Nissan Sentra 2020 : six millions plus tard
Pour Nissan, la Sentra est un incontournable. Un véhicule essentiel à la prospérité de l’entreprise, et ce même si les ventes de voitures compactes sont en baisse. Jusqu’ici, un peu plus de six millions de Sentra en trouvé preneur en Amérique du Nord, ce qui en fait le produit Nissan le plus vendu à ce jour sur notre territoire.
On ne peut toutefois pas dire que Nissan a mis de gros efforts ces dernières années pour que la Sentra gagne en popularité. Au contraire, on avait presque l’impression que le constructeur avait lancé la serviette, ne proposant pour 2019 que deux versions de ce modèle, avec une seule variante à boîte manuelle qui ne pouvait être jumelée avec l’option du climatiseur. Bref, Nissan ne souhaitait que faire le minimum pour ne vendre qu’un produit gris/noir/blanc, offert à prix plancher.
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Conscient que le marché de la compacte est aujourd’hui difficile, Nissan tente cette fois de séduire avec un produit radicalement différent, mais qui cible tout de même la clientèle de masse. Ainsi, pas de version haute performance, pas de rouage intégral ni même de modèle à hayon. En revanche, Nissan souhaite éblouir la clientèle avec un design plus audacieux, mais surtout, avec un produit radicalement plus raffiné, qu’on ne se procurera pas qu’en raison d’un prix attrayant.
Nissan débarque donc avec cette huitième génération de la Sentra, plus racée, plus longue, et qui rappelle inévitablement l’Altima, sa grande sœur. La Sentra perd en hauteur ce qu’elle gagne en largeur (environ 2 pouces), ce qui lui confère un profil plus intéressant. La ligne de toit flottante, les phares à DEL plus minces ainsi que la calandre V-Motion nettement mieux réussie que sur sa devancière renforcent aussi le caractère de cette berline, qui manquait jusqu’ici cruellement de personnalité.
La Sentra se décline pour 2020 en trois versions. De celles-ci, seule la version S de base peut recevoir une boîte manuelle. Cette dernière reçoit désormais un équipement plus complet, incluant la climatisation, mais vous prive hélas des sièges chauffants et de l’application AppleCarPlay/AndroidAuto, aujourd’hui considérés comme des incontournables pour la plupart des acheteurs.
Fait intéressant, si le Canada a choisi de conserver l’offre d’une boîte manuelle, les Américains l’ont de leur côté abandonnée. Il faut dire que les raisons pour choisir la manuelle sont aujourd’hui de moins en moins nombreuses, considérant la plus forte dépréciation de la voiture ainsi qu’une consommation moyenne plus élevée de 12%. Néanmoins, environ 15% des acheteurs québécois de voitures compactes demeurent fidèles à ce type de transmission.
En ce qui me concerne, la manuelle dans la Sentra est à l’avantage de la boîte automatique à variation continue, qui a connu son lot de problèmes en matière de fiabilité. À ce sujet, Nissan nous affirme qu’il s’agit de cas isolés, mais la plupart des gens de l’industrie vous diront que la boîte Xtronic des Sentra et Versa (même sur les modèles récents) sont à très haut risque. En espérant bien sûr que le soi-disant « problème isolé » soit réglé avec cette nouvelle génération.
J’ajouterais aussi que l’offre d’une boîte manuelle serait à mon sens plus pertinente sur une version qui attire davantage les amateurs de conduite. Ces derniers préfèrent généralement une voiture décemment équipée, d’allure plus sportive, ne privilégiant toutefois pas l’ensemble des gadgets de luxe d’un modèle haut de gamme. Pensez par exemple à la Honda Accord Sport, toujours offerte avec la manuelle, mais qui ne joue pas le rôle du parent pauvre de la gamme en s’adressant plutôt à une clientèle bien spécifique. Est-ce Nissan pourrait en ce sens changer son fusil d’épaule? Une future version SR de base à boîte manuelle? À suivre…
On efface et on recommence…ou presque !
La Sentra 2020 repose sur une nouvelle plateforme qui n’a jusqu’ici jamais été exploitée par Nissan. Cette dernière accueille une nouvelle suspension indépendante aux quatre roues, à bras multiples à l’arrière, permettant ainsi de favoriser la tenue de route et l’agrément de conduite. Un point sur lequel on peut bien sûr débattre, puisque Volkswagen et Mazda ont notamment prouvé avec leur dernière génération de Jetta et Mazda3 qu’une poutre de torsion pouvait faire un superbe boulot, tout en éliminant plusieurs pièces mobiles exposées à l’usure.
Côté direction, une nouvelle crémaillère à double pignon et assistance électrique permet effectivement d’obtenir plus de précision ainsi qu’une meilleure rétroaction au volant, créant ainsi un effet de surprise par rapport aux Sentra du passé. Quant au moteur, il s’agit d’une version retravaillée du quatre cylindres exploité par le Qashqai. Une mécanique correcte, qui gagne 25 chevaux de puissance par rapport au précédent moteur de 1,8 litre, pour une consommation équivalente (affichée à 7,1 l aux 100 km). Hélas, ce moteur n’a rien de très révolutionnaire sur le plan technique, ne faisant par exemple toujours pas appel à l’injection directe de carburant.
