Sondage : faut-il taxer les gros véhicules pour accélérer l’électrification?
Une grande majorité de Québécois sont prêts à faire les efforts nécessaires pour accélérer l’électrification des transports et réduire le nombre de véhicules polluants sur les routes, selon un récent sondage Léger Marketing pour le compte d’Équiterre, Vivre en ville, la Fondation David Suzuki et l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).
En effet, 78% des répondants se disent favorables à ce que le gouvernement du Québec encourage, par différentes mesures fiscales, l’utilisation de véhicules plus verts. Une nouvelle taxe sur les modèles énergivores par exemple? Plus de la moitié des gens (55%) semblent être d’accord.
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Le tout fait suite à la publication du rapport « État de l’énergie 2020 » de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, qui soulève trois constats inquiétants :
- La consommation d’essence au Québec a augmenté de 24% de 2013 à 2018 alors que la stratégie énergétique du gouvernement vise une diminution de 40% en 2030 par rapport à 2013.
- Le nombre de véhicules à usage personnel s’est accru de 65% depuis 1990 alors que la croissance démographique de la province se chiffre à 19 % durant la même période.
- Les ventes de gros véhicules ont augmenté de près de 263% depuis 1990 et représentent aujourd’hui 64% des ventes totales de véhicules neufs.
« Les gains réalisés en efficacité énergétique des véhicules automobiles depuis une décennie ont été effacés par l’augmentation de la taille, du poids et du nombre de grosses cylindrées sur nos routes, explique Karel Mayrand, directeur général pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki. Cette tendance alimentée par l’industrie automobile contribue à l’endettement des ménages et rend impossible l’atteinte de nos objectifs de lutte aux changements climatique. »
Pour se donner les moyens de maintenir le soutien financier à l’électrification des transports, les différents organismes environnementaux estiment que le gouvernement du Québec doit instaurer un fonds autofinancé par un système de redevance-remise.
Autrement dit, les acheteurs de véhicules énergivores et polluants paieraient une taxe qui serait ensuite remise à ceux qui choisissent un véhicule électrique ou hybride rechargeable sous la forme d’un rabais. Plus un modèle émet des gaz à effet de serre, plus la contribution serait grande.
« Il apparaît nécessaire et raisonnable que les propriétaires de véhicules polluants fassent leur part en payant une contribution à l’électrification, affirme Christian Savard, directeur général chez Vivre en ville. En liant cette redevance à la subvention à l’achat dans un programme autofinancé, le Québec se dotera d’une mesure d’écofiscalité qui accélérerait la transition vers les véhicules à faibles émissions sans grever les finances publiques. »
Enfin, Équiterre, l’AVEQ et les autres demandent au gouvernement de revoir les paramètres de la norme sur les véhicules zéro émissions adoptée en 2018 afin que l’industrie automobile mette à la disposition des Québécois un plus grand nombre et un plus large éventail de modèles.
Actuellement, le manque d’inventaire demeure un frein important à leur adoption. Toutefois, il faut reconnaître que l’approvisionnement suffisant de batteries et de composants de système électrique est un enjeu de taille qui ne se règlera pas de sitôt. Les nombreux clients du Toyota RAV4 hybride en savent quelque chose.
« Cette norme devait offrir aux consommateurs une disponibilité suffisante de véhicules chez les concessionnaires, mais on remarque maintenant que les constructeurs offrent le strict minimum sur le marché selon les barèmes peu exigeants de la présente loi, indique Simon-Pierre Rioux, président-fondateur de l’AVEQ. En 2020, il est inacceptable que des listes d’attente pour accéder à un véhicule électrique existent encore chez les concessionnaires québécois et nous devons absolument remettre les pendules à l’heure. »