Infiniti Q50 Red Sport 400 2018 : subtilité agressive
Au début des années 2000, la division de voitures premium de Nissan, Infiniti, débordait de savoir-faire technologique et de produits hautement performants. La berline G35 était la première alternative asiatique à une BMW Série 3. Le FX35 faisait partie des premiers multisegments de luxe aux prétentions sportives, et la M45 était un véritable muscle car japonais. Bref, le fabricant se démarquait par des produits uniques et excitants.
Hélas, ces derniers temps, Infiniti semble avoir perdu un peu de son âme, cette distinction hors de l’ordinaire qui lui permettait d’être si excentrique par le passé. Désormais, il est embourbé dans une flotte de VUS, dont un en particulier emprunte plus de la moitié de ses composantes mécaniques avec une Mercedes-Benz (le QX30), et plusieurs se demandent ce qu’Infiniti est censé représenter de nos jours.
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La Q50 Red Sport 400, la toute dernière berline sportive du constructeur, tente désespérément de répondre à la question.
Rouge
La Q50 est la berline compacte qui a remplacé la G37 en 2015. Pour 2018, elle reçoit une subtile mise à jour esthétique via un pare-chocs, une grille et des phares légèrement retravaillés. Pas de panique, car son apparence distinguée demeure intacte. On va se le dire, sur le plan du design, la Q50 est absolument réussie. Elle est de toute beauté.
La Red Sport 400, dont le nom fait drôlement penser à un événement de NASCAR, est d’abord un banc d’essai technologique pour le constructeur; une plate-forme sur laquelle Infiniti exploite son savoir-faire en matière d’ingénierie. Le prototype de l’auto se nommait Eau Rouge, faisant référence à la fameuse chicane du circuit de course Spa-Francorchamps, en Belgique. Depuis l’année dernière, Infiniti vend la bagnole dans ses concessionnaires sous le nom de Red Sport 400.
Le nombre fait allusion à la puissance de la voiture, soit 400 chevaux et un couple de 350 lb-pi. C’est la puissance la plus élevée jamais proposée par une berline Infiniti. Bien que ces chiffres soient considérablement plus bas que ceux du concept Eau Rouge (560 chevaux et un couple de 443 lb-pi), la Red Sport est néanmoins plus musclée qu’une BMW 340i et une Mercedes-AMG C 43.
Cette puissance émane d’un nouveau moteur V6 biturbo de 3,0 litres largement inspiré de celui de la Nissan GT-R. Au Canada, toutes les Red Sport 400 sont équipées de la transmission intégrale. La seule boîte de vitesses offerte est une automatique à sept rapports. Infiniti déclare une accélération de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes. La Red Sport est donc plus rapide qu’une BMW 340i et ex aequo avec l’AMG C 43.
Si douce, mais si violente
L’immédiate sensation lorsque l’on conduit la Q50 Red Sport 400 est sa douceur de roulement où conducteur et occupants se retrouvent enveloppés dans de douillets sièges en cuir, dont le confort est rehaussé par une insonorisation d’habitacle exemplaire.
C’est quand on appuie sur l’accélérateur que l’on remarque un moteur velouté, mais qui livre des accélérations violentes. En fait, c’est là où la Red Sport impressionne le plus, par sa subtilité. L’expression « sucré salé » est la meilleure pour décrire son comportement. On n’a jamais l’impression qu’elle est rapide cette berline, mais croyez-moi, elle l’est!
Le V6 est doux, adore révolutionner et émet une sonorité discrète, mais tout de même agréable. On n’ira pas jusqu’à le comparer à un moteur allemand – comme le 3,0 litres de BMW –, mais contrairement au défunt 3,7 litres d’Infiniti qui se montrait délinquant et plus ou moins raffiné, le 3,0 litres est d’une sophistication affirmée et sait sortir ses crocs lorsqu’il est sollicité.
Concernant la boîte de vitesses, j’ai rarement ressenti des passages de vitesse aussi doux, et la boîte répond dès qu’on lui demande de changer de rapport tout en réagissant à merveille à une demi-pédale d’accélération.
