L’auto-boutique : l’avenir de la vente automobile?

Publié le 18 octobre 2019 dans Blogue par Antoine Joubert

Depuis plusieurs années, les concessionnaires nous mentionnent ne faire que très peu de profit sur la vente de véhicules de masse.

Par exemple, à peine quelques centaines de dollars iraient dans les poches d’un concessionnaire Nissan qui conclurait une transaction sur une Micra. Un peu plus sur un Qashqai et un Rogue, et encore un peu plus sur un Pathfinder. Or, ces petits profits ne peuvent certainement pas justifier la construction de ces gigantesques châteaux ultramodernes, dans les lesquels la clientèle se rend pour magasiner un futur véhicule. Il suffit de penser aux deux récentes concessions Nissan qui ont été construites aux deux extrémités de l’autoroute 440 à Laval, pour réaliser que les petits profits ne suffisent pas.

Il est pourtant vrai qu’en concluant une transaction sur un Nissan Micra SV, le profit du concessionnaire n’est d’environ que de 300 $. Cela exclut bien sûr la ristourne du constructeur, les profits au financement et ceux qui sont engendrés avec les divers produits du directeur financier. Or, malgré cela, comment peut-on justifier la mise en place d’une bâtisse d’une valeur 8, 10, voire 12 millions de dollars?

Le concessionnaire doit alors se fier au volume de ventes, au profit nettement plus intéressant des véhicules d’occasion et au département de service. Là où la clientèle sursaute très souvent à la vue d’une facture, pour un service d’entretien pourtant très banal. Voilà donc un facteur qui pèsera de plus en plus lourd dans la balance lorsque viendra le temps de se procurer une nouvelle voiture.

Évidemment, parce que les concessionnaires sont de plus en plus « créatifs » dans la façon d’engendrer des profits, on réalise également que ces derniers développent des stratégies de plus en plus originales pour multiplier les profits à la vente de véhicule. Or, malgré ce que l’on observe dans la tendance actuelle des nouvelles concessions, il est évident que l’avenir ne se situe pas que dans la réalisation de mégacomplexes automobiles. Il faut également s’attendre à voir pousser dans les prochaines années des boutiques satellites, un peu comme l’a récemment fait Porsche dans le quartier DIX30 ou encore Genesis du côté du Carrefour Laval. Des boutiques à l’intérieur de centres commerciaux, ou qui auraient pignon sur rue de façon indépendante, mais qui n’occuperaient qu’un très petit espace dans un environnement urbain, où le pied carré locatif est hors de prix.

La clientèle pourrait donc s’y rendre pour s’informer, pour magasiner, voire pour effectuer un essai routier, avant de conclure une transaction. Puis, comme le propose actuellement la marque Genesis, le consommateur aurait ensuite droit à un service après-vente clé en main, incluant une livraison du véhicule neuf à l’endroit désiré ainsi qu’un service de voiturier lors des entretiens périodiques. Un service personnalisé, sans tracas, qui permettrait de diminuer les coûts d’exploitation d’une concession pour ainsi bonifier le service à la clientèle tout en, espérons-le, diminuant la facture d’entretien au fil des ans.

Un peu plus tôt cette semaine, Mitsubishi Canada ainsi que Polestar, la nouvelle division électrique de Volvo, annonçaient vouloir prendre cette direction. Dans le cas de Mitsubishi, des concessions satellites offrant service de concierge seraient d’abord mises en place dans un contexte de réorientation de l’image de marque, mais aussi dans le but de mieux servir une clientèle qui pourrait être charmée par ce type d’expérience.

Un projet que l’on ne qualifie pas d’expérimental, puisque le nouveau président et chef de la direction de Mitsubishi Canada, M. Juyu Jeon, semble bien déterminé à redorer le blason de cet écusson à triple diamant. Puis, du côté de Polestar, une petite boutique montréalaise est prévue d’ici un an, sous la direction du Groupe Park Avenue, laquelle sera d’ailleurs la toute première à ouvrir ses portes en Amérique du Nord.

Alors non, il ne s’agit pas de la fin des traditionnels concessionnaires automobiles, soyez-en certain. Maintenant, cette nouvelle façon de magasiner une automobile et d’obtenir du service risque de plaire à une clientèle spécifique, qui n’a ni l’envie et encore moins le temps de se déplacer périodiquement pour l’entretien, et qui n’apprécie pas non plus d’être intimidée par ces Costco de l’automobile, où l’impression que le client est roi n’a pas toujours lieu d’être.

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