Volte-face chez GM
Mary Barra, présidente de General Motors, vantait dernièrement l’intérêt d’un retour de la technologie hybride rechargeable au sein des différentes divisions du constructeur. Une technologie jadis offerte et développée à grands frais, mais abandonnée après moins d’une décennie, parce la tant attendue Chevrolet Volt débarquée en 2011 n’a finalement pas été aussi populaire que prévu. Et que dire de la Cadillac ELR, lamentable échec commercial de la division de luxe de GM, laquelle n’aura été commercialisée au compte-goutte que pendant trois ans.
Or, avec les objectifs environnementaux de plus en plus sévères forçant les fabricants à se diriger vers l’électrification, et dans le contexte où plusieurs Nord-Américains sont encore réfractaires à cette technologie, le retour vers l’hybride rechargeable pourrait constituer une avenue intéressante. C’est du moins ce qu’évoque Mme Barra, à qui on doit également le retour prochain de la Chevrolet Bolt, laquelle avait pourtant été condamnée.
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En ramenant une technologie hybride rechargeable, on pourrait ainsi atteindre plus facilement les objectifs de véhicules zéro émission qu’en ne se focalisant pas uniquement sur les véhicules tout électriques. C’est qu’en fait, bien qu’un hybride rechargeable soit doté d’un moteur à combustion, il est qualifié d’électrique puisqu’il est capable de circuler sans dépendance au pétrole.
La Chevrolet Volt, capable de rouler près de 80 kilomètres sans carburant, avait fait énormément jaser lors de l’annonce de son retrait, les Québécois s’en étant amouraché. Hélas, ce n’était guère le cas des Américains, qui appréciaient sa technologie mais qui auraient souhaité la voir à bord d’un VUS ou du moins, d’un véhicule plus volumineux. Puis, parce que la Bolt EV se pointait le bout du nez et que GM croyait alors qu’il serait plus simple de passer directement à l’électrification, c’en était fait pour la Volt et sa jumelle européenne, l’Opel Ampera.
Présentement, le segment des VUS compacts de marques généralistes compte plusieurs hybrides rechargeables, ce qui n’était guère le cas il y a quelques années à peine. Chez les constructeurs américains, pensez au récent Dodge Hornet de même qu’au Ford Escape, tandis que les Japonais vendent les Mitsubishi Outlander PHEV et Toyota RAV4 Prime. La brochette se complète avec le duo coréen Hyundai Tucson/Kia Sportage, des modèles encore une fois très convoités et vendus à fort prix.
Évidemment, le même exercice peut être fait en observant les VUS intermédiaires et les marques de luxe, prouvant ainsi que le marché de l’hybride rechargeable n’est finalement pas que de passage. General Motors, qui dévoilait récemment les nouvelles générations de ses Chevrolet Equinox, Traverse et GMC Acadia, aurait donc tout intérêt à offrir une telle technologie à bord de ce type de modèles, toujours très en vogue.
Il faut aussi considérer qu’à l’heure actuelle, General Motors retarde de plusieurs mois l’arrivée de modèles électriques très attendus, tels les Equinox et Blazer EV, de même que son duo de camionnettes Silverado/Sierra. Le ralentissement des ventes de modèles électriques du côté de chez Ford constitue certainement un frein pour General Motors comme pour Stellantis, chez qui l’ajustement est encore possible.
N’oublions pas non plus que le succès colossal de Tesla à travers la planète, mais surtout en Amérique du Nord, constitue un obstacle insurmontable pour des constructeurs comme General Motors, qui ne peuvent qu’être en réaction face à ce raz-de-marée.
Chose certaine, si plusieurs considèrent la technologie hybride rechargeable comme transitoire, voire dépassée, celle-ci peut constituer le meilleur des deux mondes pour de nombreux consommateurs. Et parce qu’elle pourrait permettre aux constructeurs automobiles traditionnels de poursuivre la production de moteurs à combustion et ainsi d’offrir aux consommateurs une plus grande diversité automobile que Tesla, il se pourrait fort bien que d’autres emboîtent le pas.
Voilà d’ailleurs ce que fait Mazda cette année, avec l’arrivée des CX-70 et CX-90 PHEV, une marque qui doit elle aussi se transformer afin d’atteindre les objectifs fixés par les différents gouvernements en matière d’émissions polluantes.