Sur la route, la Sentra nous amène complètement ailleurs. Oubliez la position de conduite inconfortable du modèle précédent ou encore la sensibilité de la voiture aux vents latéraux. Désormais, la voiture est stable, beaucoup plus confortable et nettement mieux insonorisée. La direction plus précise jumelée à cette nouvelle géométrie de suspension permet également une bien meilleure maniabilité, et ce même si la voiture donne l’impression de dimensions nettement supérieures. Non, le plaisir au volant n’égale pas celui d’une Mazda3. Or, la voiture démontre un équilibre exceptionnel et de très belles qualités routières, ce qui par le passé, n’était pas le cas.
Escape et confort
Conscient que la version SV constituera plus de 50% des ventes, Nissan a choisi d’y mettre beaucoup d’emphase afin que l’acheteur de celle-ci n’ait aucun argument négatif. Ainsi, rien n’y manque, incluant même le régulateur de vitesse intelligent, l’accès et le démarrage sans clé et, bien sûr, sièges et volant chauffants. Quant à la version SR, elle propose un attirail d’éléments esthétiques pour créer une allure plus sportive, ajoutant notamment jantes de 18 pouces, jupes latérales et becquet arrière. Il s’agit également de la seule version à pouvoir recevoir une peinture deux tons, au coût additionnel de quelques centaines de dollars.
À bord, la présentation rappelle directement celle de l’Altima. Une instrumentation claire et facile à consulter se trouve donc derrière ce nouveau volant à base plane. On retrouve également un écran central tactile de 8 pouces (sauf sur la version S) pour une grande facilité d’utilisation, ainsi que des sièges extrêmement confortables, lesquels contribuent grandement au confort des occupants. Remarquez également que l’espace attribué aux places arrière est extrêmement généreux, un avantage indéniable face à la Mazda3. Puis, la Sentra profite également d’un coffre généreux, évidemment transformable.
Améliorer les perceptions
Jusqu’ici considérée par plusieurs comme une banale voiture de location, la Sentra souhaite aujourd’hui regagner ses lettres de noblesse et bien sûr, grimper en popularité. L’an dernier, il se vendait au Canada deux fois plus de Mazda3, trois fois plus de Hyundai Elantra, quatre fois plus de Toyota Corolla et cinq fois plus de Honda Civic, que de Sentra. Nissan vise donc à réduire considérablement cet écart, étant tout de même conscient que la gamme Sentra n’est pas aussi étoffée que celle de certaines rivales.
Maintenant, Nissan n’a toujours pas dévoilé le prix de sa Sentra 2020, qui devrait débarquer chez nous en février. Attendez-vous cependant à ce que la facture d’une Sentra SV soit très compétitive et qu’elle incite l’acheteur d’un modèle S à passer au second rang hiérarchique.
La stratégie de Nissan est donc claire. Séduire l’acheteur avec une version SV qui constitue de loin l’offre la plus intéressante, ou encore avec la version SR, plus dynamique. Cela permettrait alors de créer un écart considérable avec la future berline Versa, qui débarquera probablement chez nous dès l’an prochain. Cette dernière viendrait en quelque sorte remplacer la Micra, qui tire cette année sa révérence, faisant office de modèle d’entrée de gamme. Or, pour que cette dernière ait du succès, il faudra inévitablement qu’un écart de prix significatif soit établi avec la Sentra.
Chose certaine, la compacte de Nissan est maintenant armée pour conquérir de nouveaux acheteurs. Avec un niveau de raffinement rehaussé, une finition de plus haut niveau, un confort exceptionnel et un comportement routier désormais digne de ce nom, on réussira sans doute à séduire plus que les chasseurs d’aubaines. Reste maintenant aux stratèges de la marque à mettre l’énergie nécessaire pour que le succès soit au rendez-vous.
En vidéo : la Nissan Sentra 2020 au Salon de l'Auto de Los Angeles
Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Nissan Sentra 2020 |
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Version à l'essai | SR |
Fourchette de prix | n.d. |
Prix du modèle à l'essai | n.d. |
Garantie de base | 3 ans/60 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 5 ans/100 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 8,2 / 6,2 / n.d. L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Chevrolet Cruze, Honda Civic, Hyundai Elantra, Kia Forte, Mazda Mazda3, Subaru Impreza, Toyota Corolla, Volkswagen Jetta |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Toujours très peu gourmande, du moins avec la boîte automatique. |
Confort | Étonnant. Les sièges "Zero Gravity" ainsi que la meilleure insonorisation y sont pour beaucoup. |
Performances | Malgré une augmentation de la puissance, la Sentra demeure une voiture davantage intéressante pour son rendement énergétique que pour sa puissance. |
Système multimédia | Un système simple, efficace et complet. |
Agrément de conduite | Plus dynamique que par le passé, elle n'inspire toutefois pas autant qu'une Mazda3 ou qu'une Volkswagen Golf. |
Appréciation générale | La Sentra connaître beaucoup de succès et permettra à Nissan de regagner du terrain dans ce segment, parce qu'elle répond plus efficacement aux besoins d'une masse d'acheteurs. |