Le pari audacieux de Nissan
En avril dernier, je rédigeais un article intitulé Mort annoncée des sous-compactes, dans lequel j’abordais l’abandon du segment par plusieurs constructeurs automobiles.
En somme, il était question d’une trop faible profitabilité pour les constructeurs et du désintérêt du public envers un moyen de transport minimaliste. Pour ne nommer que quelques modèles disparus au cours des dernières années, pensez à la Chevrolet Sonic, la Fiat 500, la Ford Fiesta, la Mazda2, les Nissan Micra et Versa Note, de même que la Prius c chez Toyota.
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Ne restait donc en 2020 que la Chevrolet Spark, la Honda Fit, le duo coréen Hyundai Accent/Kia Rio, la Mitsubishi Mirage et la Toyota Yaris, laquelle s’est récemment transformée, devenant un clone d’une Mazda2 vendue ailleurs dans le monde.
Tombées au combat
Or, on apprenait tout récemment l’abandon définitif de cette Yaris nouvellement débarquée, mais également de la Honda Fit, qui ne sera désormais plus offerte en Amérique du Nord. Deux voitures qui ont toutes les deux connu leurs heures de gloire, surtout au Québec, et qui sur le marché d’occasion, conservent une excellente valeur.
Dans le cas de la Yaris, Toyota avait même choisi de ne l’offrir exclusivement qu’au Québec, sachant que la grande majorité des parts de marché canadiennes s’y trouvaient. Or, bien que la Belle Province ait répondu positivement à cette nouvelle offre de Toyota, il était utopique de croire qu’on pourrait conserver un modèle que pour le Québec, qui ne représente bien sûr qu’un très faible pourcentage à l’échelle nord-américaine.
Alors qu’en 2019, la Yaris ne se vendait qu’à 6 256 unités au pays, dont 3 515 au Québec, il fut une époque où Toyota réussissait à en écouler environ 35 000 unités annuellement, la voiture s’étant même parfois retrouvée dans le top 10 des ventes canadiennes. Or, il semble que le désintérêt du public qui préférait se tourner vers une Corolla pour quelques dollars de plus par mois, a eu raison de la plus petite des Toyota.
Puis, il faut comprendre que le constructeur nippon, qui fabrique sa Corolla en sol nord-américain, a aussi tout intérêt à promouvoir davantage cette dernière, plutôt qu’une Yaris moins profitable et qu’il faut nécessairement importer de France ou du Mexique. D’ailleurs, il en va de même pour la Honda Fit, de fabrication mexicaine, alors que la Civic est assemblée au Canada.
Alors voilà, ne resteront donc en 2021 que la Chevrolet Spark, qui vit sur du temps emprunté, les deux coréennes de même que la Mitsubishi, qui aura même droit à de petites retouches esthétiques. Maintenant, contre vents et marées, Nissan choisit de revenir à la charge dans ce segment avec une berline sous-compacte, la Versa.
Une voiture offerte depuis un peu plus d’un an chez nos voisins américains, qui préfèrent justement les berlines aux modèles à hayon. Or, parce que la Micra était en fin de vie et qu’il était impossible pour Nissan de poursuivre sa production que pour le Canada, le constructeur a choisi une solution alternative, afin de ne pas perdre cette nouvelle clientèle acquise au fil des ans, et qui entre 2014 et 2019, s’est procurée autour de 50 000 Micra.
Faire sa place
Croyant dur comme fer au marché de la voiture sous-compacte, les stratèges de Nissan Canada se disent même heureux de voir disparaître la compétition, les uns après les autres. En fait, Nissan n’aura ainsi à rivaliser qu’avec les Hyundai Accent et Kia Rio, deux voitures sérieuses, mais qui perdent elles aussi beaucoup de terrain par rapport au passé. En effet, ces deux constructeurs mettent davantage d’emphase sur leurs voitures compactes et sur leurs nouvelles vedettes respectives, que sont les Hyundai Kona/Venue et Kia Seltos.
Conscients que les produits comme le Kicks et le Qashqai ont aussi une importance capitale pour l’expansion de la marque, les gens de Nissan croient cependant qu’il y a toujours une place de choix pour la petite voiture traditionnelle. Il n’est donc pas question de l’offrir en n’effectuant aucune promotion, uniquement dans l’optique d’une offre plus complète. L’objectif est d’en vendre et d'obtenir de grosses parts de marché, comme on l’a fait avec la Micra. Maintenant, il est clair que le format de berline de cette nouvelle Versa, qui partage ses éléments techniques et structuraux avec le Kicks, ne charmera pas les acheteurs de la même façon que la Micra. Il faudra donc user de stratégie afin de les séduire, ce qui implique bien sûr une facture se situant bien en deçà de celle de la nouvelle berline Sentra.
En terminant, il faut aussi mentionner qu’avec le désir soudain d’un large public à délaisser le transport en commun au profit d’une automobile leur offrant un environnement contrôlé, il est clair que les constructeurs pourront en tirer profit. Or, plusieurs de ces personnes utilisent le train, le métro et l’autobus pour une question monétaire, ce qui laisse bien sûr croire que bon nombre d’entre eux opteront pour un véhicule à faible coût. Se tourneront-ils vers un véhicule d’occasion, ou choisiront-ils au contraire un petit véhicule neuf comme la Nissan Versa? À suivre…