Ford Maverick - Le fantôme de l'année

De façon unanime, l’équipe du Guide de l’auto avait l’an dernier décerné le titre de camion de l’année au Maverick. Et pour cause, ce concept nouveau ciblait parfaitement les acheteurs nord-américains avec, de surcroît, une motorisation hybride qui ne pouvait pas mieux tomber. Malheureusement, Ford a rapidement ralenti les ardeurs des nombreux acheteurs intéressés à faire son acquisition en freinant la production des modèles hybrides. Mettre la main sur une telle version allait donc devenir pratiquement impossible, les raisons évoquées par Ford demeurant évidemment vagues.

Pourtant, lors d’un récent périple en Californie, les Maverick (incluant les hybrides) inondaient pratiquement le paysage automobile. Au point où l'on ne les remarquait même plus. Est-ce que le constructeur aurait joué de favoritisme? Poser la question, c’est y répondre. Maintenant, bien que l’on puisse condamner sa mise en marché tout comme son accessibilité, il demeure un produit on ne peut plus pertinent.

Le bon format

Avec le temps, les camionnettes compactes sont toutes devenues des intermédiaires. L’exemple le plus évident est celui du Ranger, aujourd’hui beaucoup plus imposante que par le passé. Or, le Maverick nous ramène à l’époque du bon vieux Ranger en termes de dimensions, étant même plus courte d’environ 100 mm par rapport au modèle 2011. Remarquez, l’approche de ce modèle est aujourd’hui bien distincte puisqu’il utilise un châssis monocoque, notamment partagé avec les Escape et Bronco Sport.

Le Maverick exploite aussi certaines des mécaniques de ces modèles. D’abord, une motorisation hybride combinant un quatre cylindres de 2,5 litres et un moteur électrique avec une boîte automatique à variation continue, pour une consommation moyenne d’à peine 6 L/100 km. Il s’agit d’un véritable tour de force puisqu'ainsi équipée, le Maverick peut remorquer des charges atteignant 2 000 lb! Hélas, pas de possibilité avec cette version d’obtenir le rouage intégral, bien que sur le plan technique, cela soit possible. On ne le réserve qu’à l’autre motorisation, un 4 cylindres turbocompressé de 2 litres produisant 250 chevaux et permettant d’obtenir des performances franchement surprenantes. Dans ce contexte, ne soyez cependant pas étonné de voir la consommation grimper d’environ 3L/100 km. Voilà le prix à payer pour gagner en performances, pour obtenir les quatre roues motrices ainsi qu’une capacité de remorquage doublée.

Le Maverick se conduit comme une voiture ou un petit VUS. Il est maniable, agile et même amusant. Au demeurant, il est plus confortable que certains intermédiaires, dotés de châssis à échelle et d’un pont arrière rigide. D’ailleurs, seul le Maverick à rouage intégral reçoit une suspension arrière indépendante, contribuant à une meilleure tenue de route. Les rumeurs (que Ford ne confirme pas pour le moment) font même état d’une version haute performance ST, qui pourrait voir le jour dès 2023. Celle-ci s’équiperait du 4 cylindres turbocompressé de 2,3 litres, tiré dans le Lincoln Corsair.

Cela dit, pour quiconque n’a jamais conduit une camionnette par le passé, la Maverick ne peut vous dépayser. Naturellement, ne vous attendez pas à un véhicule très luxueux à bord. Certes, on vous servira l’essentiel, mais dans une présentation plus utilitaire. En montant en gamme, vous pourrez néanmoins bénéficier d’une sellerie de cuir synthétique, d’une chaîne audio Bang & Olufsen, de tous les accessoires chauffants et d’un régulateur de vitesse adaptatif de surcroît. Puis, parce que Ford est un expert du monde de la camionnette, on a aussi pris soin de développer d’innombrables accessoires permettant de mieux exploiter la caisse : un plateau d’une longueur de 48 pouces où se trouvent crochets d’ancrage multiples, fiches électriques et éclairage à DEL.

La nouvelle Fiesta?

Avec l’abandon du Ford EcoSport, le Maverick devient le véhicule le moins cher proposé par Ford. La facture a grimpé de 2 000 $ après quelques mois à peine, mais le prux demeure extrêmement alléchant. Lors de son arrivée, on publicisait d’ailleurs le véhicule à partir de 19 995 $ chez nos voisins américains qui, vous vous en doutez, se le sont arraché. L’idée de Ford d’offrir une camionnette comme modèle d’entrée de gamme tient donc du génie, dans la mesure où il est facile de vendre un tel produit beaucoup plus cher qu’une Fiesta ou une Focus, sans que les coûts de développement et de fabrication soient plus élevés.

Et puis, parce que le véhicule exploite des bases connues, les risques de rappels ou de problèmes de fiabilité, comme ce fut le cas avec les Bronco et Mustang Mach-E, sont nettement moindres. Ne suffit donc à Ford que de considérer plus sérieusement sa clientèle et de rendre disponible son produit aux acheteurs canadiens pour que le Maverick connaisse le succès qu’il mérite.

Feu vert

• Le bon produit au bon moment
• Très faible consommation (hybride)
• Comportement routier étonnant
• Prix de base attrayant

Feu rouge

• Disponibilité ridicule
• Pas de rouage intégral avec l’hybride
• Présentation un brin austère