Mitsubishi RVR - Archaïsme chronique
Il fut un temps ou Mitsubishi était une marque cool en Amérique du Nord. Avec des modèles comme la 3000GT, la Lancer Evolution et l’Eclipse, pour ne nommer que ceux-ci, le constructeur accumulait les chevaux, records de piste et admirateurs ici et ailleurs. Hélas, les vestiges de cet héritage semblent morts et enterrés, avec un tristounet catalogue canadien presque entièrement peuplé de VUS - si l’on exclut la petite Mirage, dont l’avenir est incertain comme toutes les autres voitures de son espèce. Mitsubishi ne pouvait rien face à l’engouement pour les VUS. Par contre, le constructeur a jusqu'à aujourd'hui échoué à transférer le talent et le caractère qui jadis ensorcelaient ses voitures à l’époque ou la marque présentait une image puissante et redoutée.
La génération actuelle du RVR, le VUS sous-compact de la marque, a plus d’une décennie à son actif. Et dans le segment où il œuvre, il se fait « brasser » pas à peu près. Même s’il a mérité quelques changements comme un bouclier avant aux airs plus audacieux, il ne fait pas peur à ses rivaux qui deviennent plus puissants, plus technologiques et plus modernes.
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Du bon, mais plus de mauvais
Monter dans le RVR est non seulement un retour vers le passé en soi, mais cet habitacle n’était déjà pas impressionnant lors de sa conception il y a dix ans. La majorité des rivaux ont depuis longtemps adopté des textures et matériaux plus raffinés, tandis que le RVR offre plutôt le strict nécessaire. Quoique fonctionnel et équipé de certaines technologies désirables comme les suites Apple CarPlay et Android Auto sur toutes les variantes, l’interface du système d’infodivertissement s’apparente à celle d’un jeu vidéo du début du millénaire avec la résolution pixellisée et les graphiques rétro qui viennent avec. Une fois sur l’autoroute, c’est la trame sonore du vent qui prend le dessus dans cet habitacle piètrement insonorisé...
Sur le plan de la conduite, le duo mécanique qui loge sous le capot du RVR est composé d’un quatre cylindres de 2 litres qui développe 148 chevaux et d’un quatre cylindres de 2,4 litres de 168 chevaux, lequel est réservé aux versions plus cossues. Bien que la réponse lorsque l’on enfonce l’accélérateur soit réactive et satisfaisante, la cavalerie s’essouffle rapidement dans les deux cas et la transmission à variation continue est d’une élasticité décevante. De plus, la consommation qui vient avec ces groupes motopropulseurs est supérieure à celle d’une bonne partie des rivaux.
Côté maniabilité, c’est le strict minimum avec un effet de roulis plutôt prononcé dans les virages, le RVR donne l’impression d’être plus haut qu’il ne l’est en réalité. Cette maniabilité est en quelque sorte sauvée par la traction intégrale S-AWC de Mitsubishi qui contrôle les quatre roues avec brio.
Cette composante, qui s’avère être une qualité non négligeable du RVR, est redoutée pour sa précision et sa robustesse lorsque les conditions routières se gâtent. L’une des particularités de ce rouage est qu’il peut être activé ou désactivé à la pression d’un bouton, permettant ainsi de rouler en mode roues motrices avant, quatre roues motrices permanent ou en mode automatique, là où le rouage intégral s’active selon les conditions.
Une bonne garantie pour se consoler
Contrairement à certains produits dans le segment, anciens comme nouveaux, votre RVR sera encore sur la route en une pièce dans 10 ans. Son coût d’entretien restera minime tout au long de cette décennie et les bris seront rares. C’est le point positif majeur d’une vieille mécanique éprouvée. Celle-ci a fait ses preuves et a gagné ses lettres de noblesse sur le plan de la fiabilité, le constructeur n’a donc pas à craindre de lui donner une garantie de 10 ans ou 160 000 kilomètres. Pour le reste du véhicule, il est couvert pour 5 ans ou 100 000 kilomètres. Si la tranquillité d’esprit est, pour vous, plus importante que la tranquillité dans l’habitacle, le RVR mérite une place sur votre liste d’achats potentiels. D’autant plus que le véhicule conserve une bonne valeur sur le marché de l’occasion.
À l’école, il était rare de qualifier les retardataires comme étant des élèves fiables. Or, c’est le cas du RVR. Son plus gros handicap est son caractère vétuste (sur presque tous les plans), ce qui le désavantage fortement dans un segment où les choix pullulent. Mais on peut toujours compter sur son rouage intégral compétent, peu importe les conditions routières, sa robustesse ainsi que sur sa garantie qui est pratiquement imbattable. Au bout du compte, la sagesse et l'expérience sont les doux fruits de la vieillesse, comme le veut l’adage.
Feu vert
- Rouage intégral efficace
- Bonne fiabilité
- Longue garantie du constructeur
Feu rouge
- Habitacle bruyant et vétuste
- Consommation élevée
- Technologie dépassée