes commandes avant de prendre la route. Elles n’ont toutefois pas la complexité de celles de certaines allemandes. Les sièges sont étonnants de confort et de maintien, même dans la version de base, si l'on peut se permettre une telle économie d’adjectif. Je parlais des sièges avant. Parce que ceux à l’arrière sont, au mieux, honteux. Aucun être humain ne devrait jamais y prendre place tellement ils sont mal foutus.
Les tympans s’amusent
S’il est une chose qui n’est pas mal foutue dans une XK, c’est la mécanique! Alors là, c’est le pactole. La XK d’entrée de gamme à 100 000 $ est dotée d’un V8 atmosphérique de 5,0 litres développant 385 chevaux. Souple et enjoué, il offre des performances pour le moins intéressantes. Mais elles sont éclipsées par celles autorisées par la XKR dont le 5,0 litres surcompressé fabrique 510 chevaux. Les accélérations et les reprises sont d’une vivacité de chat affamé traquant une belle souris bien dodue. Qu’est-ce que ça avance! Et dans un joli grondement juste un peu trop étouffé par des kilos de matériel insonorisant.
Comme si ce n’était pas suffisant, il y a aussi les XKR-S et XKR-S GT, des bêtes, rien de moins, qui tiennent plutôt de la lionne défendant ses petits que du gentil petit chat. Et là, la sonorité du moteur de la XKR n’est pas étouffée et devrait faire partie du « Top 10 » des plus beaux sons mécaniques toutes catégories et toutes décennies confondues, du moins selon les oreilles d’un gars élevé aux 390 de Ford et aux 440 Six Pack.
Au volant d’une XKR coupé, notre consommation moyenne s’est élevée à 14,0 litres aux cent kilomètres. En fait, une consommation de 12 ou 12,5 l/100 km est tout à fait plausible, mais la sonorité de l’échappement et la brutalité des accélérations ne m’ont pas laissé le choix de profiter de chevaux qui ne demandaient qu’à gambader! La transmission, une automatique à six rapports (ici, l’âge se fait sentir car dans ce créneau, il en faut, au minimum sept) fait un excellent boulot, surtout en mode Dynamic alors que toute la voiture devient plus nerveuse. Du genre à piloter avec doigté.
Épicuriens en moyens demandés
Les limites de la tenue de route ne peuvent être atteintes sur les routes publiques, la direction est précise et renseigne bien sur le travail des roues tandis que les freins sont capables de vous arracher les lunettes sur le nez. Un bref galop au volant d’une XKR-S a fait ressortir les mêmes commentaires… multipliés par 10! Si vous avez le petit 30 000 $ supplémentaire demandé pour cette version, faites-vous plaisir! Cependant, il ne faut pas se méprendre. Sauf pour la XKR-S, les autres XK sont beaucoup plus des GT que des sportives pures et dures, surtout en version cabriolet.
La XK s’apprête donc à nous quitter après tant d’années de bons et loyaux services. C’est qu’à l’heure de la retraite, on ne retient que les beaux côtés. On oublie l’habitacle plutôt étroit, la visibilité arrière particulièrement pourrie du coupé (et du cabriolet quand le toit était relevé), la valeur de revente dramatique, les coûts d’entretien absolument indécents et la fiabilité tout simplement outrageuse. Sur ce dernier point, je mentionnerai que la Porsche 911 fait nettement mieux. Mais malgré son passé glorieux et ses lignes toujours d’actualité, elle n’a pas une once de l’exotisme de la XK.
Oui, la XK s’en va. Avec un panache rarement égalé. Il y a de ces voitures qu’on n’oubliera jamais.