« Mononcle » Jacques Villeneuve à Vegas en « bazou de fond de cour »
Par François-David Rouleau
LAS VEGAS | Au bout du fil, à Saint-Cuthbert, le débit de Jacques Villeneuve sénior, amicalement surnommé « Mononcle Jacques », est aussi rapide qu’une formule 1. Il raconte ses épopées sur les pistes de course, tant en monoplace qu’en motoneige. Et bien que sa mémoire puisse lui faire un brin défaut sur une course disputée dans le désert à l’automne 1981, il se souvient de l’épreuve à Las Vegas. « Je chauffais un maudit bazou de fond de cour. Un maudit cossin. Une vraie poubelle. »
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Le bazou ou le cossin en question, c’était une Arrows-Ford du championnat de 1980. L’écurie britannique qui alignait l’Italien Riccardo Patrese avait récolté 11 points cette saison-là en terminant au 7e rang parmi les 11 équipes.
L’année suivante, pour le Grand Prix inaugural à Vegas, Villeneuve était au volant du troisième « char ». Malgré toute sa bonne volonté et son désir de rouler à fond de train tout en surveillant l’usure de ses pneus, son « bazou », comme il aime l’appeler, n’avançait tout simplement pas.
Si bien, qu’il n’a même jamais réussi à se qualifier pour l’épreuve.
« C’était impossible avec ce char-là. Il était déjà dans les derniers l’année d’avant. Je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas l’amener du fond de la grille à l’avant. »
Villeneuve, frère de Gilles, conserve tout de même de bons souvenirs de cette expérience qui fut l’un de ses trois tours de roue en F1.
Tracé 1981 et 1982
Sans même lui avoir donné d’indice, il s’est souvenu du tracé loufoque sur une parcelle de terre exiguë près de la Strip.
« On tournait dans un parking flat. C’était quand même l’fun, car je n’étais pas un maniaque des circuits ovales même si j’ai beaucoup tourné sur ce type de circuit dans ma carrière. J’ai apprécié les circuits urbains. »
Dans les éditions 1981 et 1982 du Grand Prix de Las Vegas, les mauvaises langues disaient que le propriétaire du Caesars Palace s’était acheté une course. Il y a du vrai. L’épreuve était disputée sur un circuit temporaire aménagé dans le stationnement à l’arrière du complexe hôtelier. Le tracé ressemblait étrangement à celui du personnage de Pac-Man sur les arcades de l’époque.
Aujourd’hui, ce même espace est occupé par le Forum Shops et le Collosseum. L’hôtel The Mirage y est aussi érigé.
Villeneuve se souvient qu’il était hébergé, comme tous ses collègues, au Caesars. Mais le fou des bolides en lui ne voulait rien savoir des jeux de hasard.
« Comme partout où allait la F1, c’était un happening. On a bien vu tout l’argent roulé dans le casino. Mais je me foutais de ce qui se passait à l’extérieur de la piste et des garages. On m’avait donné un char et je m’en occupais. Tout l’entertainment, ça ne m’intéressait pas », a raconté l’homme de 70 ans.
Et le championnat 2023, intéressant?
Avance rapide de quatre décennies avec le retour de la F1 à Vegas. Cette épreuve qui s’annonce haute en couleur ramènera-t-elle des souvenirs à l’Oncle Jacques?
« Max (Verstappen) qui gagne partout, ça ne m’intéresse pas. Max, ce n’est pas un tata, mais il conduit un maudit bon bazou », a-t-il analysé en riant au bout d’une généreuse discussion de 45 minutes.
« C’est rendu ça la F1. Si t’as pas le bazou, t’es dans la merde. Avant, le chauffeur faisait une grosse différence. »
Entre les lignes, cela signifie que Villeneuve est plus ou moins intéressé à la discipline. Du moins, en direct. Que ce soit au Brésil, à Singapour, à Abu Dhabi ou même à Vegas.
En différé, il y jette un coup d’œil en observant les bagarres dans le peloton, les accidents et les dépassements. Il apprécie davantage le « spectacle ».
Avec ce que les organisateurs promettent à Vegas, « Mononcle Jacques » pourrait être bien servi devant son téléviseur.
2 PREMIÈRES ÉDITIONS DU GP DE LAS VEGAS
- Caesars Palace
- Circuit urbain aménagé dans le stationnement de l’établissement
- 3,6 kilomètres
- 14 virages
Podium 1981
- Alan Jones (Williams)
- Alain Prost (Renault)
- Bruno Giacomelli (Alfa Romeo)
►Pole position | Carlos Reutemann (Williams)
► Gilles Villeneuve disqualifié
Podium 1982
- Michele Alboreto (Tyrrell)
- John Watson (McLaren)
- Eddie Cheever (Ligier)
► Pole position | Alain Prost (Renault)