Un volant d’arcade
Sur le plan de la tenue de route, la Red Sport impressionne davantage, collant à la route et permettant à son conducteur d’attaquer un virage prononcé avec vigueur, faisant preuve d’une maniabilité hors du commun et d’un châssis animé, mais il y a tout de même des questionnements. À savoir la direction, qui est à la fois un tour de force technologique et le plus grand défaut de la bagnole. En réalité, le volant n’est connecté à rien. La Q50 est la première voiture de production à être munie d’une direction sans colonne. Tout est virtuel, un peu comme un volant de jeux vidéo!
Selon Infiniti, le but est de préparer la technologie aux voitures autonomes. N’ayez crainte, il y a une colonne de direction sous le capot qui s’active en cas d’urgence, mais Infiniti aimerait la supprimer. Le résultat est une direction dont la sensation est un peu vague. Même en mode Sport+, il y a un manque de communication flagrant entre le conducteur et ce que le train avant effectue. De plus, lorsqu’on est arrêté à un feu rouge, on a vraiment l’impression que le volant est connecté à… rien du tout!
Cela étant dit, un calibrage électronique du genre permet à la direction d’être plus sensible et de considérablement augmenter les réflexes de la voiture. Sur ce plan, c’est réussi, car la Red Sport 400 change de direction à la vitesse de l’éclair, franchement très impressionnant, mais ça demeure néanmoins artificiel et aseptisé.
Pareillement au niveau du système antipatinage, qui prédit notre prochaine manœuvre et envoie la puissance aux roues qui seront sollicitées permettant au bolide d’être plus agile dans un virage. C’est efficace, mais honnêtement, ça donne un peu la trouille la première fois que l’on ressent le système travailler. On a l’impression que l’auto essaie de prendre le contrôle, et ça, c’est déstabilisant!
Cependant, je dois avouer qu’à part un système multimédia extrêmement complexe et le fait que l’on doive débourser des sous supplémentaires pour des technologies simples comme un détecteur d’angles morts, l’Infiniti Q50 Red Sport 400 2018 est une berline de luxe sportive très bien exécutée. Elle réussit à se démarquer par des technologies de pointe clairement efficaces. Son apparence est distinguée, la qualité de son assemblage est hors pair et le design de son habitacle est jeune et sophistiqué.
L’Infiniti Q50 Red Sport 400 signifie donc le retour de produits originaux et excitants chez le constructeur nippon. Il reste désormais à Infiniti d’encapsuler cette réussite dans une véritable marque de haute performance du genre Mercedes-AMG et BMW M afin que son nom soit enfin respecté par les amateurs de performances.
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Infiniti Q50 2018 |
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Version à l'essai | RED SPORT 400 TI |
Fourchette de prix | 39 995 $ – 56 495 $ |
Prix du modèle à l'essai | CA$52,695 |
Garantie de base | 4 ans/100 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 6 ans/110 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 12.5 / 9.3 / 11.7 L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Acura TLX, Alfa Romeo Giulia, Audi A4, BMW Série 3, Cadillac ATS, Jaguar XE, Lexus IS, Lincoln MKZ, Maserati Ghibli, Mercedes-Benz Classe C, Volvo S60 |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Nous avons enregistré une consommation moyenne de 11,7 L/100 km. Un résultat correct, sans plus. |
Confort | Les sièges avant sont confortables, la banquette arrière est un peu serrée. |
Performances | Accélérations solides, moteur puissant, tenue de route exemplaire. |
Système multimédia | Complexe et difficile à apprivoiser, mais une fois qu'on le comprend, les commandes répondent bien. |
Agrément de conduite | Performante et compétente, surtout lorsqu'on la conduit de manière aggressive, mais la direction numérique gâche le plaisir. |
Appréciation générale | Une berline sportive subtile à laquelle les performances surprennent. Il fait bon de voir le savoir-faire technologique d'Infiniti au boulot. La Q50 Red Sport 400 est unique et très amusante à conduire. |