Ford : encore de la poudre aux yeux
Au cours de l’été, l’équipe du Guide de l’auto a eu la chance de réunir avant tout le monde les trois VUS compacts hybrides rechargeables du marché, soit le Ford Escape hybride rechargeable, le Mitsubishi Outlander PHEV et le Toyota RAV4 Prime.
Trois véhicules particulièrement importants pour le marché du Québec, connaissant notre engouement pour les VUS compacts et pour les véhicules électrifiés.
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Sans surprise, le RAV4 Prime allait se démarquer dans cette compétition mise en page dans le Guide de l’auto 2021. Puis, de son côté, l’Outlander allait terminer bon dernier, en raison de sa technologie vieillissante. Entre les deux, le Ford Escape a fait bonne figure. Un produit permettant à Ford de s’illustrer au Québec, grâce à cet hybride rechargeable, avec lequel nous avons tout de même pu rouler 66 kilomètres avant d’avoir recours à un peu d’essence. Nous avions alors sous la main un véhicule de préproduction dont la qualité nous semblait très sérieuse.
Un produit intéressant
Bien qu’il n’ait ni la puissance ni la polyvalence du RAV4 Prime, avantagé par ses quatre roues motrices, l’Escape hybride rechargeable était loin de décevoir. Qui plus est, Ford annonçait des prix fort concurrentiels, et ce, en dépit que le véhicule n’était guère éligible aux pleins crédits gouvernementaux.
Pourquoi cela? Parce que la règle stipule que la taille de la batterie doit être supérieure à 15 kWh pour que le consommateur puisse bénéficier des 5 000 $ octroyés par le Canada, et des 8 000 $ offerts par le Québec. Or, Ford lui a intégré une batterie de 14,4 kWh, alors que le RAV4 Prime s’équipe d’une batterie de 18,1 kWh. Résultat, une subvention coupée de moitié par rapport au RAV4 qui, pourtant, n’est guère plus efficace au chapitre énergétique que le Ford Escape.
Voilà un débat qui n’a pas réellement lieu d’être, puisqu’après plusieurs mois à nous faire languir, Ford annonçait le report de production de cette version de l’Escape. Une production repoussée au printemps 2021, pour un modèle qui pourrait débarquer chez nous quelque part à la fonte des neiges. Une nouvelle franchement décevante, considérant tout le discours mené par Ford au cours de la dernière année face à l’optique de son virage vert.
La COVID-19 encore blâmée
Alors, pourquoi un tel report? Selon Ford, l’accessibilité aux batteries serait en cause, de même que la COVID-19. L’excuse de prédilection qui explique bien des choses, mais qui n’est certainement pas valable dans le cas qui nous concerne. En effet, l’arrêt de production des véhicules pour une durée moyenne de deux mois ne peut expliquer que l’on repousse d’un an l’arrivée d’un modèle. Quelques mois, au plus, ce qui n’est pas non plus le cas de l’utilitaire électrique Mustang Mach-E qui devait initialement prendre la route cet été, et que vous attendrez encore plusieurs mois.
Et si la question des batteries était vraiment en cause, comment pourrait-on expliquer l’arrivée dans quelques semaines à peine du F-150 hybride 2021 et la disponibilité immédiate de l’Explorer hybride? Il faut donc creuser davantage pour expliquer la mise en veille de la commercialisation de cet Escape, qui aurait pu connaître chez nous un vif succès, dès cet été.
D’abord, sachez qu’au moment d’écrire ces lignes, il est toujours possible de configurer, sur le site web de Ford du Canada, un Escape hybride rechargeable dont le prix d’entrée est à 37 549 $ avant les rabais. On vous indique même la possibilité de financer un modèle 2020 à un taux de 0,99%, alors que le véhicule n’existe pourtant pas.
Voilà qui prouve donc une chose : les stratèges de Ford au Québec étaient prêts pour sa commercialisation. Or, ceux qui œuvrent de l’autre côté de notre frontière en ont décidé autrement.
Pourquoi? Probablement parce que Ford a constaté le désintérêt marqué de la clientèle envers l’Escape de nouvelle génération. Un modèle complètement repensé pour 2020, mais qui a pourtant vu ses ventes chuter dramatiquement cette année. Vous me direz qu’il est normal que les ventes aient diminué en 2020, conséquence de cette pandémie qui a affecté tout le monde. Et vous avez raison. Or, pendant que la moyenne des VUS compacts voyait ses ventes baisser de 28% au pays, Ford dégringolait de 42% pour la même période. Une catastrophe considérant qu’il s’agissait en 2020 d’un tout nouveau modèle, et que le meneur du segment qu’est le Toyota RAV4 ne perdait du terrain que par 15%.
En fait, seule le vieillissant Jeep Cherokee voyait ses ventes décliner encore plus fortement en pourcentage, Ford se situant au deuxième rang. Aurait-on ainsi décidé de remettre en question la stratégie, compte tenu du fait que les cours des concessionnaires sont remplies d’Escape qui ne trouvent pas preneur? Aurait-on aussi choisi d’attendre de voir le succès du Bronco Sport (dérivé de l’Escape) qui débarquera en décembre, pour peut-être adopter un nouveau plan marketing? Ou encore, sommes-nous retournés à la table à dessin afin de greffer une plus grosse batterie à cet Escape, de façon à ce qu’il puisse être éligible aux mêmes crédits que le déjà très populaire Toyota RAV4 Prime?
Chose certaine, une raison dépassant largement le cadre de la COVID-19 explique cette décision, qui vient encore une fois affecter négativement l’image du constructeur au Québec. Parce qu’avec l’abandon presque total de ses voitures, ce qui inclut la Fusion hybride rechargeable, Ford n’a pour l’heure plus aucun véhicule minimalement vert à offrir à sa clientèle. Oh si, l’Escape hybride non rechargeable, mais à un prix au-delà de 40 000 $...