Match VUS compacts: Quand une mode devient un monde
Tel que publié dans le Guide de l'auto 2018
Inutile de se le cacher. Les VUS ont pris le marché d’assaut. En 2016, il s’en est vendu (ou loué, ne nous enfargeons pas dans les fleurs du tapis des concessionnaires automobiles) davantage que de voitures. Au Canada, les ventes de camions légers (camionnettes, fourgonnettes et VUS) ont progressé de 5,7% par rapport à 2015, alors que les ventes de voitures ont perdu 2,1% pour la même période. Le même phénomène s’applique au Québec, évidemment.
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Or, quand une catégorie est de plus en plus populaire, que font les constructeurs automobiles? Ils dégotent soudainement des millions, que dis-je des milliards, de dollars pour faire de la recherche et du développement. Ils étudient minutieusement toutes les données démographiques, géographiques, politiques, financières qu’ils recueillent. Google et les médias sociaux sont très pratiques pour ça, vous savez… Bref, le public veut des VUS et il en a!
Les raisons qui motivent les gens à acheter des VUS plutôt que des automobiles sont nombreuses et pas toujours logiques. On apprécie leur capacité de chargement, la position de conduite plus élevée qu’ils procurent et leur rouage intégral qui améliore la traction durant l’hiver. Et qui amène aussi un faux sentiment d’invincibilité, ce qui pourrait expliquer pourquoi, dès la première neige de l’automne, ce sont généralement des VUS que l’on voit dans le champ…
En raison de la popularité de ce segment, le rythme de développement des nouveaux modèles s’accélère. Il y a 20 ans, on comptait à peine une trentaine de VUS, souvent issus de camionnettes. Personne, ou presque, n’a oublié les Chevrolet Blazer / GMC Jimmy, Jeep Grand Wagoneer et Suzuki X-90. Dans le présent Guide, on en compte plus de 100. Même des constructeurs de véhicules de luxe ou de performance comme Lamborghini ou Bentley embarquent dans la danse!
On retrouve donc des VUS dans toutes les couches de la société automobile. Un des marchés les plus populaires est celui des VUS compacts, l’équivalent à rouage intégral des berlines compactes (Chevrolet Cruze, Hyundai Elantra, Honda Civic et cie). D’ailleurs, la plupart des VUS compacts sont construits sur la plate-forme d’une berline compacte. Et ils changent vite, ces VUS!
La dernière fois que nous les avons tous comparés, c’était pour le Guide de l’auto 2013. Les onze véhicules essayés à ce moment sont tous passés à une nouvelle génération. Il était temps de répéter l’expérience, question de mieux cerner l’ensemble de la catégorie. Nous avons donc réuni les Chevrolet Equinox, Ford Escape, Honda CR-V, Hyundai Tucson, Jeep Compass, Kia Sportage, Mazda CX-5, Mitsubishi Outlander, Nissan Rogue, Subaru Forester et Toyota RAV4. Je vous épargne les détails menant à la réunion de onze véhicules, autant d’essayeurs et un photographe au même endroit, en même temps! En fait, le match s’est déroulé pendant trois journées. Une pour le lavage des voitures et la prise des photos et deux journées pour les essais.
Les plus perspicaces auront remarqué une absence, celle du Volkswagen Tiguan. Volkswagen Canada n’a pu avoir un exemplaire 2018 à temps. Ironiquement, alors que notre match comparatif battait son plein, les 25 et 26 mai 2016, notre collègue Marc-André Gauthier en faisait un essai sommaire à Detroit! Les amateurs de Volkswagen nous diront que nous aurions pu attendre l’an prochain pour faire notre match comparatif. C’est vrai. Mais à ce moment, c’est le Ford Escape 2019 que nous aurions raté. Et le Hyundai Tucson dont une nouvelle mouture est attendue pour 2019 aussi. Bref, avec la rapidité des changements dans cette catégorie, on est assuré de toujours rater une nouveauté.
Qu’est-il ressorti de ce match comparatif? Les prochaines lignes vous le diront!
L’essai de William
William, neuf mois, ne peut pas encore conduire, mais il peit essayer des sièges d’enfant!
Pour chaque véhicule, William devait vérifier trois choses :
- Place centrale arrière : reste-il suffisamment d’espace au centre pour qu’une personne puisse s’asseoir lorsque deux sièges de bébé sont installés sur la banquette arrière?
