Cannabis : Québec dit non à la tolérance zéro au volant

Publié le 21 novembre 2017 dans Actualité par Olivier Beaulieu

À un peu plus de huit mois de la légalisation de la marijuana au Canada, c’est le branle-bas de combat dans les assemblées provinciales. Tour à tour, on dévoile ses stratégies pour adapter notre réalité à cette nouvelle législation. Mais reste toujours le problème de la conduite automobile. Comment peut-on mesurer précisément le niveau d’intoxication d’un conducteur? Même si des tests mesurant le niveau de THC dans le sang existent, Québec refuse de les utiliser.

Le THC, la substance active du cannabis dans le sang, est pratiquement impossible à mesurer rapidement avec certitude. En fait, le défi est de taille. Contrairement au taux d’alcoolémie où on voit une corrélation directe entre la salive et le sang, le cannabis est plus complexe. Selon Doug Beirness, associé de recherche au Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie : « Avec le cannabis, c’est plus compliqué. Contrairement à l’alcool, qui est soluble dans l’eau, le cannabis se dissout dans les tissus adipeux. C’est très, très différent. La concentration de THC dans la salive a très peu à voir avec la concentration de THC dans le sang. Et il y a beaucoup de contamination orale. Le THC reste dans la bouche assez longtemps et peut donner une lecture élevée sur les tests, alors que son taux dans le sang est très bas ».

Alors comment Québec peut-il appliquer une approche tolérance zéro s’il est impossible de mesurer avec confiance le produit interdit? Le chercheur Ryan Vandrey de l’Université Johns Hopkins, qui a dirigé plusieurs études sur le cannabis au cours des quatre dernières années, a fait le même constat au Devoir. « En se fiant à toutes les études qui ont été menées sur le sujet, la science démontre en ce moment qu’il n’existe pas de taux de THC dans le sang ou la salive qui permet de prévoir le niveau d’intoxication ». Selon lui, « la tolérance zéro ne fonctionnera pas dans un environnement où le cannabis est autorisé légalement ».

Les défis qui attendent les Assemblées provinciales canadiennes sont de taille. Les gouvernements devront être très créatifs s’ils veulent trouver une solution fiable et viable. Mais pour le moment, le gouvernement québécois semble à court de solutions. La ministre responsable du dossier Lucie Charlebois a affirmé lundi le 20 novembre dernier qu’une approche tolérance zéro « sera même inapplicable d’ici à ce que la science et la technologie permettent de détecter la consommation récente de cannabis ». Bref, juillet 2018 arrive à pas de géant.

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