Une prime d'assurance salée pour votre voiture électrique
Les publicités d’assureurs automobiles m’ont toujours fascinée. Parce qu’elles nous font miroiter des rabais basés sur un prix inconnu et parce que lorsqu’il est question de véhicules électriques, on vous octroie systématiquement 10% de rabais.
Je l’avoue, je ne prends que rarement le temps de magasiner mes assurances. Sans doute par paresse, mais aussi parce que le temps qu’il faut accorder à ce magasinage est considérable. Cela dit, en me procurant l’automne dernier mon premier véhicule électrique, j’ai eu un choc. Parce que la prime pour cette Chevrolet Bolt EV de 29 000 $ (crédits gouvernementaux inclus) était pratiquement deux fois plus élevées que pour celle de ma camionnette Silverado, dont la valeur est plus du double.
- À lire aussi: Votre assurance couvre-t-elle votre bris de pare-brise?
- À lire aussi: Garantie et assurance : à quoi s’attendre avec un véhicule électrique?
Pour moi, il s’agissait donc d’un non-sens, considérant que le risque de vol est plus grand et qu’il est clair à mon esprit qu’un Silverado est certainement plus enclin à subir des sinistres, de par la nature du véhicule.
Chez les trois assureurs chez qui j’ai fait faire des soumissions, on me répondait vaguement qu’il s’agissait de calculs d’actuaires, basés sur les données obtenues. Bref, on ne savait trop quoi me répondre. Pour en avoir le cœur net, mon collègue Germain Goyer et moi-même avons eu l’idée de nous adresser à quelqu’un de neutre dans l’industrie de l’assurance, capable de répondre plus efficacement à ces questions. Le nom de Louis Cyr (courtier d’assurance connu dans les médias) nous est rapidement venu en tête.
En lui exposant mon cas ainsi que celui de plus internautes qui nous écrivent sur le sujet, il a rapidement évoqué quatre grandes raisons pour lesquelles les voitures électriques coûtent très cher à assurer, admettant d’entrée de jeu que le fameux 10% de rabais souvent publicisé tient du n’importe quoi.
D’abord, il a évoqué la complexité pour un assureur de pouvoir honorer ses obligations suite à un sinistre, considérant la grande rareté des véhicules électriques sur le marché. Essentiellement, s’il faut un an, parfois deux, pour mettre la main sur une telle voiture à l’état neuf. Et il est impossible pour un assureur de remplacer ladite voiture dans un délai plus court. Il en va de même pour la disponibilité des pièces, très problématique. Conséquemment, l’assureur doit souvent fournir un véhicule de remplacement pour une plus longue période, idéalement électrique, sans quoi il doit compenser les coûts d’utilisation en essence.
Le deuxième point concerne le coût des pièces, généralement plus élevé que pour une voiture à essence. Sur ce point, il est clair que Tesla vient jouer un rôle déterminant, les coûts des pièces étant à la fois astronomiques, sans compter le fait qu’il fluctue en fonction de la demande. Cela dit, même sur une voiture électrique d’entrée de gamme, la technologie s’y trouvant et donc le coût nécessaire aux réparations sont plus élevés.
Monsieur Cyr a ensuite évoqué le risque relié à la conduite semi-autonome, voire entièrement autonome (Tesla). Certes, plusieurs véhicules à essence sont aussi dotés de ces technologies, mais on les retrouve particulièrement sur les VÉ. Cette raison est invoquée en raison de la responsabilité de l’assureur, qui doit tout de même régler le sinistre, mais si le conducteur n’est pas fautif. Autrement dit, si l’accident est causé par une défaillance de la technologie et non pas en raison d’une erreur humaine, le conducteur et donc l’assureur demeurent néanmoins responsables.
Finalement, il a été question du risque d’incendie lié à la voiture électrique. Non pas nécessairement parce que les voitures électriques brûlent en plus grand nombre, mais parce que lorsqu’il y a incendie, les coûts de décontamination du site sont démesurément plus élevés qu’avec une voiture à essence. Une ville ou une entreprise, pourraient ainsi exiger à l’assureur de défrayer la décontamination d’un environnement où la batterie au lithium aurait brûlé, émanant des éléments extrêmement toxiques.
Morale de l’histoire, avant de magasiner une voiture électrique, vaut mieux prendre le temps de vérifier avec l’assureur qu’elle en sera la prime, et prendre le temps de magasiner. Vous pourriez comme moi faire le saut et réaliser qu’une partie du coût du carburant économisé chaque mois se retrouvera dans les poches de quelqu’un d’autre.