- Ancrages : les ancrages sont-ils faciles à repérer et à atteindre?
- Ouverture des portes : les sièges de bébé sont devenus de véritables forteresses qui prennent beaucoup de place. L’ouverture des portes arrière des véhicules, elle, tend à diminuer. Est-ce que le siège de William passe bien dans tous les véhicules essayés?
- Classement de William : enfin, William a donné à chaque véhicule une position sur onze (car il y a onze véhicules), allant du meilleur VUS pour accueillir un ou deux bébés au pire.
Marie-Andrée, sa maman, l’a aidé à nous transmettre ses impressions…
#1: Mazda CX-5
Pointage : 315,7 points
Prix de la version essayée : 40 195$
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Le meilleur… mais pour combien de temps?
Faire l’essai d’un modèle est une chose. L’essayer en même temps que dix concurrents en est une autre! Nous ne sommes pas surpris de la première position du Mazda CX-5. La surprise provient du fait qu’il n’a pas dominé comme l’on s’y attendait!
Le CX-5 a mené dans trois sous-catégories de la section Carrosserie et habitacle, mais il a perdu des points au chapitre du coffre, le plus petit du groupe. Or, pour un VUS, l’espace de chargement est primordial.
Plusieurs essayeurs ont souligné sa bonne qualité d’assemblage et l’attention aux détails. Normand Laberge a d’ailleurs comparé son habitacle à celui d’un produit Audi. Daniel Beaulieu, de son côté, a trouvé que le tableau de bord et la console prenaient trop d’espace. Presque tous ont conspué le système multimédia qui n’offre pas Apple CarPlay ni Android Auto et dont les menus sont confus.
Beaucoup ont aimé la direction précise du CX-5 et l’excellente tenue de route obtenue au prix d’une suspension assez dure. Benoît Dumoulin a souligné le manque de performance du moteur « qui semble avoir une lourde carrosserie à tirer ». En général, le mode Sport n’a pas été apprécié, faisant dire à Benoit Cléroux « qu’il rend les changements de rapports désagréables ».
Le CX-5 n’a pas gagné de façon éclatante et il a été sauvé par l’ensemble de son œuvre même si seulement trois personnes en ont fait leur véhicule préféré. Ce fut cependant suffisant pour devancer son éternel concurrent, le Honda CR-V.
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Hors route : le CX-5 est d’abord et avant tout une traction (roues avant motrices) et peu de couple semble envoyé aux roues arrière, même quand la surface est meuble.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : accessibles, mais trop loin de la surface
- Ouverture des portes : très juste
- Classement : moyen (5e position)
#2: Honda CR-V
Pointage : 313,9 points
Prix de la version essayée : 40 130$
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Tout ce que le CX-5 n’est pas
Un des éléments qui a fait mal paraître le Mazda CX-5 a été son très petit coffre. Or, c’est exactement ce qui a sauvé le Honda CR-V! Ses places arrière sont aussi bien plus accueillantes. Marie-Andrée Ayotte a bien apprécié le plancher bas et plat du coffre : « pas besoin de te casser le dos pour y faire entrer la poussette de 50 livres! »
Ceux qui ont possédé ou essayé un produit Honda ces dernières années étaient heureux de constater que la radio du CR-V possédait un bouton rotatif pour ajuster le volume. Auparavant, on ne trouvait que des commandes à effleurement. Il y en a encore, remarquez, et elles « restent désagréables à utiliser » selon Michel Deslauriers. Quelques essayeurs ont aussi noté la présence de plusieurs ports USB et pratiquement tous ont salué le confort des sièges.
La motorisation du CR-V ne s’est attiré aucun commentaire négatif, ni positif et certains, comme Laurent St-Onge, ont souligné que la boîte CVT était quelquefois lente à réagir, surtout lors de reprises. Avec une excellente consommation moyenne de 9,3 litres/100 km, le CR-V arrive deuxième, derrière la Subaru Forester.
Le travail de la suspension a été encensé par la plupart des essayeurs. La direction a été appréciée pour sa précision et sa fermeté, mais le système de prévention de sortie de voies (LKAS) qui avertit le conducteur par une vibration dans le volant l’a été beaucoup moins!
