Mercedes-Benz Classe CLA 2015: Est-elle indigne de la marque?
Il y a une limite à étirer l’élastique et Mercedes-Benz est peut-être allé trop loin avec sa nouvelle « petite » voiture, la CLA. En quête d’une clientèle plus jeune et moins riche, la marque la plus respectée du monde, Mercedes-Benz, ajoute à sa gamme un coupé 4 portes joliment tourné qui n’est pas sans rappeler la couteuse CLS, mais à un prix considérablement moindre. Que doit-on penser de cette voiture qui, soyons francs, ne donne pas l’impression, de conduire une Mercedes-Benz? Cette sensation de robustesse qui caractérise l’entièreté de la gamme du constructeur allemand ne semble pas faire partie de l’ADN de la CLA.
J’ai plutôt eu l'impression de conduire une création asiatique. Les soubresauts de la suspension, les bruits de caisse ressentis au passage de revêtements dégradés et la présence de la traction avant ont sans doute contribué à ce complet dépaysement. Pire encore, l’orifice du réservoir d’essence se trouve à gauche comme pour les voitures japonaises alors que toutes les Mercedes, comme la plupart des autos allemandes s’alimentent du côté droit. Ce n’est pas un crime, mais juste un autre exemple de la différenciation de ce modèle par rapport au reste de la gamme. Si l’on a la sagesse d’essayer un modèle de Classe C qui est juste au-dessus de la CLA dans l’échelle de prix, on réalise rapidement que celui-ci est dans une classe à part et représente un bien meilleur achat.
Un coup de circuit
Mais il semble qu’au chapitre de l’esthétique, les stylistes de Mercedes ont réussi un véritable coup de circuit. La voiture est on ne peut plus séduisante si on lui pardonne de ressembler à une CLS rétrécie au lavage. N’empêche qu’elle fait de l’effet. Son prix, toutefois, fait sourciller et dépasse aisément 40 000 $ avec l’ajout de quelques options. C’est beaucoup quand on sait qu’il suffirait d’allonger quelques milliers de dollars de plus pour prendre le volant d’une Classe C.
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Soyons honnête, la traction avant n’a pas d’effet nocif sur la conduite à l’exception du diamètre de braquage qui n’est pas aussi court que dans les voitures à propulsion de Mercedes, des modèles du genre. En plus, les 208 ch du petit 4 cylindres turbo arrivent facilement à faire patiner les roues avant... Jumelé exclusivement à une transmission automatique à 7 rapports et double embrayage, le moteur marque une pause désagréable avant de répondre à la sollicitation de l’accélérateur. Une fois lancée par contre, la voiture prend de la vitesse promptement, stoppant le chronomètre à 7,1 secondes au passage des 100 km/h.
Je m’attendais à ce que mon désenchantement fasse une pause en essayant la version AMG 4Matic de la CLA. Or, ce n’est pas parce qu’une voiture est plus puissante ou plus rapide qu’elle est meilleure. La CLA AMG déçoit elle aussi avec sa suspension raide, son couple déstabilisant sur route en mauvais état et le même délai à l’accélération que le modèle de base. Ella a beau avoir 355 ch sous le bonnet, elle ne casse rien, d’autant plus que les mécaniques AMG ont un taux élevé de bris.
Une grande tempérance
Pour revenir à la CLA d’entrée de gamme, son moteur n’ébruite jamais sa faible cylindrée, sauf à la pompe où sa consommation est tout à fait remarquable. En roulant entre 100 et 110 km/h, j’ai obtenu une moyenne surprenante de 5,2 litres aux 100 km. C’est vraiment ce que l’on appelle de la tempérance. Même si le comportement routier est honnête, il reste que la voiture perd du mordant à cause de sa traction avant.
L’emballage fait remonter la cote de la CLA et la carrosserie fait preuve d’un soin particulier. Avec sa large bande argentée incorporant 3 grands aérateurs centraux, le tableau de bord capte de suite l’attention. L’indicateur de vitesse avec son fond gris clair et sa nuée de chiffres gris foncé s’avère difficile à lire. La visibilité arrière est limitée, un problème que la caméra de recul rend toutefois caduc.
Comme chez sa grande sœur, la CLS, la CLA fait payer sa ligne plongeante de coupé 4 portes par un accès aux places arrière qui requière une petite révérence. Une fois installés, vos passagers seront au coude à coude dans une ambiance que le revêtement noir du pavillon rend tristounette. Disons aussi que le petit écran de 5,8 pouces renfermant tout ce que l’électronique compte d’accessoire semble un ajout de dernière minute, perché sur le dessus du tableau de bord. Et pour finir le plat, la CLA n’n’échappe pas à la vilaine habitude des autres produits Mercedes où les leviers du régulateur de vitesse et des clignotants prêtent à confusion.
Admirateur respectueux des produits Mercedes-Benz, je me sens mal à l’aise de transgresser ainsi mes convictions, mais la CLA est loin de réunir les qualités qui ont fait de moi un partisan de la marque allemande. Se pourrait-il que dans son aveugle désir de conquérir les masses, la firme ne soit pas restée fidèle à ses credo? J'ai beaucoup envie de répondre oui.