Une dégringolade pour l'électrique ?
Dans les dernières semaines, diverses nouvelles concernant la production des véhicules électriques ont fait réfléchir. Pensez à l’abandon d’un quart de travail pour la fabrication du Ford F-150 Lightning, au report de l’arrivée des camionnettes GM électriques vers la fin de 2025, ainsi qu’à celui de plusieurs mois du très attendu Equinox EV.
Sans compter qu’en toute discrétion, Chevrolet a retiré de son catalogue la version 1LT de base de l’Equinox EV, éliminant ainsi la possibilité d’une offre à 37 699 $, comme promise depuis plus d’un an. Également, Honda et GM ont renoncé à la fabrication d’un véhicule électrique de petit format, dont les ventes devaient débuter en 2027.
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Pendant ce temps, nous avons appris à l’inverse que Dodge s’apprêtait finalement à lancer une nouvelle Charger à essence, alors qu’il nous avait fait miroiter que le modèle de prochaine génération ne serait qu’électrique... Quant au Ram Revolution, aucun son de cloche depuis plusieurs mois, laissant croire que son arrivée prévue pour 2025 pourrait elle aussi être retardée.
Si telle est la situation, c’est parce que les véhicules électriques commencent tranquillement à amasser la poussière dans la cour des concessionnaires. Et pas seulement au Texas, où le litre d’essence est vendu à 0,77 USD (1,06 CAD). Même chez nous, les véhicules électriques commencent à donner de sérieux maux de tête aux concessionnaires. Du moins, dès que la subvention gouvernementale n’y est pas.
Certes, avec un généreux crédit de 12 000 $, les consommateurs québécois ont encore beaucoup d’intérêt pour des véhicules comme le Hyundai Ioniq 5, le Volkswagen ID.4 et même, pour le Vinfast VF8, fraîchement débarqué. Et cela est encore plus vrai lorsqu’il est question des Chevrolet Bolt, Hyundai Kona, Kia Niro et Nissan Leaf, dont le coût de revient est fort alléchant. Maintenant, retirez les crédits applicables et vous verrez immédiatement la clientèle s’enfuir.
À preuve, la Chevrolet Bolt bénéficiant chez nous de 12 000 $ de crédit se vend quatre fois plus que sur le marché de l’Ontario, pourtant deux fois plus vaste, où la Bolt n’a droit qu’au crédit fédéral de 5 000 $. Alors, imaginez ce qu’il en serait si aucun crédit ne s’appliquait? Qui plus est, imaginez un monde où l’essence coûte de 35 à 40% moins cher et où l’électricité est jusqu’à 4,3 fois plus élevée que chez nous.
Voilà ce qui se passe actuellement dans plusieurs États américains, où les crédits pour véhicules électriques fabriqués à l’extérieur du pays ne s’appliquent pas. Des cours remplies à craquer de Kia EV6, invendables, alors que Hyundai USA propose des taux à 0,99% sur la toute nouvelle Ioniq 6. Et puis, inutile de vous dire que le Mazda MX-30 EV, avec ses 100 miles d’autonomie, est disparu de la carte aussi vite qu’il est arrivé!
Pendant ce temps, le Québec s’entête à vouloir multiplier les immatriculations vertes. Jusqu’à autoriser plusieurs crédits de 12 000 $ en une seule année, pour un même individu. En autant bien sûr, que ces voitures demeurent en sol québécois. On souhaite à tout prix prouver au monde entier que le Québec est un fer de lance de l'électrification, même si cela coûte une fortune collectivement. Au nom de l’environnement ? Certes, mais aussi dans l’optique d’un futur contrôle de l’énergie...
Cela dit, il faut avoir de véritables lunettes roses pour penser que le Québec aura suffisamment de poids pour freiner les efforts de résistance des constructeurs automobiles, qui souhaitent visiblement diminuer leurs objectifs en matière d’électrification de leur parc automobile. Du moins, à court terme. Évidemment, l’objectif de la Belle Province demeure noble et nécessaire pour la diminution des gaz à effet de serre.
Mais faudrait-il revoir la stratégie? Réaliser que le marché nord-américain diffère à ce point du nôtre et conséquemment réévaluer notre façon de travailler. Cela ne signifie pas de reculer. Mais en demeurant ferme et sans écoute, Québec risque de se faire des ennemis. Cela pourrait aller jusqu’au retrait de certaines marques sur le marché québécois, ce dernier ne représentant que 2,5% du marché nord-américain, et moins de 1,5% pour certaines marques.
Il sera donc intéressant de suivre l’évolution de cette situation qui change rapidement, et qui force les constructeurs à revoir leur stratégie. Je me permets toutefois une prédiction : Toyota pourrait, au cours des prochaines années, s’en sortir gagnant. Avec une stratégie axée sur la technologie hybride qui a fait ses preuves et qui permet de rouler qu’avec un minimum de carburant, cette marque pourrait plus que jamais se trouver sur son X.