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Hors route : le CR-V jouit d’un bon angle de départ, le dessous du pare-chocs avant ne frotte donc pas sur la moindre bosse. Le différentiel ne peut être verrouillé, mais cela ne constitue pas un problème majeur sur ce type de VUS.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : oui
- Ancrages : faciles à trouver et à manipuler
- Ouverture des portes : très juste
- Classement : très bon (2e position)
#3: Kia Sportage
Pointage : 312,2 points
Prix de la version essayée : 41 635$
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Le pouvoir de la puissance
Le Kia Sportage et le Hyundai Tucson sont des cousins qui partagent la même plate-forme. Même si leurs motorisations sont différentes tout comme le réglage des suspensions et des directions, nous nous attendions à ce qu’ils aient des pointages similaires. Toutefois la puissance du 2,0 litres turbo du Sportage a balayé le pauvre 1,6 litre du Tucson du revers de la… bielle.
Pourtant, le 2,0 litres du Sportage a moins bien paru que l’autre 2,0 litres, celui du Ford Escape. Laurent mentionne que « la livraison de la puissance semble moins linéaire et moins agréable à exploiter que dans le Ford. » Une fois lancée, la boîte automatique passe ses rapports franchement. Elle s’est même emparée de la première place à ce chapitre. Sur la route, Daniel Beaulieu a trouvé le Sportage vif, sportif et rapide, avec une direction précise et une tenue de route impressionnante. Le Kia a même été le coup de cœur de la journée de Benoît Cléroux.
Les essayeurs ont généralement apprécié le style du Sportage. Daniel Beaulieu trouve que son avant lui donne un air de bébé Cayenne qui promet sportivité. Pour sa part, Jean-Charles Lajeunesse a trouvé cet avant bizarre. Plusieurs ont noté que le tableau de bord recèle d’une quantité phénoménale de boutons, que l’habitacle est sombre et que les places arrière sont un peu moins logeables que la moyenne. Le coffre est l’un des plus petits du groupe, ce qui a fait perdre de précieux points au Sportage.
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Hors route : le fait de pouvoir verrouiller le différentiel central (4x4 Lock) ajoute à la traction du Sportage en envoyant autant de couple aux roues avant et arrière.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : on les trouve facilement, mais y accéder peut être difficile
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : pauvre (9e position)
#4: Ford Escape
Pointage : 311,3 points
Prix de la version essayée : 43 689$
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Gueule de cinéma
Dans une catégorie aussi concurrentielle que celle des VUS compacts, il faut toujours innover, sinon… Sinon, on se retrouve dans la position du Ford Escape. Remarquez que terminer à la quatrième place, n’a rien de déshonorant dans une catégorie aussi relevée! Ironiquement au chapitre des ventes en 2016 au Québec, l’Escape a aussi terminé à la quatrième place, derrière le RAV4, CR-V et Rogue.
Beaucoup d’essayeurs ont craqué pour le style extérieur de l’Escape qui est encore dans le coup. Lorsque l’on ouvre la portière, par contre… Jean-Charles Lajeunesse apparente le module du tableau de bord, devant le conducteur, au casque de Darth Vader, Laurent St-Onge dit qu’il a été concocté pour faire plaisir aux amateurs de Star Wars et Benoît Cléroux trouve que l’habitacle est bling-bling et ressemble à un Transformer. Décidément, l’Escape devrait faire du cinéma!
La finition générale n’a impressionné personne, d’autant plus qu’il s’agit du véhicule le plus dispendieux du match. Normand Laberge fait remarquer que le bouton de la radio semble très fragile. De son côté, le système SYNC 3 a su gagner le cœur de Michel Deslauriers qui trouve sa reconnaissance vocale tout simplement magnifique.
La petitesse du coffre a fait perdre beaucoup de points à l’Escape, mais ce dernier s’est repris sur le plan des performances, catégorie où il s’est imposé… même s’il a consommé plus d’essence que tous les autres. Son comportement routier a quelquefois été encensé, a quelquefois laissé indifférent et quelques-uns n’ont guère apprécié ses suspensions trop dures.
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Hors route : le rouage intégral de l’Escape fonctionne de façon transparente, sans aucune intervention du pilote. L’avant du véhicule n’accroche pas indûment à la moindre bosse.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : oui
- Ancrages : il faut parfois chercher des ancrages inutilement cachés et l’on doit se battre un peu avec le cuir des sièges pour y accéder.
