Tuer Buick à petit feu...
En 2019, Buick écoulait au pays un total de 17 182 véhicules, ce qui inclut un peu plus de 10 000 Buick Encore. Autrement dit, 60% des ventes de Buick sont relatives à l’Encore, un VUS urbain qui ne cadre certainement pas avec l’image de cette marque pourtant très riche en histoire.
L’année 2019 soulignait également la fin de production de la grande berline Lacrosse, ainsi que l’annonce de l’abandon de la Regal, une berline clonée à partir de l’Opel Insignia. Ne restera donc chez Buick, à la fin de l’année en cours, que des VUS. Trois, pour être plus précis : l’Encore, l’Enclave et l’Envision, fabriqué en Chine.
- À lire aussi: En studio : le Buick Encore GX 2020 est-il toujours dans la course?
- À lire aussi: Buick Envision 2020 : il faudra en faire plus
Avec moins de 1% de parts de marché au Canada, et avec à peine 2% du côté des États-Unis, où s’en va donc cette marque? Et surtout, à quoi pensent les stratèges de Buick lorsqu’il est question de séduire la clientèle? Ont-ils seulement un objectif précis et envisagent-ils un véritable avenir (sans mauvais jeu de mots) pour cette Buick ? Car il est clair que de créer un énième VUS basé par exemple sur le Chevrolet Blazer ou pire, sur le Tahoe, ne ferait que la rendre encore plus insignifiante.
Une chose est sûre , Buick ne semble plus vouloir séduire cette clientèle un peu plus âgée. Celle qui a jadis été si profitable, mais qui délaisse aujourd’hui la marque, parce qu’elle n’a tout simplement plus rien à offrir. Oh, certes, vous me nommerez l’Enclave. Or, personne n’est dupe. Ce n’est qu’un Chevrolet Traverse du dimanche, affecté par une mauvaise réputation de fiabilité, ce qui ne fait pas honneur au passé de la marque. Parce qu’en effet, Buick s’est souvent retrouvé au sommet des divers sondages de satisfaction à la clientèle. Que voulez-vous, on avait beau se moquer du côté « pépère » des Le Sabre et Park Avenue, ces voitures étaient bien construites, dotées de mécaniques fiables et accompagnées d’une réputation renforcée par des décennies d’histoire.
La Chine
Pour l’ensemble de l’Amérique du Nord, Buick a écoulé moins de 225 000 véhicules. À cette même période, 871 506 unités des divers modèles Buick étaient vendues en Chine, ce qui constituait ironiquement un recul considérable de presque 360 000 unités par rapport à 2016.
Vous aurez donc compris que la survie de Buick tient à son existence et à son grand succès sur le marché chinois. Là-bas, une quinzaine de gammes de modèles sont proposées, allant de la compacte à hayon à la grande berline, en passant par les VUS et de luxueuses fourgonnettes.
Évidemment, la perception de la marque Buick en Chine diffère beaucoup de la nôtre. Celle-ci représente la grâce, le luxe et l’élégance, mais surtout, le rêve américain. D’ailleurs, sachez que Cadillac fait également des affaires d’or en Chine, y vendant plus de véhicules que sur sa terre natale. Maintenant, comme General Motors est actuellement en forte restructuration et que la vente des divisions Opel/Vauxhall à PSA vient ainsi affecter l’existence de modèles Buick qui en étaient dérivés (comme la Regal), il faudra que les stratèges de GM en Chine se retroussent les manches.
Alors oui, le jeu en vaut la chandelle, dans la mesure où la taille du marché chinois et les opportunités de conquête sont très grandes. Puis, il faut savoir qu’à l’inverse des Nord-Américains, les Chinois ne sont aucunement fidèles à une marque, ce qui explique de grandes fluctuations de ventes d’une année à l’autre.
Maintenant, est-ce qu’il vaut réellement la peine de conserver cette marque en vie pour le marché nord-américain? Parce que si l’intention n’est que de cloner des véhicules à partir de modèle Chevrolet comme on le fait actuellement (exception faite de l’Envision, développé à la base pour la Chine), vaut mieux à mon sens lancer la serviette. Inutile de déshonorer l’image de cette marque centenaire, au passé glorieux, avec comme principal vendeur un vulgaire multisegment à moteur à trois cylindres.
Maintenant, je suis d’avis que Buick a un futur. Un futur qui pourrait lui faire regagner ses lettres de noblesse, avec une stratégie bien claire. Pourquoi ne pas en faire la division automobile de GM? Celle qui vendrait des voitures compactes, des intermédiaires bien adaptées aux besoins des acheteurs nord-américains, et des voitures de luxe. Pas d’autos sport ni de modèles qui viendraient concurrencer Cadillac. On pourrait aussi offrir des VUS, bien sûr!
Or, puisque Chevrolet abandonne toutes ses voitures et que les acheteurs ne désirant pas un VUS n’ont aujourd’hui plus rien à se mettre sous la dent, ne pourrait-on pas offrir des produits efficaces? Je pense notamment à la petite berline Verano, renouvelée et toujours vendue en Chine, qui pourrait connaître un nouvel essor. Ou encore à la Velite 6, une intermédiaire électrique à cinq portes, aussi élégante que pratique, et qui permettrait à Buick de séduire une toute nouvelle clientèle chez nous. Bref, il pourrait s’agir d’une avenue intéressante dans une ère qui nous confirmera sous peu que la direction unique vers les VUS est une grossière erreur.
En terminant, je me permets de mettre en lumière deux superbes voitures concepts qui ont été dévoilées par Buick en 2015 et 2016. D’abord, l’élégante et proéminente berline Avenir, qui se voulait une étude de style afin d’illustrer un futur plus luxueux pour Buick. Hélas, l’Avenir n’est devenue qu’une déclinaison de modèles, qui n’a clairement pas su séduire. Puis, une pensée toute spéciale pour le concept Avista. Superbe coupé hardtop qui voulait illustrer le futur stylistique de la marque. Dommage que l’on n’ait pas poursuivi en ce sens…