Tesla Model S 2016: Surdouées et survoltées
Il y a soixante ans, la Citroën DS était la plus moderne des voitures avec sa carrosserie fuselée ultra aérodynamique, mais aussi une suspension, une transmission et des contrôles comme on n’en avait jamais vu. Aujourd’hui, les nouvelles déesses sont les berlines Model S de Tesla qui sont aux avant-postes de la technique automobile et s’améliorent constamment. Même pendant que leurs propriétaires sommeillent. Et elles ont maintenant quatre roues motrices, si vous préférez.
On ne devrait nullement s’étonner de ce que Tesla Motors et ses créations progressent à un rythme presque conforme à la célèbre loi de Moore. Celle qui affirme que la puissance des microprocesseurs double tous les dix-huit mois dans le monde de l’informatique. Parce que Tesla appartient d’emblée à une ère nouvelle pour cette invention plus que centenaire qu’est l’automobile. Et parce qu’elle en redéfinit elle-même constamment les règles.
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Elon Musk, le meneur visionnaire de Tesla (et de SpaceX et du projet Hyperloop), décrit d’ailleurs le nouveau rouage intégral des versions D (pour Dual Motor ou moteur double) comme ‘numérique’ alors que les rouages à quatre roues motrices classiques seraient plutôt ‘analogiques’, selon lui, avec les liens mécaniques obligés entre leurs essieux.
Un rouage intégral inédit et précis
Avec un deuxième moteur installé à l’avant du châssis en aluminium des Model S, le couple livré à chacune des roues peut être modulé instantanément, avec précision. Sans arbre de transmission ou différentiel central pour alourdir la voiture ou encombrer son plancher. Les bienfaits pour le comportement et la motricité sont multiples.
Le rythme d’évolution de Tesla est tel que notre collègue Jacques Duval, qui souhaitait la venue d’une Model S à transmission intégrale dans ces pages l’an dernier, en conduit maintenant une. Il a effectivement troqué sa première berline Tesla pour une P85D, le bolide absolu de la marque, dont la puissance combinée des deux moteurs est de 691 chevaux, soit 221 à l’avant et 470 aux roues arrière. Et le couple est de 243 + 443 lb-pi pour un total de 686 lb-pi. Rien de moins, en effet.
La première P85D mise à l’essai a bouclé le 0-100 km/h en 3,7 secondes et la deuxième (sans bride électronique à 130 km/h) a franchi le 1/4 de mille en 12,4 secondes avec une pointe de 176,4 km/h. La sensation est époustouflante, avec pour seul accompagnement le sifflement des moteurs électriques. Cette dernière a également freiné de 100 km/h sur 36,5 mètres en moyenne.
Des performances de grande sportive, assurément. Carrément hallucinantes pour une grande berline dont Tesla estime le poids à 2 239 kg. Le moteur avant ajoute 132 kg et rogne une bonne partie du coffre avant de la Model S. Avec les jantes optionnelles de 21 pouces et de larges pneus Michelin Pilot Sport, la P85D est d’une agilité étonnante et impeccablement sûre et stable en virage.
La Tesla du peuple, ou presque
À bien des égards, la nouvelle 70D est cependant plus intéressante puisqu’elle rend la Model S nettement plus accessible tout en offrant la transmission intégrale et une autonomie promise de 385 km. Donc à peine moins que les 405 km de la P85D. Avec ses 329 chevaux, elle sprinte de 0 à 100 km/h en 5,4 secondes et parcourt 1/4 de mille en 13,8 secondes à 163,6 km/h. Elle est moins incisive en virage que la P85D, mais son roulement plus souple ajoute au confort. La version 85D se situe entre les deux par son prix et ses 422 chevaux, mais les devance avec une autonomie de 435 km.
Dans les Model S, les réglages se font pratiquement tous sur l’écran vertical de 17 pouces qui trône au milieu du tableau de bord. L’affichage est net et la navigation logique et simple, mais quand même distrayante. Surtout au premier abord. Les contrôles au volant et les affichages, droit devant, sont fort utiles en complément. Toute inquiétude disparaîtra vraisemblablement lorsque les Tesla pourront exploiter pleinement le système Autopilot dont elles possèdent déjà les composantes physiques. Elles pourront alors se conduire et même se garer toutes seules, promet Elon Musk. Des sceptiques encore?
Preuve additionnelle que les Model S ne sont comme aucune autre voiture : le logiciel d’exploitation de la P85D a été mis à jour pendant la nuit. Les détails de ces améliorations étaient affichés à l’écran le lendemain matin. Ils comprenaient un gain d’un dixième de seconde au sprint 0-100. Ça, je n’ai pas vérifié, mais je vous confirme la grande efficacité des Superchargeurs qui permettent une recharge presque complète en moins d’une heure. Le temps de siroter un café ou découvrir de nouvelles astuces par l’écran.