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : bon (4e position)
#5: Hyundai Tucson
Pointage : 301,5 points
Prix de la version essayée : 38 918$
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Le juste milieu
Des onze véhicules à l’essai, seul le Hyundai Tucson n’a mérité aucune première place et aucune dernière (outre son score de zéro point pour l’absence d’un système de navigation). Cet équilibre ne rapporte pas vraiment au Tucson qui se retrouve à presque dix points de son plus proche rival, l’Escape.
Benoît Dumoulin souligne que le style du Tucson est réussi et qu’il marque une belle amélioration par rapport au modèle précédent. Mais son style commence déjà à vieillir, fait remarquer Michel. Dans l’habitacle, il y a beaucoup de plastiques et Marie-Andrée ajoute que leur texture ressemble à celle de ses voitures des années 90… Le fait que notre véhicule ne possédait pas de navigation lui a fait perdre quelques points. L’abondante quantité d’espaces de rangement lui en a fait gagner d’autres. Si les sièges avant ont plu grâce au confort qu’ils procurent, la banquette a été jugée plus sévèrement, surtout pour le dégagement à la tête, pauvre.
Le 1,6 litre turbo n’a ébloui personne même si tout le monde, ou presque, s’entend pour dire qu’il fait le travail et que la boîte à six rapports livre la marchandise, sans passion mais sans anicroche non plus, malgré le poids à déplacer. Seulement trois VUS sont plus lourds que lui (Equinox, Escape et CR-V). Plusieurs ont noté que la suspension absorbe bien les trous et les bosses et que la direction s’avérait plutôt précise.
Bref, le Tucson n’a éveillé aucune passion, mais personne ne l’a détesté non plus.
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Hors route : le dessous du pare-chocs n’accroche pas inutilement et il est possible de verrouiller le rouage intégral… comme pour le Kia Sportage!
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : on les trouve facilement, mais y accéder peut être difficile
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : pauvre (8e position)
#6: Chevrolet Equinox
Pointage : 292,2 points
Prix de la version essayée : 40 490$
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Sauvé par son sytème multimédia!
Surprise, l’Equinox a remporté cinq catégories! Toutefois, il a compensé en perdant de précieux points ici et là. Voyons ça de plus près…
Certains essayeurs ont dit que la ligne de l’Equinox était la plus belle du lot et d’autres ont déclaré en être déçus. Des goûts, on ne discute pas! Daniel estime que l’intégration de l’écran central était réussie alors que Jean-Charles pense exactement le contraire. Des goûts, comme on disait… Plusieurs ont critiqué les plastiques durs figurant ici et là, mais personne ne s’est plaint des nombreuses prises USB présentes autant à l’avant qu’à l’arrière. Normand Laberge n’a toutefois pu insérer son téléphone sur la plaquette de chargement, trop petit pour certains appareils. De son côté, le système multimédia a impressionné tout le monde et a remporté cette catégorie. L’Equinox est, sans contredit, le véhicule possédant l’habitacle le plus vaste.
Malheureusement pour lui, il est plutôt lourd et son moteur est le moins puissant du groupe. À peu près tout le monde a décrié son manque de puissance. Notons que du lot, c’est celui qui s’arrêtait sur la plus courte distance à partir de 100 km/h, une donnée non négligeable quand on transporte des enfants. Ou que l’on veut en éviter un!
