Chevrolet Corvette 2016: Le deuxième étage de la fusée
La 7e génération de la Corvette a réussi un décollage digne de la NASA dès son lancement. Après avoir volé la vedette au Salon de Detroit et raflé une kyrielle de prix, la Stingray a coiffé deux grandes sportives européennes dans le match des sportives du Guide 2015 et quadruplé ses ventes pour redevenir le best-seller de sa catégorie chez nous. Elle a maintenant passé la prochaine vitesse, littéralement, avec une nouvelle version Z06 carrément époustouflante.
Si tout semble réussir à la Corvette, c’est qu’elle est réussie du tout au tout. La Stingray l’a prouvé en devançant l’an dernier la Porsche 911 Carrera 4 S et la Jaguar F-Type Coupé R au verdict des points autant que du chrono. Au circuit ICAR, elle a même creusé un énorme écart de 2,25 secondes sur ses rivales, grâce à une tenue de route incisive, aux 455 chevaux (460 avec l’échappement optionnel sport) rageurs de son V8 et à des freins d’une puissance et d’une endurance remarquables. Sur la route, l’américaine afficha un confort, une ergonomie et un raffinement inédits. Elle fut même presque aussi frugale que la 911 malgré son moteur de 6,2 litres.
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De nouvelles cibles
La Corvette s’attaque maintenant à des proies encore plus onéreuses, puissantes et redoutables sous les traits d’une nouvelle Z06. Développée en parallèle avec la C7.R qui dispute entre autres les 24 Heures du Mans, elle partage le même châssis en aluminium plus rigide de 20 %. Assez pour que la Z06 décapotable n’ait besoin d’aucun renforcement et partage les mêmes tarages de suspension. Sa capote souple se rétracte en 17 secondes, jusqu’à 50 km/h, mais elle n’a toujours pas d’arceaux de sécurité.
Le V8 tout neuf des Z06 produit 650 chevaux et 650 lb-pi de couple. C’est plus que la ZR1 malgré un compresseur plus petit, grâce à l’injection directe et au calage variable des soupapes. La cylindrée variable, qui le transforme littéralement en V4 à vitesse constante, réduit aussi sa consommation. Une boîte manuelle à 7 rapports avec compensation automatique du régime est de série et une automatique à 8 rapports avec manettes au volant est en option. Chevrolet promet un sprint 0-60 mi/h. (96,5 km/h) en 2,95 secondes et le 1/4 de mille en 10,95 secondes à 204 km/h avec l’automatique, ce qui ferait de la Z06 la sportive à moteur avant la plus rapide à ce jour. Avec une vitesse de pointe de 330 km/h en prime!
Il fallait une calandre et des prises d’air plus grandes à cette Z06 plus rapide, question de refroidir moteur et freins. Des ailes plus grandes aussi, pour des pneus plus larges. Pas étonnant que la Z06 ait un air menaçant et génère 1,2 g de force centripète en virage. Et ça lui vient plus facilement avec le groupe Z07 optionnel qui ajoute des freins Brembo à de plus grands disques en carbone, des pneus Michelin Pilot Sport Cup 2 presque lisses, un becquet plus prononcé et une section centrale réglable pour l’aileron arrière. Heureusement amovible, parce qu’elle réduit la visibilité déjà limitée de la mince lunette.
Personnalités multiples
La Z06 partage les affichages clairs et les contrôles à la fois ergonomiques et précis de la Stingray. Les sièges GT de série sont très corrects. Les baquets « compétition » optionnels ont beaucoup de gueule, mais les costauds se sentiront à l’étroit dans leur dossier non réglable et moins rembourré. Parfaits pour rouler sur un circuit, par contre.
Si en conduite normale la Stingray est un gros chat, la Z06 est un lion au repos en mode Eco (eh oui) ou Touring. Faites pivoter la molette sur la console pour passer en mode Sport, enfoncez l’accélérateur et un fabuleux rugissement s’échappe des quatre échappements à seulement 3 000 tr/min pendant que la nouvelle reine des Corvette vous plaque dans le siège. Sur la route, la Z06 est trahie par ses immenses pneus qui tapotent sur les fentes et la font dévier sur la moindre roulière. Autrement, le confort est très honnête avec les amortisseurs à variation magnétique.
Sur un circuit, en mode Track, accélérateur, direction, amortisseurs, boîte de vitesse et différentiel autobloquant sont à leur stade le plus affûté. Et l’antidérapage permet une part de dérive. La Z06 dévore les lignes droites et enfile les virages avec un équilibre et une facilité qui ont toujours manqué à ses devancières de 6e génération. Et le système d’enregistrement intégré PDR (Performance Data Recorder) vous permet d’en savourer ensuite chaque détail en vidéo HD avec les données de l’excellent affichage tête haute en surimpression.
Le plus remarquable est de constater que cette Z06 qui peut se mesurer sans complexe aux plus grandes sportives, à prix incroyable, nous fait réaliser à quel point sa sœur, la Stingray, est déjà éblouissante.