Build Your Dreams : sérieuse menace chinoise

Publié le 10 novembre 2023 dans Blogue par Antoine Joubert

De passage il y a deux semaines au Japan Mobility Show, j’ai été impressionné par ce nouvel engouement qu’ont les Japonais pour l’automobile de passion. Pour les autos sport, les jolis designs et la performance, présentés par l’entremise d’un salon certainement plus grandiose que celui tenu en 2019 (la précédente édition). Évidemment,  tous les constructeurs nippons étaient présents, incluant Sony et sa berline Afeela. S’ajoutaient à ceux-ci BMW et Mercedes-Benz, de même qu’un petit kiosque Renault constitué de trois voitures.

Toutefois, le constructeur qui en a véritablement mis plein la vue fut BYD (Built Your Dream). Une gigantesque société chinoise produisant aujourd’hui plus d’une dizaine de modèles tous très sérieux, et qui, hormis le contexte actuel, pourrait connaître un succès monstre chez nous. Par « contexte », j’entends la difficulté de commercialiser des véhicules chinois aux États-Unis, conséquence d’une colossale taxe douanière découlant d’une guerre commerciale entre ces deux pays. Or, BYD cogne toujours à la porte de ce lucratif marché, illustrant même sur son site web une section dédiée au marché américain, dans l’éventualité où tout cela serait possible. Et vous aurez compris que si les Américains accueillent cette marque, elle finirait aussi par franchir nos frontières.

Pour l’instant, BYD commercialise déjà différents  modèles aux quatre coins du globe. En Amérique du Sud, en Europe, en Afrique et bien sûr en Asie, où il propose une gamme de modèles 100% électriques, allant d’une sous-compacte jusqu’à un grand VUS, façon Range Rover. Le Japan Mobility Show aura d’ailleurs été l’hôte de plusieurs nouveautés signées BYD, incluant une élégante berline baptisée Seal, qui donnerait la réplique aux Tesla Model 3 et Hyundai Ioniq 6. Sa batterie de 82,5 kWh, permet une autonomie (normes WLTP) de 570 km. Cela signifierait ainsi environ 475 km d’autonomie réelle, selon nos normes.

Photo: Antoine Joubert

Chez nous, des véhicules comme les VUS Song et ATTO 3 de format compact connaîtraient sans doute un immense succès. Parce que les gens sont friands de ce genre de produits, mais aussi parce que l’on suppose  que les prix seraient fort compétitifs. Et ce serait pareil pour la petite BYD Dolphin, sous-compacte d’entrée de gamme qui s’avérerait une citadine de choix dans un marché où l’offre pour ce genre de modèles est très faible. Quant au grand VUS U8, également présenté au Japan Mobility Show, il serait sans doute pionnier de ce segment, où ne se trouvent pour l’heure qu’un Rivian R1S et un GMC Hummer SUV.

Naturellement, tout cela n’est qu’hypothétique, dans la mesure où la commercialisation d’une nouvelle marque de véhicules électriques - qui plus est, d’origine chinoise - serait financièrement viable. Un contexte impossible sans une commercialisation d’abord américaine, mais qui, le cas échéant, constituerait une sérieuse menace aux marques forcées de percer le marché de l’électrification. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles sont actuellement sur les freins, ralentissant la cadence et repoussant les dates d’arrivée de futurs modèles. Remarquez, les choses sont bien différentes pour les manufacturiers qui fabriquent exclusivement des véhicules électriques, puisque le plan d’affaires de ces derniers n’a jamais été celui des modèles à essence.

Photo: Antoine Joubert

Achèteriez-vous chinois?

De nombreuses personnes le font déjà, sans même le savoir. En se procurant notamment un Buick Envision (développé et assemblé en Chine), ou encore des Volvo et Polestar. Certes, l’emblème n’est pas chinois, mais les produits le sont. Et la qualité y est. Parce que la Chine fabriquera la qualité pour laquelle la clientèle est prête à débourser. Et d’après l’observation faite des produits BYD, tout laisse croire que leur qualité est comparable à celle d’une Chevrolet Bolt ou d’un Volkswagen ID.4.

N’oublions pas qu’à une certaine époque, les produits japonais étaient synonymes de « bon marché ». Une image qui colle à la peau de l’industrie chinoise, parce que des entreprises comme Ardène et Dollarama importent du consommer-jeter de bas de gamme... Or, la Chine a le pouvoir de pénétrer le marché avec une fougue encore plus virulente que celles des Japonais et Coréens, en se fichant éperdument des normes industrielles nord-américaines et sans devoir composer avec le poids de syndicats que subissent actuellement les Trois Grands (qui pourraient l’être de moins en moins).

Gardez ainsi l’œil ouvert, parce que BYD pourrait être l’une des prochaines marques à débarquer chez nous, pendant que Ford, GM et Stellantis s’évertuent à ralentir leur virage vers l’électrification.

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