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Hors route : la partie avant, assez basse, frotte lors d’une montée le moindrement abrupte. Alors que les autres systèmes sont transparents, dans l’Equinox le conducteur doit lui-même enclencher un bouton sur la console pour avoir droit au rouage intégral (qui ne se verrouille pas). Par contre, une fois engagé, le rouage est efficace.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : oui
- Ancrages : se trouvent et se manipulent facilement
- Ouverture des portes : grande
- Classement : excellent (1ere position)
#7: Nissan Rogue
Pointage : 290,0 points
Prix de la version essayée : 38 028$
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Méchante débarque
Le Nissan Rogue, l’un des VUS compacts les plus populaires de l’heure, en prend pour son rhume dans notre match. Qu’est-ce que nos essayeurs ont vu que le public ne voit pas? Rien de plus. On l’a déjà dit, faire l’essai d’un véhicule est une chose, l’essayer ainsi que dix de ses concurrents la même journée et sur le même trajet en est une autre! Certains en ressortent grandis, d’autres…
Tout d’abord, tout le monde, sans exception, l’a trouvé beau. Et c’était avant d’ouvrir la portière. Alors là, ils ont été soufflés, à tel point qu’ils lui ont décerné le prix du plus bel intérieur. Les sièges avant ont aussi mérité de beaux commentaires et de belles notes, dont celle-ci, de Daniel : « Les sièges avant à mousse “zéro gravité” sont d’un confort royal, véritables trônes... » Son système de navigation a aussi été considéré comme le meilleur du groupe et tous ont salué la caméra à 360 degrés. La qualité des matériaux a généralement été appréciée malgré quelques plastiques discutables, dixit Michel. Quant aux places arrière et au coffre, personne n’a émis de commentaires dithyrambiques à leur sujet…
Sous le capot (lourd, tient à préciser Normand) niche un 2,5 litres de 170 chevaux. Ce moteur a la fougue d’un pur-sang… sur le point de mourir et si le Rogue n’a pas terminé bon dernier dans la catégorie des performances mesurées, c’est uniquement grâce à sa consommation retenue. Et ce n’est pas sa boîte CVT qui vient sauver la mise, elle qui a été qualifiée de « horrible » et de « désagréable ».
Sur la route, le Rogue ne prétend aucunement à la sportivité et sa suspension procure un bon niveau de confort, quoique personne n’ait pensé le comparer à une Lincoln Continental.
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Hors route : sans doute l’un des moins aptes, avec le CX-5, à s’éloigner des routes asphaltées, malgré son différentiel verrouillable qui laisse croire à des performances de haut niveau…
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : oui, mais espace restreint
- Ancrages : difficiles à trouver et à manipuler, cachés par le cuir de la banquette
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : pauvre (10e position)
#8: Toyota RAV4
Pointage : 284,5 points
Prix de la version essayée : 41 503$
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La réalité du marché…
Le Toyota RAV4 est le VUS compact qui se vend le mieux au Québec. Et sa contre-performance dans notre match n’y changera sans doute absolument rien. Son style n’a vraiment pas plu, ce qui l’a amené à l’avant-dernière place à ce chapitre. La qualité de la finition en a déçu plusieurs, tout comme l’ergonomie du tableau de bord qui a été jugée la pire de la journée. Normand (et d’autres) a entendu un concert de bruits de caisse, des rattles en bon français. Daniel, qui avait participé au match de 2013, avait noté le même phénomène sur le RAV4 de l’époque!
Marie-Andrée connaît une maman dont le conjoint a acheté une poussette tellement grosse qu’elle n’entre pas dans tous les coffres de VUS. Le RAV4 est fait exprès pour cette maman puisque son coffre est vaste, le deuxième plus grand du groupe et le plancher est bas et facile d’accès. Toutefois, le hayon électrique est désespérément lent à ouvrir ou à fermer. Les places arrière aussi sont spacieuses, mais il n’y a pas de ports USB. Les enfants ados de Michel préféreraient assurément l’Equinox!
Le 2,5 litres du RAV4 développe 176 chevaux et est lié à une boîte automatique à six rapports. Les mesures chronométrées n’ont pas révélé de problème majeur, sauf que… Sauf que le manque d’insonorisation amène dans l’habitacle beaucoup, beaucoup de décibels à la moindre accélération. Si les distances de freinage se situent dans la moyenne de la catégorie, bien peu ont apprécié les réactions du véhicule qui « semble peser 10 000 livres », selon Benoît Cléroux. La suspension cogne allègrement sur les aléas de notre réseau routier et n’inspire pas confiance à nos essayeurs.
De conclure Michel : « Un achat intelligent et sans risque. Mais je n’ai qu’une vie à vivre… »
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Hors route : il est possible de verrouiller le rouage intégral. Même si l’interrupteur est à OFF, le contrôle de la traction n’est jamais entièrement coupé, ce qui peut affecter les performances en hors route dans certains cas.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : accessibles, mais cachés par le cuir de la banquette
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : bon (3e position)
#9: Subaru Forester
Pointage : 282,3 points
Prix de la version essayée : 34 970$
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Il ne fait pourtant rien de mal!
