Vente automobile en 2021 : l’Amérique croît, l’Europe en chute libre
La reprise espérée n’a pas eu lieu : les ventes de voitures neuves en Europe ont marqué un nouveau record à la baisse en 2021, freinées par la crise sanitaire et les pénuries de puces électroniques qui ont empêché la production de millions de voitures.
L’an dernier, 9,7 millions de véhicules ont été vendus dans l’Union européenne, selon les données publiées mardi par les constructeurs: c’est le chiffre le plus bas enregistré depuis le début de la série statistique en 1990, plus bas que 2013 et 1993, des années déjà noires pour l’industrie automobile.
- À lire aussi: Les ventes de véhicules neufs au Canada en hausse de 7 % en 2021
- À lire aussi: Ventes de véhicules : prix records et inventaires qui roulent à fond
Avec un sixième mois de baisse consécutif en décembre, les ventes ont même reculé de 2,4% en Europe par rapport à l’année 2020, paralysée par la COVID-19.
La tempête est européenne : à l’Est, le marché chinois a retrouvé des couleurs (+4,4%), tandis qu’à l’Ouest le marché américain s’est légèrement repris (+3,7%).
« Cette chute est la conséquence de la pénurie de semi-conducteurs qui a freiné la production automobile pendant toute l’année, et plus particulièrement au second semestre », a expliqué dans un communiqué l’association des constructeurs européens (ACEA).
L’année 2021 a notamment été marquée en Europe par la chute de l’Allemagne, son premier marché, qui enregistre une des plus fortes baisses avec un plongeon de 10,1 % sur un an et 2,6 millions de véhicules écoulés.
Après une année 2020 marquée par les fermetures d’usine et les restrictions sanitaires, le secteur automobile allemand avait connu une reprise soutenue début 2021. Mais le marché a rapidement fait face à des goulots d’étranglement sur les marchés mondiaux : les pénuries de puces électroniques, indispensables à l’assemblage des voitures, et les problèmes de logistique ont douché les espoirs de reprise durable.
La Belgique, les Pays-Bas et le Danemark, affichent également de fortes baisses. La France est restée stable (+0,5 %), mais au plus bas, avec 1,66 million d’unités écoulées en 2021, soit un niveau proche de 1975.
L’Espagne, qui avait été un des pays les plus durement touchés en 2020, reste au plus bas (+1 %). L’Italie, durement touchée aussi en 2020, affiche une légère reprise en 2021 (+5,5 %).
Encore en 2022
Les constructeurs leaders du marché accusent le coup : le n°1 Volkswagen recule de 4,8% avec 2,4 millions de voitures vendues. La marque principale du groupe recule de 6,7%, Skoda de 9,8% et Audi de 3,3%, tandis que Porsche et Seat rebondissent.
« Le constructeur a essayé de pousser son offre électrique en lançant plusieurs nouveaux modèles, mais la demande pour les électriques ne compense pas la baisse d’intérêt des acheteurs pour les segments traditionnels », a commenté le cabinet Jato Dynamics sur son blogue.
Pour le cabinet Inovev, il se pourrait aussi « que la forte augmentation du prix moyen des voitures ainsi qu’un attentisme des clients vis-à-vis du véhicule électrique freine les achats et incite les clients potentiels à conserver leur véhicule plus longtemps ».
Stellantis recule de 2,1 % sur un an avec 2,1 millions d’exemplaires vendus: le groupe limite la baisse sur ses marques principales Peugeot, Fiat et Citroën, et enregistre de bonnes ventes chez Jeep.
Le groupe Renault chute de 10,2 % malgré les bons scores de sa marque économique Dacia.
Désormais solidement installée au pied du podium, Hyundai-Kia tire son épingle du jeu (+18,4 %) grâce à sa gamme de voitures électriques et hybrides, notamment des VUS. Toyota bondit aussi de 9,1 %. L’ACEA ne comptabilise pas les ventes de Tesla.
Du côté des prémiums allemands, BMW reste stable (+1,5 %) tandis que Daimler recule (-12,4 %), fortement freinée par la pénurie de puces.
Et la reprise pourrait tarder. « Le début d’année 2022 va encore être difficile en termes d’approvisionnement en puces », a indiqué à l’AFP Alexandre Marian, du cabinet AlixPartners.
« Ça devrait se détendre en milieu d’année, mais ça ne veut pas dire que d’autres problèmes ne vont pas apparaître, sur des sujets liés aux matières premières, à la logistique, ou aux pénuries de main-d’œuvre », a souligné l’expert.