Votre voiture d’occasion vaut maintenant plus cher

Publié le 1er avril 2021 dans Blogue par Antoine Joubert

L’an dernier, le prix moyen d’un véhicule neuf vendu au pays dépassait pour la première fois le seuil psychologique des 40 000 $.

Un constat qui ne surprend pas l’industrie, puisque plusieurs modèles abordables ont quitté le marché alors que le luxe attire une clientèle de plus en plus large. Il faut dire que l’accès au crédit n’a jamais été si facile et que bon nombre d’automobilistes de la classe moyenne roulent aujourd’hui en BMW ou en Mercedes-Benz...

Or, bien que le prix des véhicules ait considérablement grimpé au cours des dernières années, on peut aussi constater qu’il en va de même pour les véhicules d’occasion. Les marchands ont de plus en plus de difficulté à faire de bonnes affaires à l’encan, où les prix s’envolent, même pour des véhicules qui, a priori, ne semblent pas si intéressants. Ainsi, il n’y a pas que les Toyota RAV4 et Ford F-150 qui valent leur pesant d’or dans le marché d’occasion. Aujourd’hui, tout se vend, et à fort prix.

Photo: Antoine Joubert

Valeur résiduelle à la hausse

Le marché est tel que des entreprises comme ALG et Black Book, spécialisées dans l’établissement de valeurs résiduelles des véhicules d’occasion, ont bien du mal à suivre. Parce que personne n’est en mesure de dire quelle sera la demande réelle pour un produit dans six mois ou un an. Évidemment, une grande partie de cette problématique s’explique par la pandémie, mais il est clair que l’exportation de plusieurs de nos véhicules d’occasion vers les États-Unis constitue aussi un problème.

Puis, il y a la pénurie d’inventaires. Un sérieux problème pour les concessionnaires qui vendent à peine la moitié de ce qu’ils pourraient écouler. On le constate surtout dans le domaine des camionnettes pleine grandeur (Ford, GM, Ram) ainsi que pour les hybrides du côté de Toyota. Cela dit, les ruptures de stock sont de plus en plus communes, qu’importe le segment de véhicule.

On explique ce phénomène par le fait que les Américains préfèrent écouler des véhicules chez eux, en dollars américains, plutôt qu’au Canada, mais aussi en raison d’une pénurie de pièces venant affecter la fabrication même des véhicules. Tout récemment, l’incendie d’une usine japonaise de puces électroniques (semi-conducteurs) est d’ailleurs venu compromettre davantage la production de véhicules chez plusieurs constructeurs nippons et américains.

Des délais à prévoir

Résultat, vous pourriez attendre plusieurs mois pour mettre la main sur une camionnette F-150, sur un Jeep Wrangler ou sur une fourgonnette Toyota Sienna. Même chez les compactes, souvent plus populaires chez nous que dans certains États américains, les inventaires sont faibles. De ce fait, ne soyez donc pas étonné si la négociation pour l’achat d’un nouveau véhicule est plus difficile. Parce que si vous ne l’achetez pas, un autre le fera!

Maintenant, il faut comprendre que votre véhicule d’occasion vaut lui aussi plus cher. Beaucoup plus cher. Surtout s’il s’agit d’un VUS, d’une fourgonnette ou mieux encore, d’une camionnette pleine grandeur ou d’un fourgon commercial. Par exemple, pour un F-150 âgé de six ans et affichant 120 000 km, on pourrait vous offrir aujourd’hui le montant que l’on vous aurait proposé il y a deux ans, alors que vous n’aviez parcouru que 80 000 km. Même une Dodge Grand Caravan vaut son pesant d’or, un phénomène qui s’explique également par le fait que le modèle n’est plus fabriqué et que les fourgonnettes sont aujourd’hui plus coûteuses à l’état neuf.

Photo: Antoine Joubert

Morale de l’histoire, avant de céder votre voiture en échange chez un concessionnaire qui vous offre de vous en débarrasser à prix plancher, faites vos devoirs. Vous pourriez réaliser que votre véhicule, même si son état est discutable, vaut plus cher que vous ne le pensiez.

Et si quelqu’un ose vous sortir une valeur au Black Book, faites-lui savoir que de nos jours, ces guides ne tiennent plus vraiment la route. Peut-être à l’exception du Guide Hebdo, où les valeurs sont à mon sens souvent gonflées, probablement dans l’optique de faire plaisir à la SAAQ. Parce qu’au cas où vous ne le saviez pas, la Société de l’assurance automobile du Québec fait appel aux valeurs octroyées par le Guide Hebdo pour percevoir des taxes sur les véhicules d’occasion. Des valeurs souvent très fortes… vous aurez compris pourquoi.

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