L’expérience de plusieurs matchs comparatifs nous a appris que les modèles Subaru brillent rarement dans ce type de confrontation. Toujours un peu à côté des sentiers battus, ils rejoignent une clientèle fidèle qui privilégie plus l’efficacité que le tape-à-l’œil. Dans le cas du Forester, ils sont servis!
Malgré son classement, ce Subaru ne s’est fait planter dans aucune catégorie. Il en a même remporté une, celle portant sur la sécurité. Les essayeurs n’y ont pas été avec le dos de la mer morte, comme on dit, au chapitre du style. Benoît Dumoulin a d’ailleurs noté qu’il avait la même apparence qu’en 2010! L’avantage, et tous l’ont souligné, c’est que la fenestration est généreuse, ce qui autorise une bonne visibilité tout le tour, une rareté de nous jours! Marie-Andrée fait même remarquer que le Forester est le seul à avoir de petites fenêtres devant les rétroviseurs extérieurs. Si cette catégorie avait donné plus de points, le Forester serait sans doute passé devant le RAV4. Dans l’habitacle, plusieurs éléments ont été critiqués pour leur apparence. Michel a même comparé la résolution graphique de l’ordinateur de bord à celle d’un Commodore 64! Quant au système audio, mieux vaut ne pas gaspiller de précieuses lignes à son sujet…
Le quatre cylindres à plat de 2,5 litres n’a déplu à personne, mais n’a épaté personne non plus. La boîte CVT qui l’accompagne a été plutôt bien reçue. En fait, la plupart l’ont bien aimée. Ce tandem est même responsable de la meilleure moyenne de consommation du match! La suspension est suffisamment confortable pour éviter les insultes et, surtout, pour éliminer toute velléité sportive. Enfin, bien peu ont apprécié la sensation de la pédale de frein.
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Hors route : le rouage intégral de Subaru n’a plus besoin de présentation. La fonction X-Mode, aussi offerte sur l’Outback, agit sur la puissance du moteur, la boîte de vitesses et la répartition du couple, entre autres.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : acceptable pour un enfant, pas trop gros!
- Ancrages : enfoncés dans le siège et cachés par un morceau de tissu. Finition un peu bâclée.
- Ouverture des portes arrière : suffisante
- Classement : moyen (7e position)
#10: Jeep Compass
Pointage : 264,8 points
Prix de la version essayée : 37 395$
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Si jeune et déjà si vieux
Pauvre Jeep Compass. Il partage, avec le Chevrolet Equinox, l’honneur d’être le plus récent VUS compact sur le marché. En plus de porter un nom (Compass) qui rappelle à plusieurs propriétaires des histoires d’horreur en matière de fiabilité, l’exemplaire que nous avions souffrait de tares inacceptables sur un véhicule affichant moins de 1 000 km…
Si sa silhouette a généralement plu, que dire de son habitacle tout de blanc et de noir vêtu! Tous, sans exception, ont été épatés et Marie-Andrée a même écrit que « l’habitacle est digne d’une revue de déco contemporaine ». Il faut cependant garder une certaine distance car autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, la finition est ratée. Laurent fait remarquer que les charnières des portes avaient du jeu, ce qui laisse un doute sur la longévité du Compass. Comble de malheur pour ce dernier, c’est lui qui avait le coffre le plus petit.
Côté motorisation, ce n’est guère plus reluisant. Le duo moteur/boîte de vitesses ne fait pas très bon ménage et le quatre cylindres de 2,4 litres, malgré ses 180 chevaux, ne parvient pas à répondre adéquatement aux sollicitations de l’accélérateur. Jean-Charles trouve que « le temps de réponse de la boîte automatique laisse à désirer et, conjugué au manque de puissance du moteur, les dépassements demandent une certaine planification ». Ces deux éléments ont d’ailleurs terminé au bas du classement. Même constat pour la consommation…
Outre ces dernières facéties mécaniques, le Compass se débrouille plutôt bien sur la route et très bien en hors route, là où il n’ira sans doute jamais!
Hors route : bien qu’il brille en hors route, le Compass nous a surpris lorsque le bas de son pare-chocs a accroché là où la plupart ont passé sans anicroche... Une fois sur la terre meuble, par contre, c’est le meilleur!
