Corridor de sécurité : hausse de 25 % des constats d'infraction
Simon Gamache-Fortin
Le corridor de sécurité lorsqu'un véhicule d'urgence est immobilisé le long d'une route est loin d'être respecté par tous les automobilistes. Selon des données obtenues par TVA Nouvelles, le nombre de constats d’infraction émis pour son non-respect par la Sûreté du Québec a bondi de 25% en 5 ans.
Sur le territoire desservi par le corps policier, 758 amendes pour cette infraction ont été remises en 2017. L’an dernier, ce nombre a augmenté à 947 constats.
Pourtant, la loi sur le corridor de sécurité est en vigueur depuis 10 ans sur toutes les routes du Québec.
« Maintenant, on peut penser que les gens sont informés, de ce règlement-là, savent comment faire le corridor de sécurité. Ils sont peut-être un peu plus enclins à dénoncer lorsqu'ils sont victimes de certains comportements sur le réseau routier », a affirmé le porte-parole de la Sûreté du Québec, Claude Doiron, pour tenter d’expliquer cette hausse du nombre d’amendes.
Sur le terrain, des intervenants d'urgence comme les remorqueurs craignent pour leur sécurité lors d'opérations en bordure du réseau routier.
« On manque de se faire frapper, c'est tellement courant. Depuis cet hiver, j'ai trois hommes qui ont manqué se faire frapper. Les automobilistes ont passé par-dessus les cônes », a expliqué le propriétaire de Remorquage Provincial Jacques D'Anjou, Tony D'Anjou.
Les ambulanciers sont aussi confrontés à des situations dangereuses de la part d’automobilistes qui ne respectent pas la mesure.
« Sur une scène d’accident, on a besoin de beaucoup d’espace pour travailler; on a les civières, on a la manipulation du matériel ambulancier, les pompiers avec les pinces de désincarcération. C’est plusieurs mètres de distance qu’un automobiliste doit avoir », a ajouté le vice-président à la Fédération des employés du préhospitalier du Québec, Jérémie Landry.
Afin de respecter le couloir de sécurité, les automobilistes doivent « ralentir, s'éloigner le plus possible du véhicule pour protéger cette personne, donc ça peut être une personne qui travaille au niveau des urgences, mais ça peut être des gens de surveillance, ça peut être une dépanneuse », a illustré le porte-parole de la SAAQ, Mario Vaillancourt.
Les contrevenants s'exposent à des amendes entre 200 $ et 300 $ et à quatre points d'inaptitude.
De nombreuses campagnes de sensibilisation ont été mises de l'avant depuis l'instauration de la mesure en 2012, mais les premiers répondants sur le terrain croient qu'il faut en faire plus.
« C’est de sensibiliser de plus en plus. Des vies humaines, ça se fauche. Nous, ce que l’on veut comme intervenant de santé, c’est de travailler sécuritairement », a plaidé Jérémie Landry.
« Ralentissez, donnez-nous une chance. On est là, on ne veut pas se faire tuer. On manque de faire frapper tout le temps », a renchéri le remorqueur Tony D’Anjou.