La relance d'Acura
En 2019, Acura vendait juste un peu moins de 20 000 véhicules au pays.
C’est 5 000 de moins que Lexus, mais deux fois plus qu’Infiniti, dont l’avenir semble de plus en plus incertain. Comme toute marque de luxe nipponne, Acura a souffert. Parce que les Allemands dominent le marché, et parce que le prestige qu’on lui associait dans le passé n’est aujourd’hui plus aussi convaincant.
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Acura aurait-il fait l’erreur de se croiser les bras trop longtemps en pensant que sa réputation serait éternelle? Sans doute que oui. Or, le constructeur réalise aujourd’hui cette monumentale bourde au point où il évoque déjà, dans un objectif marketing, le passé glorieux de la Legend. Une voiture de grande qualité, jadis populaire, que l’on a cependant un jour bêtement renommée RL, puis RLX, et dont la mort imminente vient tout juste d’être annoncée. Pourquoi? Parce que le marché a changé, certes, mais surtout parce que les stratèges de la marque n’ont aucunement pris soin de ce qu’ils ont bâti.
Dès son arrivée en 1986, Acura portait déjà une image très positive. Les amateurs de voitures de luxe y voyaient à cette époque une alternative moderne et dynamique aux inaccessibles voitures européennes, ainsi qu’à ces bagnoles américaines devenues insipides, voire insignifiantes. D’ailleurs, c’est en constatant ce succès que Nissan et Toyota allaient répliquer à Honda avec l’introduction d’Infiniti et de Lexus. Dès lors, une nouvelle catégorie de voitures de luxe était lancée. Des voitures japonaises de qualité, fiables et luxueuses, qui allaient rapidement se démarquer sur le marché nord-américain.
Chez Acura, l’arrivée de l’extraordinaire NSX en 1989 allait placer la barre très haute. En effet, qui aurait pu deviner à cette époque qu’un constructeur nippon aurait l’audace de répliquer à Ferrari avec une voiture aux lignes spectaculaires, et dotée d’une technologie d’avant-garde?
Au même moment, Lexus choisissait de son côté d’introduire une grande berline de luxe, la LS400, qui allait rivaliser avec la Mercedes-Benz Classe S. Celle-ci a également connu un succès monstre aux États-Unis, ce qui a permis à la marque de gagner ses lettres de noblesse. Et même si cette voiture ne se vend aujourd’hui qu’au compte-gouttes, Lexus a su conserver sa réputation, laquelle influence bien sûr celle de l’ensemble des produits de la marque.
Chez Acura, les choses ont hélas pris une autre tournure. D’une part, parce que l’on s’est débarrassé des modèles rapidement devenus emblématiques, mais aussi parce qu’une succession d’erreurs a mené à une perception plus nuancée de la marque.
L’abandon des noms Legend et Integra ont été des erreurs, tout comme la NSX, que l’on tente aujourd’hui de faire revivre sur un modèle qui s’est hélas trop fait attendre. Ajoutez à cela une succession de designs de mauvais goût comme le ZDX et la TL de troisième génération, ainsi que la trop grande proximité des technologies par rapport aux modèles Honda, et vous avez là une partie des éléments qui expliquent cette perception désormais quelconque d’une marque qui mériterait pourtant plus d’attention.
Même si Acura tente aujourd’hui d’en mettre plein la vue avec la NSX, il n’en demeure pas moins que le récent RDX est celui qui illustre plus efficacement le plan de relance de la marque.
Un premier design réussi depuis fort longtemps chez cette division, qui enrobe un produit efficace, hyper compétitif et qui n’a certainement rien à envier aux meneurs du segment. D’ailleurs, en 2019, le RDX talonnnait les ventes canadiennes d’Audi Q5 et de Mercedes-Benz GLC, dépassant celles du BMW X3, écoulant trois fois plus de véhicules qu’Infiniti, avec son nouveau QX50.
Représentant environ 50% des ventes totales d’Acura, le RDX constitue donc un véhicule essentiel pour la marque, qui compte bien sûr regagner en popularité. Pour ce faire, on a dévoilé cette semaine une nouvelle TLX 2021 plus racée, plus volumineuse et plus performante que jamais, laquelle adopte une nouvelle structure une mécanique directement empruntée au RDX. Cette dernière sera également offerte en version Type S à moteur V6 turbocompressé, dont la puissance avoisinerait les 400 chevaux. Notez que toutes les TLX seront dotées du rouage intégral, un point qui aura certainement fait très mal au modèle de génération actuelle.
Puis, d’ici la fin de l’année, Acura présentera son nouveau MDX. Un utilitaire plus racé, plus dynamique et encore plus spacieux, qui éliminerait semble-t-il cette impression de « fourgonnette » de luxe que l’on tente depuis peu d’amenuiser avec l’arrivée d’une version A-Spec. Ce dernier serait vraisemblablement doté du même V6 que la TLX Type S, promettant des performances jamais vues. Suivrait une nouvelle ILX ciblant l’acheteur de l’Audi A3 ou de la Mercedes-Benz Classe A, avec moteur turbo et rouage intégral.
Par la suite, faut-il s’attendre à un utilitaire de plus petit format, façon Audi Q3 ou BMW X1? En toute logique, oui. Mais Acura se fait à ce sujet avare de commentaires. Chose certaine, si les prochains produits de la marque innovent et séduisent comme le font le RDX et la nouvelle TLX, la division de luxe de Honda pourrait vite regagner ses lettres de noblesse.
Un élément essentiel à la survie de toute marque de luxe ou de prestige. Parlez-en à Cadillac, Infiniti ou Lincoln…