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : accessibles, mais cachés par le cuir de la banquette
- Ouverture des portes : très bonne
- Classement : à éviter (11e position)
#11: Mitsubishi Outlander
Pointage : 264,2 points
Prix de la version essayée : 30 048$
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Si seulement Mitsubishi l’aidait…
Un match comparatif est sans doute ce qu’il y a de plus révélateur et le pauvre Mitsubishi Outlander a fait les frais de celui des VUS compacts. Il a vieilli, beaucoup vieilli, et Mitsubishi ne semble pas vouloir lui donner les moyens pour que ses qualités soient davantage mises en valeur.
Peu d’essayeurs ont apprécié son style, autant extérieur qu’intérieur, quoiqu’il s’agisse uniquement d’une question de goût. Au moins, sa grande surface vitrée et ses rétroviseurs extérieurs lui ont permis de terminer en seconde position dans la catégorie Visibilité. Sa finition non plus n’a pas épaté et il s’est même permis de terminer derrière le Compass, pourtant fort démuni. Il s’agissait du seul véhicule du match à avoir une troisième banquette, un plus. Cette dernière ne doit toutefois servir qu’en cas d’extrême besoin. Comme le mentionne Laurent « bonne chance pour y accéder! » Le coffre est passablement grand, merci au pneu de secours logé sous le véhicule.
Le 2,4 litres, le moins puissant du lot, est heureusement combiné à une boîte CVT plutôt compétente. Le fait que l’Outlander soit le plus léger du groupe ne nuit pas non plus et il a terminé dans la moyenne dans la catégorie des performances mesurées. La consommation à vitesse de croisière sur la grand-route impressionne, mais elle perd des plumes en milieu urbain. En conduite, l’Outlander en a surpris plus d’un par son comportement plus confortable que sportif mais pas dépassé. La suspension est un peu sautillante sur mauvaise route, ce qui vient légèrement assombrir ce portrait, et la direction a été jugée floue par plusieurs.
Tout seul, l’Outlander n’est pas vilain du tout. C’est quand on le conduit la même journée que ses concurrents que ça se gâte… Malgré que le prix du modèle essayé ait été le plus bas, la pondération du pointage n’a pas été suffisante pour le déloger de sa décevante position. Malheureusement pour l’Outlander, nous ne donnons pas de points pour la garantie et la fiabilité.
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Hors route : il est possible de verrouiller le rouage intégral via un bouton sur la console. Cependant, le manque de puissance du moteur annihile en partie les qualités de ce rouage dans un sol très meuble.
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L’essai de William (siège de bébé)
- Place centrale arrière : non
- Ancrages : accessibles, mais cachés par le cuir de la banquette
- Ouverture des portes : bonne
- Classement : moyen (6e position)
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Et le meilleur VUS compact est…
Le meilleur VUS compact est celui que vous aimerez conduire et qui répondra à vos besoins. Notre mission était de vous aider à faire un choix éclairé et, malgré les centaines d’années d’expérience qui étaient réunies pour réaliser ce match comparatif, nous en avons appris sans doute autant que vous!
Comme mentionné, la faible marge qui a permis au Mazda CX-5 de s’emparer de la position de tête nous a surpris. En fait, les quatre premières positions tiennent dans un mouchoir. Cela n’est pas surprenant puisque la catégorie des VUS compacts est l’une des plus homogènes qui soient et dès que l’un arrive avec une nouveauté, les autres l’imitent aussitôt, bien que chacun ait sa propre personnalité. Les positions 5 à 9 sont un zeste distancées, mais pas larguées et, encore une fois, sont séparées par peu de points. Quant aux deux dernières places, seuls quelques dixièmes de point les distinguent, comme si chacun tentait d’être plus mauvais que l’autre.
Cette « proximité » dans le pointage peut s’expliquer par différents facteurs. Tout d’abord, chacun de nos VUS est issu d’une automobile et ils affichent, à des degrés différents, le comportement routier d’une berline compacte. Or, ils ajoutent à ces berlines de l’espace intérieur, une position de conduite relevée et un rouage intégral, même si leur version de base arrive généralement avec les seules roues avant motrices. La plupart des VUS souffrent des mêmes maux que les berlines dont ils sont dérivés : visibilité arrière et ¾ arrière généralement mauvaise, un prix qui augmente dramatiquement selon le niveau d’équipement et des moteurs dont la consommation n’est pas toujours proportionnelle à la puissance.
