Jaguar F-PACE 2017 : tel le Cayenne chez Porsche…

Lorsque Porsche a lancé son premier VUS, le Cayenne, les « porschistes » ont crié à l’ignominie. D’ailleurs, certains n’en sont toujours pas revenus. Bien des années plus tard, c’est au tour de Jaguar de mettre le pied dans le lucratif marché des VUS. Et cette fois, personne ne s’est offusqué, tout le monde donnant allègrement dans le VUS.

Et ce ne sont surtout pas les concessionnaires Jaguar qui vont rouspéter! Imaginez. Même s’il n’est sur le marché que depuis quelques mois, le F-PACE est déjà le véhicule le plus vendu de la marque. En effet, pas moins de 229 unités ont été vendues au Canada en 2016. Ça semble peu à première vue, mais dites-vous que le deuxième véhicule le plus populaire chez Jaguar durant la même période a été la berline XE avec 105 ventes…

• À lire aussi: Jaguar F-PACE 2017 : pourquoi avoir attendu si longtemps?
• À lire aussi: Lancement des Jaguar XE et F-PACE 2017 à Montréal : « la fin des Allemandes »

Y’en n’aura pas de facile…

Qu’en est-il de ce F-PACE? Soulignons tout d’abord qu’il s’agit d’un VUS compact de luxe, au même titre que les BMW X3, Mercedes-Benz GLC ou Porsche Macan. Comme l’on peut s’y attendre, il n’entre pas en concurrence directe avec le Range Rover Evoque, même si la plupart des gens qui magasinent pour l’un vont aller voir l’autre. Vous saviez assurément que Jaguar et Land Rover appartiennent à la marque indienne Tata… Tout le monde sait ça. Et si vous ne le saviez pas… ben, c’est vraiment pas grave!

Toujours est-il que la personne qui choisit un F-PACE fait face à un dilemme. Moteur diesel ou à essence? En effet, la version 20d est mue par un quatre cylindres turbodiesel 2,0 litres développant 180 chevaux, ce qui n’est guère impressionnant, mais un couple de 318 livres-pied disponible dès 1 750 tr/min. Voilà qui est autrement impressionnant! Avec tous les déboires auxquels font face les motorisations diesel de nos jours (normes environnementales non respectées, données falsifiées, etc.), il faut soit avoir une confiance aveugle en son produit, soit être d’une totale insouciance…

Cependant, le F-PACE que Jaguar nous a prêté pour cet essai était une version R-Sport dotée du V6 3,0 litres surcompressé. Sur le hayon, on retrouve l’inscription 35t qui fait dans les 340 chevaux et 332 livres-pied. Ce moteur sert aussi la cause du F-PACE S en lui fournissant 380 chevaux et le même nombre de livres-pied. La boîte de vitesses est une automatique à huit rapports et le rouage est intégral.

Ce groupe motopropulseur se comporte dignement. Le moteur est doux et souple, mais il n’a pas la même rage que celle qu’il affiche quand il se retrouve dans une Jaguar F-TYPE, par exemple. Il faut dire que le VUS est plus lourd. Par l’entremise de boutons sur la console, le conducteur peut choisir entre plusieurs modes de conduite, allant de Neige à Eco puis à Normal et enfin à Dynamique.

Chacun de ces modes est bien défini. Dans plusieurs pouces de neige sur fond glacé, le mode Neige s’est avéré très efficace, devançant les changements de rapports et rendant le moteur moins nerveux. À l’autre bout, le mode Dynamique, lorsque marié au mode S de la boîte de vitesses, expédie une bonne dose d’hormones dans le moteur en le faisant passer de 2 600 tr/min à 100 km/h à 3 900! À ce moment, on a l’impression que le moindre changement d’angle de l’accélérateur entraîne le véhicule dans un bond en avant. C’est un jaguar après tout… Cependant, ces modes de conduites sont beaucoup moins drastiques que dans la sportive F-TYPE, par exemple.

Scandale…

Lors de notre semaine d’essai, nous n’avons pas toujours conduit comme des jeunes de 16 ans lâchés lousses une belle journée de printemps après un hiver enfermé dans une grotte, sans wi-fi. Malgré un comportement nettement plus légal (la plupart du temps), nous n’avons pu faire mieux que 12,0 l/100 km selon l’ordinateur de bord et 13,7 selon nos calculs (57,24 litres pour 419 km). 12,0 litres, c’est honteux. 13,7, c’est scandaleux. Heureusement, le Jaguar F-PACE 2017 peut être abreuvé à l’essence ordinaire, bien que le super soit recommandé.

Si la consommation d’essence a englouti une partie de mon hypothèque, il y a aussi d’autres points qui laissent pantois… Par exemple, le fait que le hayon était une source constante de craquements ne laissait rien présager de bon à long terme (notre véhicule n’avait même pas 9 000 km!). Autre source de frustration, le système de navigation qui n’a jamais réussi à me sortir du Vieux-Montréal, en constante reconstruction il faut avouer. Il m’a fallu l’aide de mon infâme LG G4 pour me ramener sur Bonaventure. Et si vous trouvez la façon de faire fonctionner le régulateur de vitesse du premier coup, sans vous référer au manuel du propriétaire, vous gagnez… mon respect, c’est tout ce qui me reste après avoir mis de l’essence dans le F-PACE.

Sur la route, le F-PACE se comporte comme le VUS qu’il est. Les performances sont relevées, mais la sonorité du V6 en accélération est loin de celle d’une F-TYPE, encore elle. En mode Dynamique, la suspension tape plutôt dur. Sur un circuit, elle fait assurément des merveilles, mais sur nos routes… De son côté, la direction gagnerait à être plus ferme et à retourner davantage d’informations. S’il y a un point où ce VUS n'est pas digne de Jaguar, c’est bien celui-ci!

Bref, le Jaguar F-PACE 2017 plaira aux amateurs de la marque anglaise qui, auparavant, devaient se tourner vers Range Rover pour assouvir leur besoin de VUS. Pour les autres, les modèles allemands demeureront des références. Certes, leur fiabilité n’est pas toujours reluisante, mais comme celle du F-PACE devrait être assez semblable…