Acura NSX 2019: Viser trop haut et manquer la cible
Une tâche plus difficile que d’évaluer l’Acura NSX, je n’en connais pas. J’ai eu la chance d’en faire l’essai pendant quelques jours l’année dernière et croyez-moi quand je vous dis qu’émotionnellement, j’étais renversé. Vous avez sûrement lu notre essai comparatif des sportives dans l’édition 2018 du Guide de l’auto et que la NSX s’est retrouvée sur la plus haute marche du podium.
Malgré qu’il soit indéniable que l’Acura figurait comme la meilleure voiture de notre quatuor, elle était bien loin d’être en tête dans mon cœur. Voilà en quelques mots comment se résume l’expérience NSX pour les vrais passionnés de l’automobile. Les performances de cette voiture sont époustouflantes et d’une précision à faire rougir les ingénieurs qui bossent chez SpaceX. Mais en fin de compte, trop, c’est comme pas assez.
- À lire aussi: Acura NSX 2019 : de la route à la piste
- À lire aussi: Acura NSX 2019 : on l'avait presque oubliée
Les concepteurs de l’Acura NSX ont fait un boulot singulier. Nul ne doute des capacités de la voiture au premier regard. Sur le plan physique, la NSX est sublime particulièrement lorsque peinte en rouge ou en bleu. En noir sur noir, comme le modèle d’essai, on remarque à peine tous les détails visuels comme les dizaines de milliers de dollars d’ajouts de carbone qu’arborait la voiture.
L’habitacle est d’une simplicité volontaire à laquelle on s’accoutume rapidement. Une réussite sur le plan ergonomique, mais on a plutôt l’impression d’être au volant d’une Honda Accord et non d’un bolide de près d’un quart de million de dollars.
Chirurgie et exécution trop parfaite
Quand j’ai piloté la NSX sur la piste de Mécaglisse, j’ai pu constater à quel point la voiture était rapide et analytique. Un léger coup de volant, un effleurage de la pédale de frein, et hop sur l’accélérateur – je me croyais aussi bon pilote que Philippe Létourneau. J’étais heureux, et frustré du même coup.
Piloter une voiture sur une piste signifiera toujours une réalisation, pour ma part. Au volant de la NSX, n’importe qui peut se prendre pour un M. Létourneau. Plus que toutes autres voitures sport, que ce soit de chez Lamborghini, McLaren ou Porsche, l’Acura soustrait le vrai effort du pilotage de la conduite. Pour celui qui ne cherche qu’à être rapide, l’Acura NSX vous attend.
Son moteur V6 de 3,5 litres à deux turbocompresseurs, jumelé à des moteurs électriques, produit en tout 573 chevaux. Au préalable de l’annonce des spécifications techniques, les amateurs souhaitaient une cavalerie d’au moins 600 chevaux. Plusieurs furent déçus d’apprendre la donnée finale, par contre, l’efficacité du groupe propulseur et les performances de la NSX éclipsent celles de plusieurs bolides de 600 chevaux et plus.
À l’aide des modes de conduite proposés par le système dynamique intégré (IDS), l’Acura passe d’une voiture électrique sensée à un coupé sportif aussi facile à conduire qu’une Accord, puis à un bolide capable de se rendre sur la lune en quelques secondes. La boîte automatique à neuf rapports avec double embrayage est exceptionnelle et s’adapte parfaitement à tout type de conduite.
Malgré les prouesses de la voiture, j’ai découvert que la NSX et ses calibrages de suspension étaient mieux assortis à la conduite fougueuse qu’à des séances de lapping sur une piste. C’est justement à Mécaglisse que nous avons constaté que l’amortissement adaptatif avant avait du mal à gérer les transferts de masse en freinage, compliquant le travail des pneumatiques de bien inscrire la voiture dans une courbe. Dans la majorité des autres cas, la NSX s’arrime avec brio au bitume et est parfaitement servie par la direction bien dosée et les puissants freins sans faille.
Il y a plus qu’un seul prix à payer
Trop technique tout ceci, vous croyez? L’Acura NSX est un tour de force technologique et ne devrait donc pas souffrir de petits irritants. Voilà ce qui arrive quand les ingénieurs tentent d’éliminer les défis de la conduite sportive à l’aide de la programmation... Selon moi, c’est une autre raison qui explique l’impopularité de la NSX. De nos jours, un budget de 200 000 $ donne accès à une panoplie de voitures plus enivrantes, et surtout passionnantes.
Acura fait mention du retour d’une légende et de l’héritage de la NSX. Croyez-moi une fois de plus, la NSX m’a bouleversé, mais je crois que Honda aurait eu avantage à vraiment demeurer fidèle au concept original qu’était la NSX conçue à la fin des années 80. Les amateurs de la première génération se seraient rués sur la nouvelle NSX. L’engouement aurait donné raison à Honda de revenir à la charge pour une troisième génération en s’inspirant de la voiture actuelle. Encore une fois, Honda a sauté une étape et est en avance sur son temps.
Feu vert
- Groupe propulseur hypertalentueux
- Freinage puissant
- Boîte à neuf rapports efficace
- Extrêmement rapide et précise
Feu rouge
- Habitacle trop peu sportif
- Suspension avant perfectible
- Manque de caractère viscéral