Les VUS sont certes plus dispendieux, mais comme la plupart des gens les louent à long terme, les montants mensuels ne sont pas si élevés que ça. Et ceux qui préfèrent en faire l’acquisition peuvent bénéficier d’un prêt sur une période allant jusqu’à 96 mois dans certains cas. Eh oui, huit ans. Rendu là, ce n’est plus d’un conseiller automobile dont vous avez besoin, mais d’un conseiller financier…
Parlant d’argent... Lors du match de 2013, le prix moyen d’un VUS compact de base était de 23 500 $ alors que le prix moyen des véhicules essayés grimpait à 31 173 $. Or cinq ans plus tard, le prix de base moyen est rendu à 35 256 $ et celui des véhicules essayés montait à 39 273 $. Comment expliquer cette importante hausse? Tout d’abord, les VUS, comme le reste de la production automobile, se raffinent et offrent de plus en plus d’équipement de sécurité et d’autres rehaussant l’expérience de conduite. Toutefois, ces équipements ne coûtent souvent pratiquement rien à produire. Sans être un génie de l’administration, il est facile d’imaginer que puisque la demande est élevée, les prix le sont aussi… D’autant plus que grâce au crédit, on peut conduire un véhicule « loadé au bouchon » plutôt qu’une vulgaire version de base!
D’aucuns feront remarquer que nous n’avons pas fait l’essai de nos véhicules dans des sentiers hors route très difficiles. Nous leur ferons remarquer que notre virée dans un champ fraîchement hersé avec chacun des VUS représente sans doute l’épreuve la plus difficile à laquelle ils seront soumis… Évidemment, on achète ces véhicules surtout pour la sécurité accrue que leur rouage intégral procure durant l’hiver. Sauf que trouver des routes enneigées et glacées en mai, c’est assez complexe. Remarquez qu’en ce printemps 2017 particulièrement pourri, ça aurait très bien pu arriver! Seul le rouage du Jeep Compass peut prétendre à l’appellation 4x4.
Difficile à croire mais, un jour, les VUS céderont leur place à un autre type de véhicules. On peut se fier à nos enfants pour ça. Après tout, ne sommes-nous pas responsables de la montée des VUS dans les années 1990 et 2000 au détriment des fourgonnettes adulées par nos parents qui, eux, ont rejeté en masse les station-wagon des années 50 et 60?
Remerciements
Le Guide de l’auto tient à remercier les gens qui ont pris deux journées pour venir faire l’essai de nos onze VUS :
Marie-Andrée Ayotte, Daniel Beaulieu, Alain Bougie, Benoît Cléroux, Michel Deslauriers, Benoît Dumoulin, Normand Laberge, Jean-Charles Lajeunesse et Laurent St-Onge. Un merci tout spécial à notre coordonnatrice, Marie-France Rock ainsi qu’à Karine Phaneuf, Danielle Deschamps, Leila Coiteux-Clermont et Marie-Odile Thellen qui ont fait du transport de VUS avant et après le match. N’oublions pas William qui, à sa façon, a participé au match.
Enfin, merci à l’école des métiers en équipement motorisé de Montréal (ÉMEMM) qui a permis à trois de ses enseignants de participer à ce match.
Dénicher un endroit où stationner onze voitures dans un beau décor, avec suffisamment de dégagement pour que notre photographe puisse avoir une vue d’ensemble pour la photo de groupe, n’est pas chose aisée. Avoir des installations permettant de laver les voitures et une place où se réfugier en cas de pluie et offrant des toilettes, non plus. Cet endroit de rêve, nous l’avons trouvé! Il s’agit du Coteau Rougemont, situé dans un décor magnifique et doté d’installations modernes, parfaites pour des événements corporatifs ou des mariages. Ou des matchs comparatifs.
Un beau paysage et de beaux édifices ne seraient rien si les responsables de l’endroit ne voulaient pas collaborer. Or, André Lamarre et Claudia Lachance ont été des hôtes exceptionnels. Merci beaucoup!
Le Coteau Rougemont est situé au 1105, La Petite-Caroline, Rougemont, J0L 1M0 | coteaurougemont.com ou 450 469-3090