Volkswagen : voiture du peuple… américain

Publié le 13 juin 2019 dans Blogue par Antoine Joubert

Le scandale TDI, connu sous le nom de Dieselgate, ça vous dit quelque chose? Parce que si l’on se fie aux récents résultats de ventes de Volkswagen en Amérique du Nord, il semble évident que la plupart des automobilistes ont oublié. En effet, Volkswagen a vendu l’an dernier plus de véhicules au pays qu’en 2013, 2014 et 2015, périodes précédant la pseudo-chute de l’empire Volkswagen...

Rappelons que c’est en septembre 2015 que ce scandale industriel a fait surface, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ayant révélé des anomalies dans les tests d’émissions polluantes de plusieurs véhicules de la marque. Il en a découlé la révision ou la mise au rencart de plus de 11 millions de véhicules Volkswagen, Audi, Porsche, Seat et Skoda, ainsi que plusieurs milliards d’euros en amendes.

Ironiquement, pour Volkswagen, cette publicité négative ne semble pas avoir eu beaucoup d’impact. Certes, le constructeur a drastiquement eu à changer ses plans d’avenir, plusieurs portant sur la multiplication des moteurs TDI. Cela dit, avec une restructuration massive et un meilleur ciblage des besoins de différents marchés, Volkswagen a su s’ajuster rapidement. Ainsi, il parvenait à écouler en 2018 plus de 72 000 véhicules au Canada, et 354 000 chez nos voisins du Sud.

Il faut dire que Volkswagen a complètement changé son fusil d’épaule. À une certaine époque, on le considérait comme un fabricant presque marginal aux États-Unis, alors qu’aujourd’hui, il cible directement l’acheteur américain. Une Passat et un Atlas « made in USA » et uniquement disponibles en Amérique du Nord, une Jetta qui elle aussi, est développée que pour notre marché, ainsi qu’un Tiguan qui répond mieux que jamais aux besoins des jeunes familles de chez nous.

Photo: Volkswagen

Pour les amateurs québécois de la marque, il ne s’agit toutefois pas d’une très bonne nouvelle. Parce que ces véhicules manquent d’attrait, de personnalité, et n’ont effectivement plus la fougue et l’audace des anciens modèles. Il suffit de jeter un œil à la Passat européenne pour réaliser à quel point la nôtre est insipide. Or, malgré une baisse du marché de la berline intermédiaire, Volkswagen n’avait jamais autant vendu de Passat en Amérique du Nord.

C’est connu, l’acheteur québécois est bien différent des autres Canadiens et Américains. À preuve, l’offre des désormais défuntes Golf City et Jetta City, qui n’avaient été introduites chez nous que pour plaire aux acheteurs de la Belle Province. En 2007, plus de 60% des ventes canadiennes de ces voitures étaient faites chez nous. Or, il est difficile pour un manufacturier de justifier l’importation de modèles que pour le marché canadien. Alors, imaginez comment il est impensable d’offrir une voiture qui ne s’adresserait qu’aux Québécois!

Voilà donc pourquoi, faute de succès ailleurs en Amérique du Nord, Volkswagen délaissera prochainement la Golf SportWagen et la Beetle. Diverses rumeurs évoquent même la possibilité de l’abandon de la Golf, les ventes américaines de ce modèle étant presque symboliques. À peine deux fois plus de ventes qu’au Canada pour 2018 (42 271 contre 21 477), tandis que la population des États-Unis est dix fois plus élevée. Ainsi, la laisserait-on vraiment tomber?

Photo: Volkswagen

Chose certaine, les recentes décisions prises par Volkswagen ont porté fruit. Parce que la plupart des nouveautés lancées ces dernières années sont devenues des modèles à succès. Surtout lorsqu’il est question du Tiguan. Voilà un véhicule qui, personnellement, me déçoit en raison de son rendement mécanique, mais qui, avouons-le, cible mieux que jamais l’acheteur des VUS compacts les plus en vogue. Il ne faut donc pas être étonné d’une hausse drastique des ventes. Près de 100% d’augmentation de ventes en deux ans au Canada et plus de 125% d’augmentation aux États-Unis.

Au fil du temps, Volkswagen a aussi abandonné chez nous plusieurs autres modèles. L’Eos, avec raison, l’élégante CC ainsi que le Touareg, toujours offert en Europe. Or, l’arrivée d’une nouvelle berline de luxe plutôt nichée apporte à mon sens un vent de fraîcheur au sein de la gamme. Il s’agit de l’Arteon, une berline à hayon de grand volume, à rouage intégral et qui, essentiellement, vient rivaliser avec les Buick Regal et Kia Stinger. Finition de haut niveau, ligne élégante et performances surprenantes caractérisent cette voiture de 48 000 $, qui ne sera assurément pas un modèle à volume, mais qui contribuera positivement à l’image du constructeur. En quelque sorte, une remplaçante de la CC qui, au Québec, risque d’attirer l’attention.

Quoi qu’il en soit, Volkswagen a su passer à travers une tempête qui nous semblait quasi insurmontable. Et avec l’arrivée prochaine d’un utilitaire urbain et d’une toute nouvelle famille de véhicules électriques, il est clair que l’on tournera définitivement la page sur le scandale TDI.

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